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Terroriste, toi-même !

par Mahdi Boukhalfa

C'est à n'y rien comprendre. Quand une attaque est menée contre de paisibles vacanciers ou des citoyens en Europe, elle est soit qualifiée de terroriste, soit de criminelle. Selon qu'il s'agit d'un Arabe, d'un Maghrébin, d'un musulman, c'est à coup sûr la piste «djihadiste» qui es privilégiée et donnée en pâture aux médias. Par contre, quand c'est un Européen qui en est l'auteur, on s'empresse très vite de déclarer qu'il s'agit d'un acte isolé, celui d'un «cinglé» locataire d'un asile pour aliénés mentaux, un cas social. C'est le cas des attaques en France : souvent, la piste djihadiste est privilégiée, dès lors que l'auteur de l'attaque a quelque lien avec la mosquée, l'Islam ou la lointaine Afrique du Nord. A Marseille, un «cinglé» a foncé avec sa voiture sur un abribus hier lundi, faisant un mort et un blessé. Le procureur a vite fait de déclarer qu'il s'agit d'un geste d'un fou. L'acte, qui a coûté la vie à une personne, ne serait pas un acte terroriste et l'enquête «s'oriente plutôt vers une piste psychiatrique», selon le procureur de la République de Marseille.»Il n'y a aucun élément permettant en l'état de qualifier cet acte d'acte terroriste», a déclaré le procureur. «On a retrouvé sur lui un courrier en lien avec une clinique psychiatrique et l'on s'oriente plutôt vers cette piste», a-t-il ajouté. Voilà donc un «dément», qui conduit une voiture le plus normalement du monde, qui va au café prendre un «p'tit noir», et soudain se décide à foncer sur un abribus et tuer une personne qui attendait sagement son bus.

Mais comme les attaques contre tout et rien se sont démocratisées, cet homme qui a attaqué au marteau des policiers à Paris a été très vite classé «terro», sans que la piste de la «démence» ne soit examinée. La raison ? Il était un «Nord'Af», un Algérien. Et c'est ainsi que l'on veut nous faire croire, du moins à l'opinion publique européenne, que les actes antisémites, et terroristes, «inhumains», sont l'œuvre des Arabes, des musulmans, des Nord-Africains. Suffisant pour susciter une véritable guerre au faciès dans une Europe malade de ses contradictions sociales, politiques et historiques. Jusqu'à cette attaque de Barcelone, qui, au-delà de l'acte terroriste condamnable, donne une idée grandeur nature de cette sorte de compassion «raciste et xénophobe» qui s'est emparée des Européens comme du reste du monde dit occidental. Et, hormis quelques réactions timides ici et là en Europe, notamment en France après le dernier attentat de Ouagadougou, il n'y a pas eu cet élan de solidarité du monde occidental, des pays européens, ni des Etats-Unis, envers le peuple burkinabé, envers les parents des victimes.

Rien, «walou», l'indifférence totale quand il s'agit d'autres peuples qu'Européens qui sont victimes de véritables massacres. Et ces défenseurs de la liberté, de la démocratie, pleurnichent quand quelques populations chrétiennes sont, tout comme le reste de leurs concitoyens en Syrie ou en Irak, l'objet de persécutions. C'est la compassion à géométrie variable, hélas ! Comment interpréter ainsi cet élan de solidarité envers les victimes de l'attentat à la voiture bélier de Barcelone, et ce silence étonnant devant les victimes, assassinées par balles, du café-restaurant de «Ouaga» ? Non, le monde occidental doit se mettre bien dans la tête que le terrorisme frappe indéfiniment là où il se sent le plus fort, et ses victimes n'ont pas de couleur de peau, de différence de religions, ni de leur origine.