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«Fouli Tayab» et sauce âcre

par Abdelkrim Zerzouri

C'est hier qu'on a entamé, timidement, la campagne électorale des élections locales du 23 novembre. Mais, le climat va se réchauffer au fur et à mesure, et jusqu'au 19 novembre les citoyens vont assister à une vague de slogans qui ne sortent pas du traditionnel «Votez pour nous et on vous sortira de la mélasse où vous vous débattez». Tout un chacun parmi les candidats et les partis en lice pour ces prochaines joutes électorales affirmeront aux électeurs, les yeux fermés, «Fouli Tayab», prônant ainsi, chacun dans sa liste, qu'il est le meilleur des candidats et qu'il faut qu'on lui prête nos voix pour le porter en haut du podium. C'est de bonne guerre lorsque l'argument est solide et tient la route. Malheureusement, les slogans sont creux, et ce slogan de «Fouli Tayab» ne peut convaincre plus personne à mordre à l'hameçon. Les gens sont profondément fatigués de la chose politique qui ne guérit pas les maux de la société, d'où les taux d'abstention qui battent des records à chaque rendez-vous électoral.

Bien sûr, les élections locales sont assez particulières et vont faire monter ce taux à des niveaux qui feront «rougir» les visages des autorités, notamment ceux en exercice dans les localités, tenues responsables de la participation des électeurs au scrutin, mais il ne faut pas faire de ce taux une référence. Un simple calcul d'arithmétique dresse les contours de cette participation, justifiée par le nombre important, voire imposant des candidats. Qu'on en juge ! 165.000 candidats pour les APC et 16.600 autres candidats pour les APW. Si chaque candidat peut en moyenne convaincre une cinquantaine d'électeurs de déposer la lettre dans l'urne, ce qui n'est pas une mission difficile, score qu'on arriverait à réaliser dans le cercle familial et le voisinage, on aura approximativement un taux de participation considérable, avec plus de 8 millions de voix exprimées.

Au-delà, donc, du taux de participation pour ces prochaines élections locales, la défection est constatée au niveau des candidats eux-mêmes et des Assemblées qui seront élues.

Car, au bout du vote il y a une attente qui ne sera jamais satisfaite. De «Fouli Tayab» qui résonne encore dans les oreilles on passera à la sauce âcre, aux téléphones «codés» et aux réunions interminables pour échapper aux demandes d'audience. On ne parlera pas de déception puisqu'elle est déjà consommée depuis les derniers mandats.

On vivra avec les retours d'ascenseur. Ceux qui auront roulé pour tel ou tel parti qui a réussi à prendre les commandes s'attendront à recevoir les grâces de services rendus, les autres, tous les autres, auront strictement servi à grossir les taux de participation. Mais, autre avantage de chats échaudés à comptabiliser sur le compte de ces derniers, ils savent pertinemment qu'ils n'ont rien à attendre de ces nouveaux élus avec lesquels ils ne partagent aucune familiarité.