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Pharmaciens d'officine: Le dispositif en faveur du générique doit être maintenu

par Abdelkrim Zerzouri

«Le maintien du dispositif incitatif concernant le médicament générique est à inscrire sur le registre de l'intérêt général, pas seulement du pharmacien, car il y va également de l'intérêt des producteurs de médicaments locaux et étrangers installés en Algérie et, par extension, de l'économie nationale», a souligné le docteur Belambri, le président national du Snapo.

Interrogé au sujet des derniers développements survenus sur la scène après le gel de la grève à laquelle a appelé son syndicat le 12 juillet dernier, notamment la tenue samedi dernier du Conseil interministériel présidée par le Premier ministre, M. Belambri a salué l'intervention du Premier ministre «qui a répondu à nos doléances», dira-t-il, non sans rappeler que le Snapo est un syndicat ouvert au dialogue et à la concertation, «meilleurs moyens pour venir à bout des difficultés». Il estime également qu'il est «aberrant» d'aller, sans préalable, vers une annulation de la majoration du médicament générique. «Chose qui aurait pour conséquence de bousculer toutes les prévisions des pouvoirs publics qui visent un objectif, à l'orée de l'année 2019, d'une couverture à hauteur de 70% de la demande en médicaments grâce à la production nationale». Il ajoutera que cela entraînerait une asphyxie quasi certaine des producteurs locaux et remettra en question les projets d'investissement dans le secteur pharmaceutique. «Il y a des étrangers, des pays du Golfe, des Américains et d'autres firmes internationales qui ont affiché leur intention d'investir dans la production de médicaments mais qui ont marqué un arrêt. Certains diront qu'ils ont carrément mis en stand-by leurs projets d'investissements, à cause justement de cette volonté d'annuler le dispositif incitatif en vigueur dans notre pays et qui constitue une réelle attraction pour les industriel dans le secteur pharmaceutique».

Notre interlocuteur tire un lien avec le marché pétrolier, dont les cours sont influencés, parfois, par la moindre déclaration sur le sujet.

En tout cas, la question des marges bénéficiaires des pharmaciens d'officine a été abordée au Conseil interministériel, et le Premier ministre «a instruit les parties présentes en vue de constituer une commission regroupant les acteurs concernés (ministères de la Santé et du Travail, CNAS, SNAPO et Ordre des pharmaciens) pour discuter de tous les points en suspens et de lui soumettre leurs conclusions», comme l'a souligné un communiqué des services du Premier ministre. Au terme de la réunion, le Premier ministre a tenu à féliciter le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (SNAPO) et l'Ordre des pharmaciens pour leur «sagesse» et pour leur «sens des responsabilités».

Dans ce cadre, le docteur Belambri soulignera que ce n'est pas à proprement dire la révision de la marge bénéficiaire (qui n'a pas changé depuis 1998) qu'il faut retenir, car il y a nécessité impérieuse d'introduire de nouvelles solutions pour placer le pharmacien dans le rôle qui lui sied. Pour M. Belambri, le dispositif incitatif en faveur des médicaments génériques doit être maintenu dans sa forme actuelle (majoration de la marge bénéficiaire) ou une autre forme à concevoir, pour le grand bien de l'industrie pharmaceutique locale. Les pharmaciens souhaiteraient dans ce sillage l'introduction de nouveaux produits dans la pharmacie, dont ceux délivrés pour le moment uniquement par les PCH et les CHU, à l'exemple des médicaments du cancer. Pour ne citer que ce «palliatif», en l'occurrence «la disponibilité de nouveaux produits dans les pharmacies dans le cadre de l'amélioration du rendement des officines pharmaceutiques» figurera parmi les propositions à soumettre au Premier ministre dans le cadre du travail de la Commission regroupant les principaux acteurs du secteur, qui va entamer aujourd'hui même sa mission. «On espère seulement que cette Commission clôture le dossier rapidement», a conclu M. Belambri.

D'autre part, soulignons que le Conseil interministériel, auquel ont pris part les ministres des Finances, de la Santé, du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale et des Relations avec le Parlement, a procédé également à «l'examen des questions liées à l'enrichissement du projet de loi relatif à la Santé», et le Premier ministre a décidé «l'ajournement, sine die», de l'examen de ce dossier qui a suscité moult réserves de la part des principaux acteurs du secteur. Le projet de loi est jugé «trop généraliste» par M. Belambri, ainsi que par l'Ordre des médecins, dont le président, M. Bekkat, nous avait fait récemment part du rejet de plusieurs de ses articles.