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Certaines entreprises concernées: Tebboune efface les dettes ANSEJ

par Moncef Wafi

Les dernières mesures prises par le Premier ministre semblent indiquer que l'Etat cherche, coûte que coûte, à pacifier, du moins apaiser le front social.

En effet, après l'annonce d'une session spéciale pour les candidats retardataires au bac, Tebboune vient tout simplement d'effacer les ardoises de certains bénéficiaires des crédits dans le cadre de l'Ansej, un dispositif de soutien à l'emploi des jeunes. Alors que le gouvernement Sellal n'entendait pas effacer les dettes des jeunes entrepreneurs souscrits à ces dispositifs, Tebboune vient de prendre son monde à contre-pied d'autant plus que la crise semble s'accentuer et l'Etat n'arrêtant pas d'appeler à la rationalisation des dépenses.

Cette décision, qui ne sera certainement pas généralisée à tous les bénéficiaires, concernera les créateurs des micro-entreprises en situation de faillite et de cessation d'activité. Le Premier ministre a déclaré vendredi soir que «les dettes des bénéficiaires de l'Ansej qui n'ont pu rembourser les crédits pour des raisons de force majeure seront annulées». Effacement total des dettes ou reconduite du rééchelonnement entamé en mars dernier du temps de Sellal, les détails de cet apurement n'ont pas encore été dévoilés. Pour leur défense, Tebboune a souligné la faiblesse des résultats réalisés par les grands investisseurs qui ont bénéficié des aides de l'État à travers les crédits bancaires. «Dans certains cas, les projets réalisés dans le cadre de l'Ansej étaient plus bénéfiques que les projets lancés par de grands investisseurs. Il n'y a pas une grande différence entre ces projets et les grands projets dans lesquels les banques ont injecté des sommes colossales», a-t-il dit en comparaison.

Pour rappel, les responsables de l'Ansej ont indiqué que le dispositif a financé 350.000 petites et moyennes entreprises depuis sa création, il y a 19 ans, créant ainsi plus d'un million de postes d'emploi à travers le pays. Pourtant, l'opinion publique a tôt fait de se gausser de cette structure, accusant l'Etat de financer des projets sans aucune plus-value économique ou sociétale. Malgré toutes les mesures accordées par les pouvoirs publics à ces entreprises, entre autres, l'exonération de pénalités dans le paiement de la Casnos ou encore dans la déclaration prévisionnelle du chiffre d'affaires soumis à l'impôt forfaitaire unique pour 2017, qui a été assouplie en leur faveur, et le paiement d'un minimum d'imposition, correspondant à 50% du montant de celui fixé par le Code des impôts directs et taxes assimilées, ce dispositif n'a pas eu l'impact escompté. Selon certains chiffres, 25% de ces entités sont confrontées à des difficultés financières alors que 160 bénéficiaires des prêts dans le cadre de l'Ansej sont poursuivis en justice pour avoir détourné l'argent du financement à d'autres fins.

L'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes a annoncé, dernièrement, qu'elle avait recouvré plus de 72% des créances qu'elle détient auprès des jeunes porteurs de projets, soit 6,6 milliards de dinars. Le dossier des dettes n'est pas nouveau puisque la Fédération nationale des jeunes entrepreneurs (FNJE) créée par les bénéficiaires de l'Ansej a soulevé ce problème à plusieurs reprises. Elle a proposé une vingtaine de demandes de mesures de soutien aux PME dont la réservation de 20% de parts de marchés publics pour les entreprises financées dans le cadre de l'Ansej.