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Ils en appellent à Bouteflika: Les résidents menacent d'une démission collective

par M. Aziza

  Les déclarations du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, ont suscité le courroux des syndicalistes et grévistes, notamment ceux de la santé et de l'éducation.

C'est la «grande déception», dira un des membres du Collectif des médecins résidents (CAMRA) qui s'est dit outré par les propos du Premier ministre qui a accusé, lors de sa dernière sortie médiatique à Biskra, les grévistes «de vouloir semer l'anarchie». Le Dr Saïdi Fouad, un médecin résident et membre du CAMRA, a affirmé au Quotidien d'Oran que l'anarchie qui prévaut dans le pays est le résultat des politiques inappropriées adoptées par la classe politique qui dirige et les médecins résidents n'y sont pour rien. Pour rappel, le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, s'est exprimé sur la grogne sociale, dans plusieurs secteurs, en faisant référence à la grève du CNAPESTE et des médecins résidents. Il a déclaré à partir de Biskra que «nous n'allons pas tolérer la persistance de cette anarchie». Pour ce qui est des revendications des médecins résidents qualifiées par le Premier ministre «d'illogiques», le Dr Saïdi répond en affirmant : «Ce qui est illogique, M. Ouyahia, est le fait que le sud du pays soit dépourvu de plateaux techniques médicaux et qu'il soit privé de soins de santé hautement spécialisés ». Et d'enchaîner : «Les citoyens au sud du pays n'ont pas besoin de solidarité pour se faire soigner, ils ont besoin d'équité sanitaire et de moyens pour répondre à leurs attentes légitimes en matière de santé». Autrement, dit-il, «ils n'ont pas besoin de médecin figurant dépourvu de moyens, qui sera affecté au sud du pays pour calmer les esprits». Concernant les craintes formulées par Ahmed Ouyahia par rapport à la «désertification médicale en Algérie», notre interlocuteur a affirmé que la lutte contre cette «désertification» s'est faite et elle se fait par les médecins résidents qui refusent que le sud du pays soit dépourvu de moyens techniques et humains en matière de santé. «Je m'interroge d'ailleurs, dit-il, on n'a pas le droit de demander de meilleures conditions de travail, une formation pour une meilleure prise en charge des malades et une égalité de traitement face au service militaire ?» Le Dr Saïdi a affirmé que «ces revendications ne datent pas d'aujourd'hui, c'est une lutte qui a commencé en 2011, sans qu'il y ait des réponses concrètes. Et après toute cette lutte qui malheureusement n'a pas trouvé d'écho favorable, le Premier ministre nous accuse de vouloir semer l'anarchie dans le pays, le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Saïd Bouhadja, suggère une médiation entre les médecins résidents et le gouvernement, puis se rétracte et regrette de nous avoir reçus». Et d'enchaîner avec amertume : «En se rapprochant de notre direction pour avoir des explications sur les ponctions sur les salaires, on est pourchassé par les forces de l'ordre à l'hôpital Mustapha !» précise Dr Saïdi qui affirme que les médecins résidents refusent catégoriquement «l'esclavage» en brandissant la menace d'«une démission collective». En parlant au nom du Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA), le Dr Saïdi Fouad a affirmé qu'il reste un seul recours, c'est lancer un appel au président de la République, et si l'appel n'a pas d'écho, on déposera «une démission collective», précisant que «la machine est déjà en marche».

Pour sa part, le cadre syndical de l'UNPEF et membre de l'APN, Amraoui Saïd, a qualifié les propos d'Ahmed Ouyahia «d'irresponsables». Pour Amraoui, qualifier l'élite du pays, enseignants et médecins, de pirates, c'est vraiment une irresponsabilité et venant d'un homme d'Etat, c'est encore plus grave». Alors que le Premier ministre devait prononcer un discours apaisant, un discours qui rassemble et ce, quelle que soit la pression de cette grogne sociale et quelle que soit la situation. Et d'ajouter, notamment en cette période, où les fonctionnaires, voire tous les Algériens, font face à une détérioration de leur pouvoir d'achat avec les menaces qui pèsent sur les acquis sociaux, fruit de luttes syndicales et des travailleurs.