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Le tramway victime collatérale de la crise

par Moncef Wafi

Victime collatérale de la crise financière que traverse le pays, induite par la forte baisse du prix du pétrole, l'usine d'assemblage et de maintenance de tramways d'Annaba, appartenant à la Compagnie Industrielle des Transports Algériens (Cital), fait face à sa première véritable crise. Austérité oblige et gel des projets des lignes de tramway et de leurs extensions dans certaines villes, elle a été contrainte de réduire fortement ses activités après avoir été amputée de la fabrication de 53 attelages. C'est le directeur du projet Tramways et Câbles de Cital, Brahim Bouchrit, qui a annoncé, au micro de la chaîne 3 de la radio algérienne, que cette réduction de l'activité de l'usine allait entraîner une diminution de près de 80% de son chiffre d'affaires, estimé à l'origine à 17 milliards de dinars.

Pour pallier les difficultés de financement de ses activités, M. Bouchrit signale que son entreprise envisage de diversifier ses activités à commencer par l'éventualité d'initier des projets de partenariat public et de se projeter vers les marchés extérieurs à commencer par la Tunisie.

L'autre créneau concerne la maintenance du réseau ferroviaire national et des lignes de tramways et du matériel roulant en activité. L'usine Cital est le fruit d'un partenariat tripartite entre l'Entreprise de construction de matériels et d'équipements ferroviaires (Ferrovial), l'Entreprise du métro d'Alger (EMA) et la société française Alstom.

L'usine disposait, en théorie, d'un carnet de commandes de 213 rames de tramway, pour un montant estimé à 700 millions d'euros, à livrer d'ici 2019.

Cital est parvenue, au fil de ses activités, à atteindre un niveau d'intégration de 35% au niveau de son usine d'assemblage et de maintenance de tramways d'Annaba, un site industriel qui emploie plus de 200 personnes spécialisées dans la conception de faisceaux électriques, de fabrication de vitres et de travaux de peinture, de carénages et d'afficheurs. Rappelons que depuis le début des années 2010, l'Algérie a investi quelque 30,3 milliards d'euros pour lancer des lignes de métro et de tramway. En 2014, l'Algérie a importé plus de 160 millions d'euros de matériel ferroviaire depuis la France. Alstom est considéré comme le principal partenaire français dans ce secteur. Présente dans le pays depuis 2003, principalement, avec le marché qui lui a été octroyé pour la réalisation du premier tramway du pays dans la capitale pour un montant de 356 millions d'euros, Alstom avait signé un contrat de 200 millions d'euros avec la Société nationale des Transports ferroviaires d'Algérie (SNTF) pour la fourniture de 17 trains grandes lignes Coradia Algérie.

Le premier train devra être livré en janvier 2018 alors que cet investissement s'inscrit dans le programme de modernisation et d'extension du réseau de la SNTF. Ces trains devront assurer les liaisons entre Alger et les villes d'Oran, Annaba, Constantine et Bechar. Confronté à un marché européen difficile, Alstom Transport s'est tourné depuis des années vers le sud de la Méditerranée.