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Faut-il larguer l'UGTA ?

par Mahdi Boukhalfa

Cette année, le double anniversaire de la création de l'UGTA et la commémoration de la nationalisation des hydrocarbures, le 24 février exactement, est passé inaperçu. C'est pourtant un des événements historiques de la nation, incontournable. Est-ce dû au fait que cette année, l'événement coïncidait avec un vendredi ? L'UGTA est restée bien silencieuse cette année, comparativement aux années fastes d'un baril à 120 dollars.

Pour autant, la réserve de l'UGTA, censée défendre les intérêts de centaines de milliers de travailleurs, broyés par les dures conditions de vie actuelles avec une explosion généralisée du coût de la vie et des lendemains incertains, ne s'explique plus lorsque les syndicats autonomes sont plus bruyants, plus actifs et plus présents sur le front social. Et, leur succès auprès des travailleurs qu'ils représentent et dont ils défendent les intérêts est en passe d'éclipser la centrale syndicale, historiquement coincée dans son rôle de syndicat du parti unique. Laissant aux syndicats autonomes l'opportunité de défendre autant les travailleurs, mais surtout de mieux représenter leurs intérêts et défendre leurs droits. C'est comme si les syndicats autonomes défendent la classe laborieuse, luttent contre l'injustice sociale et économique qui frappe de plein fouet les travailleurs et leurs familles, et que l'UGTA est là, au service des puissants, des capitalistes, des riches et des industriels, comme elle sert les intérêts des gouvernants.

Comment ne pas avoir cette image plein la tête lorsqu'on apprend que des milliers, plus de 6.000 selon les observateurs, de travailleurs et de syndicalistes affiliés aux syndicats autonomes avaient marché hier samedi à Tizi Ouzou pour dénoncer le contrat Gouvernement-UGTA-Patronat sur le dos des travailleurs à travers la nouvelle loi sur le travail. A cette marche nationale, appel de la Coordination des syndicats autonomes, il y avait cette atmosphère particulière des luttes ouvrières que l'on ne retrouve plus à l'UGTA. Des milliers de travailleurs de la fonction publique ont demandé au gouvernement le retrait de la loi sur la retraite, l'annulation de la réforme de la loi sur le travail et ont dénoncé en chœur la dégradation des conditions de vie du citoyen.

Quel revirement de situation ! des syndicats honnis par le pouvoir et évités comme la peste par les responsables de «la centrale syndicale», venus de nulle part, qui militent pour le droit des travailleurs et du citoyen à une vie meilleure. Qui bravent les interdits de manifester pour porter haut la voix et les revendications des travailleurs et des citoyens, qui risquent d'être broyés par un retour foudroyant de l'austérité, avec en prime une soudaine dégradation des conditions de vie.

«Pour une justice sociale», «Oui à l'annulation de la loi sur la retraite», «Austérité pour le peuple et gaspillage pour les députés», ce sont là les vérités des syndicalistes «autonomes», qui rappellent que les droits des travailleurs, même s'il y a une UGTA, restent à conquérir.