Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Critiques de l'UE: Les réactions se succèdent

par R. N.

Les membres du Conseil national de concertation pour le développement de la Petite et moyenne entreprise (CNCD-PME) «ont réprouvé la vision d'une Algérie réduite à un simple marché accessible et réservé aux Etats membres de l'Union européenne», ont-ils indiqué dans un communiqué.       

En outre, ils s'étonnent de la «réaction disproportionnée» de la Commissaire européenne du Commerce, Mme Malmström, aux mesures engagées par l'Algérie pour faire face au déséquilibre important de la balance des paiements, et ce, «au moment où nous assistons à la montée du protectionnisme dans les pays qui se réclament les plus libéraux».

Pour le CNDC-PME, «la conjoncture économique tendue (dans l'UE), l'importance de la dette publique des Etats de la zone Euro estimé à 9.588 milliards d'euros, soit 89,2% du PIB total des pays membres, et le taux de chômage des jeunes estimé à 17,7% des jeunes de moins de 25 ans dans la zone euro, semblent être à l'origine des déclarations irritées de la Commissaire européenne du Commerce devant la Commission des affaires économiques et des affaires étrangères de l'Assemblée nationale française».

Soutenant que «l'Algérie est un partenaire économique de l'UE et souhaite le rester», le CNDC-PME fait valoir que «l'Algérie n'a jamais failli à ses engagements avec l'Europe, y compris dans les périodes les plus sombres qu'elle a dû affronter seule».

«Etat souverain, l'Algérie est en droit de créer les conditions de sa transition économique, du développement de son propre tissu industriel et de la maîtrise de son commerce extérieur», note le communiqué.   

Dans ce sens, poursuit-il, les entreprises algériennes «veulent agir avec leurs partenaires économiques européens dans une relation fondée sur la coopération dans un esprit +gagnant-gagnant+». Dans le cadre de la mondialisation, les entreprises algériennes invitent la Commission européenne à «sensibiliser les entreprises des Etats membres à s'inscrire dans une démarche d'investissement et de coproduction avec leurs partenaires algériens» car, ajoute la même source, les entreprises européennes «auront été les premières à tirer profit des dividendes de l'ouverture du marché algérien''.

A ce propos, les membres du CNCD-PME font part de leur «soutien aux mesures temporaires prises par les pouvoirs publics qui impulsent une réelle dynamique de ré-industrialisation du pays, condition nécessaire à l'émergence d'une économie forte et diversifiée».

Pour rappel, le FCE et l'UGTA avaient exprimé mardi dernier leur «préoccupation à la suite de déclarations récurrentes de hauts responsables d'institutions de l'Union européenne sur les mesures engagées par l'Algérie pour faire face au déséquilibre important de la balance des paiements et au déficit budgétaire.         

Dans une déclaration commune, le FCE et l'UGTA avaient noté que ces mesures de protection ne remettent nullement en cause la volonté de l'Algérie de consolider sa coopération économique avec ses partenaires stratégiques dont l'UE fait partie.

De son côté, le vice-président du Conseil national économique et social (CNES), Mustapha Mekideche, avait considéré que la réaction de l'UE à l'égard des mesures prises par l'Algérie pour faire face au déséquilibre de sa balance des paiements est «contradictoire» et «paradoxale».      

A ce propos, il a relevé que cette attitude de l'UE se manifeste alors que des accords importants dans le domaine des hydrocarbures ont été conclus récemment entre l'Algérie et l'Italie, et que des partenariats entre des entreprises européennes et algériennes se sont noués dans le secteur de l'automobile, sans compter la levée des restrictions à l'importation de certains intrants nécessaires à l'économie algérienne.   

Il a, d'ailleurs, constaté une hausse de la facture d'importations SKD et CKD au profit de constructeurs automobiles européens (français et allemands).    

Pourtant, a-t-il poursuivi, les exportations de l'UE vers l'Algérie n'ont pas connu une forte baisse puisqu'elles sont passées de 22 milliards de dollars en 2016 à 20 milliards de dollars en 2017.

Dans ce sillage, M. Mekidèche a aussi regretté «l'asymétrie» persistante sur le plan économique entre l'UE et l'Algérie depuis 2005, date de la signature de l'Accord d'association avec l'UE.         

Pour réduire cette asymétrie, qui est en faveur de l'UE, il a préconisé le développement des activités dans le secteur privé et la concrétisation des investissements au-delà des échanges commerciaux dans lesquels ne devrait pas se limiter la coopération entre l'UE et l'Algérie. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait appelé, lors du forum d'affaires algéro-espagnol tenu en début avril à Alger en présence de son homologue espagnol, Mariano Rajoy Brey, à la «compréhension» des fournisseurs traditionnels de l'Algérie quant aux mesures de sauvegarde commerciales prises par le gouvernement algérien pour rééquilibrer la balance des paiements.    

«Je me dois de vous dire que l'Algérie traverse une période difficile financièrement du fait de la chute des prix des hydrocarbures qui ont gravement affecté sa balance des paiements», avait-il expliqué. Devant cette situation, «le gouvernement, qui a décidé de préserver la dynamique de croissance économique et de développement social et culturel, a pris les mesures qui s'imposaient, notamment des dispositions transitoires de sauvegarde en matière de commerce extérieur», avait soutenu M. Ouyahia qui avait espéré la «compréhension» des fournisseurs traditionnels, et ce, «dans le cadre de la solidarité».