Condamnés en première ins-tance, en 2017, à 10 et 7 ans de prison pour constitution de malfaiteurs et vol qualifié, S. Kacem et B. Yahia ont voulu tenter leur chance devant le tribunal criminel d'appel. Si Yahia a vu sa condamnation réduite à 5 ans, Kacem a écopé de la même peine de 10 ans de prison.

Les 2 accusés ont, par ailleurs, été condamnés à verser la somme de 2 millions de DA à la propriétaire d'un Peugeot Partner, seule plaignante à avoir introduit, avec son père, un recours sur les 5 victimes présumées des 2 accusés.

Les faits de cette affaire remontent au 17 août 2016, à Bir el-Djir, quand un citoyen, se trouvant dans une boulangerie, a aperçu un homme en train de voler sa Peugeot 208. L'homme qui a commis la faute suprême de laisser son véhicule moteur allumé, se lance à la poursuite de sa voiture et, ce faisant, tombe sur une patrouille de police qu'il appelle à son secours. Celle-ci réagit, rapidement, en prenant le voleur en chasse et l'arrête quelques centaines de mètres plus loin. Il s'agit de S. Kacem, homme de 38 ans, vivant à Aïn El Beïda, avec sa femme et ses 2 enfants. Interrogé, le suspect ne peut nier les faits et l'enquête diligentée à partir de son dossier démontre, selon l'acte d'accusation, qu'il est impliqué dans le vol de 4 autres voitures dont 3 auraient été revendues à un certain Soheib, originaire de Batna, et 2 autres suspects de Relizane. La police qui soupçonne, fortement, un réseau de vol de véhicules ne parvient pas à identifier ces complices présumés, à l'exception de B. Yahia, 35 ans, voisin de Kacem, dont la mission était de conduire une Clio Campus, de location, que les deux hommes utilisaient pour explorer la wilaya d'Oran à la recherche d'opportunités intéressantes. C'est ainsi que Kacem sera reconnu par deux autres victimes présumées : le père de la propriétaire d'un Peugeot Partner et le mari de la propriétaire d'une BMW. Celui-ci raconte même s'être accroché à la voiture allemande sur quelques centaines de mètres tandis que l'accusé tentait de lui faire lâcher prise par de périlleuses manœuvres. Lors du procès, en appel, qui s'est tenu ce mercredi, Kacem a reconnu la tentative de vol de la 208, au cours de laquelle il avait été arrêté, et celui du Partner qui avait été filmé par la caméra de surveillance d'un voisin des victimes. Il a, toutefois, refusé d'admettre une quelconque implication dans le vol des trois autres véhicules comme il a tenté d'innocenter Yahia. Lequel Yahia a nié l'ensemble des charges retenues contre lui, en expliquant que ses liens avec Kacem se limitaient à lui servir de chauffeur ainsi qu'à sa femme qui était malade, contre 500 à 600 DA le déplacement : «J'ignorais que la Clio Campus avait été louée et que Kacem volait des voitures», a-t-il juré. Après la plaidoirie de la partie civile qui avait affirmé que les faits étaient établis et souligné l'important préjudice moral et matériel subi par ses clients, le représentant du ministère public a regretté que le parquet n'ait pas fait appel, ce qui lui aurait permis de requérir l'aggravation de la peine, contre les accusés. Accusés qui, pour lui, avaient, effectivement, constitué une association de malfaiteurs et prémédité le vol des voitures. Se basant sur le flagrant délit, les aveux faits par Kacem, lors de l'enquête préliminaire et son identification par les victimes, le substitut du procureur se contentera de requérir la confirmation de la peine infligée, en première instance. Intervenant en premier, l'avocat de B. Yahia réclamera l'acquittement de son client qu'aucune preuve matérielle n'incrimine : «Il n'était pas sur les lieux de l'arrestation de Kacem, il ne figure pas sur les captures d'écran de la caméra de surveillance et il ignorait que son voisin volait des voiture», dira-t-il en rappelant que même l'accusé principal l'innocente. Quant à l'avocate de S. Kacem, elle tentera de mettre en doute les témoignages des victimes, dont la description auprès de la police ne correspond pas à son client, et annoncera que d'autres suspects ont été arrêtés, dans le cadre du vol des trois autres voitures dont la police veut faire endosser la responsabilité à son client : «Ces personnes-là seront jugées prochainement», affirmera-t-elle, en demandant au tribunal d'acquitter Kacem du chef d'accusation de constitution de malfaiteurs et de lui accorder les circonstances atténuantes pour le reste. Après délibérations, Kacem sera condamné à 10 ans de prison assorti d'une amende de 100 millions de centimes et son complice à 5 ans et 500.000 DA. Ils devront également verser 200 millions de centimes, en contrepartie du Partner volé et 200.000 DA, au titre de dédommagement.