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Finances: L'emprunt obligataire ne sera pas renouvelé

par Yazid Alilat



L'emprunt obligataire, lancé en octobre 2015 pour suppléer à la baisse des recettes d'hydrocarbures, ne sera pas renouvelé, même s'il a été «une réussite».         Le président de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), Boualem Djebbar, a annoncé hier dimanche dans une intervention à la radio chaîne 3, que «pour le moment, le ministère (des Finances) a annoncé que l'emprunt national de croissance ne sera pas prolongé et a pris fin le 17 octobre 2016.» Il a indiqué que «l'emprunt national de croissance économique, quand il a été lancé, avait une durée de six mois, et une note pour les banques indique que la durée de l'emprunt ne sera pas prolongée. « Pour autant, il a laissé entendre que ce mécanisme pourrait être «reconduit sous une autre forme». «C'est le ministère qui prendra la décision adéquate», a-t-il dit. L'opération, selon M. Djebbar, a été «une réussite et les objectifs atteints». Refusant de divulguer le montant global collecté par les banques, il a seulement affirmé que la BADR, la banque dont il assure la direction, a collecté à elle seule 81 milliards de dinars, et «autant pour les autres banques.» «Le montant est » très important, mais je préfère laisser le soin au ministre d'annoncer les chiffres exacts'', a-t-il précisé, sans démentir l'information selon laquelle le montant collecté par les chefs d'entreprises sous l'égide du FCE est de 5 milliards de dollars. «Je sais que c'est plusieurs centaines de milliards de dinars», a-t-il précisé. Dans un précédent bilan à l'issue d'un mois de collecte, une source proche du ministère des Finances avait indiqué que 251 milliards de dinars, soit un peu plus de 2 milliards de dollars au cours officiel ont été collectés.           

Les obligations sont d'une valeur de 50 000 dinars chacune et assorties de deux taux d'intérêts fixés en fonction du délai de remboursement (les obligations de 3 ans avec un taux d'intérêt de 5% et celles de 5 ans avec un taux d'intérêt de 5,75%). L'opération avait été lancée le 17 avril dernier. Concernant l'opération de conformité fiscale, ou la collecte de l'argent circulant dans les circuits parallèles, adossée à une taxe de 7%, il a indiqué qu'elle se déroule normalement, avec une date butoir fixée au 31 décembre 2016. «Pour les résultats, on attend la fin de cette opération, (qui) a eu des effets positifs auprès de beaucoup de commerçants», estime M. Djebbar. Par ailleurs, sur la suppression du Crédit documentaire, un mécanisme introduit en 2009 par la loi de finances complémentaire pour réguler les opérations d'importations, et très décrié comme système de paiement des opérations de commerce extérieur, il a estimé qu'il s'agit seulement d'un moyen de paiement parmi d'autres, et «il est utilisé au niveau international». Il y a également la remise documentaire (Remdoc) comme moyen de paiement des importations, a t-il expliqué, avant de rappeler que «la LFC2009 avait institué le Credoc, mais qui a été modifié deux fois par les lois de finances successives, qui ont permis aux importateurs de choisir entre Remdoc et le Credoc.»    Selon des banquiers, le Credoc a plus profité à l'importation que l'exportation. «Le Credoc est le choix entre l'importateur et le fournisseur, qui peut choisir le Credoc ou le Remdoc comme moyen de paiement, et les banques appliquent le moyen de paiement choisi par les deux parties», explique le président de l'ABEF, pour qui «la majorité des opérations passaient par ce moyen de paiement (Credoc), et il arrive que des importateurs peuvent convaincre leurs fournisseurs de pratiquer le Remdoc, et là les banques appliquent.»

Sur le financement de l'économie, M. Djebbar a souligné qu'il est en hausse de 8,9% et à peu près 17 à 18 % des taux de crédits à l'économie. «L'année 2014 a été une année exceptionnelle avec plus de 26%, et entre 2015 et 2016 on est au même rythme, en dépit des baisses de liquidités», a-t-il dit. Pour le président de l'ABEF, «la baisse des liquidités est normale, avec la baisse des recettes des hydrocarbures.»           Selon la Banque d'Algérie (BA), la liquidité a baissé de 30%, «ce qui est un phénomène normal dans une économie en pleine croissance», estime-t-il, même s'il reconnaît qu'«il y a d'autres moyens de financements de l'économie, et les banques engagent des actions de marketing pour financer l'économie», explique le président de l'ABEF, selon lequel «il y a le refinancement par le marché interbancaire.» Et le facteur risque a été également repris par les banques avec un nouveau taux de réescompte, qui passe à 3,5% contre 4,5%. «La prise de risque est mesurée, car les 3,5% de taux de réescompte permet de maintenir le coût des ressources à un niveau acceptable et permet aux banques de ne pas trop élever leurs taux créditeurs, et leur permet de travailler plus à l'aise», explique t-il par ailleurs. L'allocation touristique restera encore en l'état, a d'autre part laissé entendre le président de l'ABEF, qui préfère parler de la modernisation des moyens de paiement avec l'introduction du paiement électronique. Le «e-paiement» est là, il est une réalité, a-t-il affirmé, rappelant que l'opération a été lancée le 4 octobre dernier en direction des grands facturiers comme la Seal pour le paiement électronique des factures d'eau, la Sonelgaz pour les factures d'électricité-gaz ou Air Algérie pour les billets d'avion. Ce sont, a-t-il précisé, des «opérations sécurisées, on a beaucoup travaillé sur l'aspect sécurité, et la BA a autorisé les banques, et les webs marchands à opérer sur ce volet.» «Il y a 9 web-marchands, et on peut maintenant payer son billet d'avion par internet», a t-il dit, avant de préciser que «l'opération va s'élargir vers le secteur des services, comme le e-commerce, en attendant la loi sur le commerce électronique, qui est en cours de discussions au niveau du gouvernement.» Peu loquace sur la question des bureaux de change, il a expliqué par ailleurs que «les banques ne financent pas les importations.»