Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Boat-people

par Moncef Wafi

Le problème des harraga disséminés un peu partout en Europe est en train de rattraper Alger. Les boat-people algériens ont fini par devenir de véritables dossiers à polémique, alimentant les partis d'extrême droite aussi bien de droite que ce soit en Belgique, en Allemagne ou en Italie. Les autorités algériennes qui ont longtemps ignoré ce problème sont obligées de trouver une solution à l'exode de leurs citoyens, une tragédie nationale qui a débordé sur l'international.

De Madrid à Rome, le phénomène n'est plus perçu comme un problème social mais résolument criminel lié à des réseaux de passeurs qui n'hésitent pas à envoyer des centaines de personnes se noyer en Méditerranée. Les chiffres parlant d'eux-mêmes - on évoque plus de 200 morts enregistrés en mer lors de leur traversée vers l'Espagne -, ils viennent quantifier un drame à ciel ouvert qui se joue entre deux rives où l'espoir d'un lendemain meilleur est devenu une denrée rare. Les pressions sur Alger se font de plus en plus fortes pour le renforcement de la sécurité au niveau de ses côtes pour empêcher le départ de ces harraga et surtout pour leur rapatriement en Algérie.

Un dossier qui a valu à notre pays son lot de mises au point quand on se rappelle de la 10e session du conseil d'association Algérie-Union européenne qui a vu Bruxelles demander à Alger plus de coopération en matière de rapatriement de ses sans-papiers retenus dans les pays de l'espace Schengen. Un chantage presque déguisé puisqu'en contrepartie, on a promis une plus grande souplesse dans l'octroi des visas d'entrée pour l'Europe. Depuis, Alger n'a plus trop le choix après les débarquements de l'an dernier en Sardaigne et à Murcie et doit composer avec les exigences répétées des autorités italiennes et espagnoles d'une expulsion en règle des sans-papiers.

L'Algérie se sait surveillée sur cette question puisque ses harraga sont devenus un enjeu électoraliste dans bien des capitales européennes. Elle ne peut plus se cacher derrière le prétexte de la reconnaissance de la nationalité des migrants en situation irrégulière comme avec l'Allemagne ou la Belgique du fait que les harraga algériens sont arrêtés en flagrant délit de débarquement. Mis devant ses responsabilités, le pays n'a d'autres choix que de procéder au rapatriement de ces Algériens qui ont fui pour un autre monde. Que faire d'eux ? C'est la question à dix millions d'euros !