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Skikda: Chirurgiens généralistes, directeur de la santé, l'imbroglio

par A. Boudrouma

Dans une conférence de presse tenue au niveau de l'établissement hospitalier Abderrezak Bouhara de Skikda, mardi dernier, les chirurgiens généralistes ont réitéré leur refus de se soumettre à la décision du directeur de la santé publique leur imposant de pratiquer des césariennes, jugeant qu'il s'agit d'un acte qui sort du cadre de leur compétence. Dans le communiqué qu'ils ont diffusé à cette occasion, ils sont revenus sur ce qu'ils ont qualifié de «graves accusations« proférées à leur encontre par le directeur de la santé, lors d'une autre conférence de presse qui s'est déroulée quelques jours plus tôt au siège de la direction de la santé. Résultat d'un « manque de dialogue » que les chirurgiens imputent au nouveau directeur de la santé qui selon leurs dires a opposé un niet catégorique à leur demande d'audience destinée à clarifier leur position sur cette épineuse question de la pratique des césariennes. Depuis le fossé n'a cessé de se creuser entre les deux protagonistes et le conflit, repris par la vox populi à travers les réseaux sociaux, s'est même enlisé. Les chirurgiens se voient jetés en pâture à la vox populi depuis que le directeur de la santé, selon ses déclarations tenues à la presse, les a accusés entre autres de détourner les parturientes vers les cliniques privées. A ce sujet, ils ont rétorqué «qu'il n'existe aucun contact de ces femmes avec les chirurgiens.

La femme enceinte s'adresse à une sage-femme jamais à un chirurgien«. Concernant la circulaire du ministère de la santé qui stipule que le chirurgien peut pratiquer des césariennes, ils soutiennent qu'elle n'est plus d'actualité car «remplacée par le guide de la prise en charge de la femme gestante qui stipule que le chirurgien généraliste formé à l'obstétrique peut intervenir dans le palier 3 pour sauvetage maternel«, ajoutant que «nous n'avons reçu aucune formation académique et qualifiante pour la prise en charge des femmes gestantes, de plus nous n'avons aucune protection juridique?«. Au sujet «du nombre de salles opératoires, il est de 7 et non 8 comme l'avait déclaré le DSP et le nombre de salles fonctionnelles est de 5?« De plus ils ont évoqué le manque de paramédicaux et la pénurie de drogues anesthésiques qui ont pesé lourdement sur l'exécution du programme opératoire et, pour combler ces déficits, la bonne volonté des chirurgiens a été déterminante. Des défaillances à imputer au système de santé, a noté, plein de dépit, le chef de service chirurgie qui animait la conférence de presse.

Le communiqué souligne en outre «le dénigrement choquant et méprisant de monsieur le directeur de la santé sur la nature des interventions est un impair jamais commis par un responsable qui plus est médecin? une déformation totale de la réalité«, soulignant «ceci a été largement vérifié par la commission qui s'est déplacée à l'EH sur la nature des différentes interventions réalisées par l'équipe chirurgicale? en cancer du sein, cancer colorectal, cancer de l'estomac... « Signalant en outre que «le nombre d'évacuations aux différents CHU dans le domaine de la chirurgie digestive et viscérale est nul, cependant nous prenons en charge toutes les évacuations médicales des différents hôpitaux de la périphérie.« Tour à tour les chirurgiens ont abondé dans le même sens, celui de la dégradation de l'atmosphère de travail au sein de l'EH surtout depuis les déclarations du directeur de la santé qui les «a livrés en pâture à l'opinion publique« de sorte qu'ils en sont venus à se plaindre de «certaines agressions verbales de la part de citoyens suite aux dernières déclarations du directeur de la santé qui pourtant «ne connait aucun chirurgien et qui a toujours refusé de nous recevoir pour débattre des vrais problèmes de la santé à Skikda?«, évoquant des calomnies assimilées à de la diffamation. Un tour de table a permis à chaque chirurgien de donner son mot de la fin et dans lequel on pouvait lire aisément l'amertume qui prévalait. Le président des amis du malade à Skikda a tenu à apporter sa contribution pour la solution du problème des césariennes «imposées« aux chirurgiens généralistes. Il a donné lecture à cet effet d'un communiqué dans lequel il a relevé la nécessité de doter l'établissement hospitalier d'un gynécologue obstétricien, redynamiser les centres de PMI au niveau des établissement de santé de proximité, d'instituer un système de garde pour les gynécologues au niveau des établissements publics hospitaliers, etc. En gros un soutien tacite aux revendications des chirurgiens qui démontre si besoin est que la voie du dialogue et de la sagesse doit impérativement prendre le dessus sans délais pour éviter le pourrissement. Et l'on n'omettra pas de signaler le mot de la fin du chef de service de chirurgie qui lancera une interrogation lourde de sens «si jamais vos femmes ou un autre membre de votre famille est sur le point d'accoucher, l'emmènerez-vous chez un chirurgien généraliste ou bien chez un gynécologue ?... «, déplorant l'absence d'arbitrage des autorités locales mais louant les mérites du président d'APW et de quelques députés et sénateurs qui les ont reçus et leur ont promis d'intercéder en leur faveur auprès de qui de droit dans un conflit inédit qui tient en haleine la population depuis déjà un certain temps. Affaire à suivre?