Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Commerce extérieur: La Banque d'Algérie appelée à «libérer» les exportateurs

par Yazid Alilat

Le président de l'Association nationale des Exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri, a appelé hier dimanche la Banque d'Algérie à libérer les exportateurs et à leur permettre de s'installer dans les pays où ils ont des partenaires. Il a également, dans une intervention à la radio nationale, appelé le gouvernement à ne plus se substituer aux opérateurs économiques. Car, le défi du moment, explique-t-il, est de réduire les importations et les ramener à un seuil de 35-37 milliards de dollars par an et, en même temps, améliorer la production locale et aller vers l'exportation. «La réduction des importations à 35 md de dollar est un défi qui se pose au gouvernement et au ministère du commerce, car il y a des incontournables», estime-t-il. Selon M. Ali Bey Nasri, ces «incontournables font qu'il y a au moins 30 md de dollars pour l'outil de production, 5 md de dollars pour le poste alimentaire, 5 autres md de dollars pour les matières premières ; il y a des produits incompressibles d'une valeur de 38 md de dollars. Descendre à 35 md c'est possible, mais c'est un défi», explique-t-il. Les importations algériennes avaient atteint à fin 2016 les 47 md de dollars, en baisse de 11 md de dollars par rapport à 2015. «Il y a eu des mesures qui ont été prises concernant les voitures, certains produits soumis à licence comme le ciment et le rond à béton, qui pèsent lourd, une baisse des matières premières qui font qu'il y a une baisse de 11 md de dollars», rappelle M. Ali Bey Nasri. Pour lui, «réduire les importations, c'est facile, mais il faut trouver le moyen d'aller vers la hausse des exportations, trouver comment augmenter la productivité et comment augmenter nos recettes et réduire la vulnérabilité externe de l'Algérie. Tous les efforts du gouvernement doivent aller vers cette vision et aller vers l'augmentation de la production nationale et l'intégration de la stratégie industrielle». Pour autant, le président de l'Anexal estime qu' «il faut d'abord discuter avec les acteurs économiques». «Jusqu'à quand l'Etat continuera-t-il à jouer le rôle d'opérateur économique? », s'interroge-t-il, il faut aller vers les acteurs économiques, les entrepreneurs, qui connaissent le marché et qui savent ce qu'il faut importer et ne pas importer». «Globalement, l'Algérie a les capacités d'augmenter la production, mais c'est une question de vision et de stratégie, et de rapprochement avec les concernés», relève t-il. M. Ali Bey Nasri souligne par ailleurs qu' «il n'est plus question de rester statique pour exporter, il faut que la Banque d'Algérie autorise les entreprises algériennes qui ont des possibilités d'exportation à s'installer à l'étranger, il faut que la BA comprenne cela !». «Nous demandons à ceux qui ont la décision, qu'ils nous libèrent. Il faut qu'on soit présent à l'étranger, la visibilité à l'international est une nécessité», a-t-il martelé.

La Banque d'Algérie n'autorise pas les entreprises algériennes exportatrices ou même importatrices à avoir une domiciliation bancaire à l'étranger, et gère elle-même, via les banques de la place, les opérations financières concernant le commerce extérieur. «La Banque d'Algérie a cette responsabilité, on a adressé des demandes et on attend les réponses de la BA, insiste Ali Bey Nasri, l'exportation relève des plus hautes autorités. C'est être ou disparaître. Qu'on nous libère et que la BA réponde à notre demande ! ». Actuellement, environ 800 opérateurs algériens opèrent dans la filière de l'export, alors qu'en face, il y a au moins 40.000 importateurs. Pour le président de l'Anexal, «2017 sera une année où la BA prendra deux mesures, aller vers l'extérieur et enlever la sanction pénale». D'autre part, il a souligné que les professionnels de l'exportation ont besoin «d'un outil de pilotage concernant le commerce extérieur. Que ce soit un secrétariat d'Etat ou un ministère délégué, peu importe ! Il faut un outil précis pour les exportations», préconise-t-il. Pour cela, il faut améliorer le climat des affaires en Algérie et aller vers l'augmentation de la production. «Le plus dur c'est de trouver des réponses pour satisfaire les besoins du marché national, car c'est facile de réduire les importations» et, en même temps, ajoute-t-il, «il faut également donner des signes positifs a l'extérieur». M. Ali Bey Nasri estime enfin que «le défi pour le gouvernement est de trouver des réponses aux fondamentaux, c'est-à-dire aux structures de l'économie algérienne, comment aller vers l'insertion de l'économie algérienne dans l'économie mondiale». Enfin, sur la réduction des importations auprès de certains ensembles économiques décidée par le gouvernement, notamment avec l'UE dans le cadre de l'accord d'association, M. Ali Bey Nasri estime qu' «on peut réduire ses importations en dépit des accords avec des partenaires commerciaux», exemple l'Allemagne avec les Etats-Unis. «Nous sommes dans une position où on doit défendre les fondamentaux, nous sommes dans notre droit avec l'UE, la balle est également de leur côté, car rien n'a été fait sur le volet social, investissements par l'UE», a-t-il rappelé.