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Sellal: De nouvelles taxes en 2017

par Ghania Oukazi

La 49ème édition de la FIA est totalement dédiée à l'Afrique pour être cette destination idéale pour les exportations algériennes.

Cette année, l'Algérie a décidé de faire du continent africain, l'invité d'honneur de la 49ème édition de la foire internationale d'Alger. «Nous recevons, cette année, une centaine d'hommes d'affaires de dix pays africains pour leur faire connaître les produits algériens, en prévision de leur exportation vers les pays africains, sur financement de la BADEA (Banque arabe de développement économique en Afrique),» nous a indiqué, hier, le P-DG de la Safex, Tayeb Zitouni. Cet établissement bancaire financera ainsi des programmes d'exportations d'hommes d'affaires africains qui ne pourront pas payer cash. «Elle garantira les opérations d'exportations de l'Algérie, vers l'Afrique,» nous dit Zitouni. Il dénombre 810 exposants dans l'enceinte de la Safex dont 405 Algériens. «Ils sont venus de 33 pays étrangers et sont, comme par hasard, à nombre égal avec les exposants algériens,» précise le P-DG de la Safex. Il note alors que «180 autres exposants se trouvent dans le pavillon qui abrite le 5ème Salon ?Djazaïr Export' auxquels les organisateurs ont fixé cette année, trois objectifs. «On se doit de consacrer les décisions du gouvernement en matière d'exportations hors hydrocarbures et pour la diversification de l'économie nationale, il faut que le salon soit une vitrine à l'International pour les produits algériens qui sont déjà exportés et pour d'autres, potentiellement, exportables, enfin, nous voulons saisir cette occasion pour faciliter les relations d'affaires entre les hommes d'affaires algériens et ceux venus des pays africains,» a fait savoir un responsable de l'Agence nationale chargée des exportations au Premier ministre qui a inauguré hier, en même temps, la FIA et le salon, en présence des membres de son gouvernement, des responsables de différentes institutions ainsi que le corps diplomatique accrédité à Alger. Le directeur général de la BADEA a expliqué à Sellal «le schéma de financement inscrit dans le plan quinquennal de la banque 2015-2019.» Sidi Ould Tah a affirmé, hier, que «la BADEA accompagnera financièrement les pays arabes, dans leurs exportations vers l'Afrique, ils vendront, ainsi, leurs produits et fidéliseront leurs clientèle africaine.»

50 millions d'euros pour les exportations vers l'Afrique

La BADEA leur permettra, selon son DG, de «bénéficier de délais de remboursement beaucoup plus longs que ceux accordés par leurs banques habituelles.» Il précisera que «la Banque africaine de développement (BAD) est, elle aussi, associée dans ce programme d'exportation.» La visite de Sidi Ould Tah s'inscrit dans le cadre de la coopération entre l'Algérie et la BADEA, en vue de promouvoir les exportations algériennes et arabes, vers les pays africains, dans différents domaines. Le Premier ministre interrogera sur les modalités pratiques d'une telle approche. «L'exportateur nous indiquera la banque avec laquelle il travaille pour qu'on lui accorde les financements nécessaires pour payer à terme ses opérations d'exportations, précisément sur une période de 36 mois,» lui explique le DG de la BADEA.

Sellal avouera que «nous avons des problèmes bureaucratiques, l'ALGEX et les douanes ont pris des décisions fermes pour faciliter l'exportation et les banques doivent, impérativement, aider les hommes d'affaires à l'export, ce qui permettra de renforcer la production nationale.» Les douanes ont, entre autres actions, élargi le fichier des indices tarifaires de 6.000 à 17.000. Elles ont, aussi, décidé de réviser en profondeur leur système informatique au niveau du CNIS. Le Premier ministre rappellera qu'en novembre prochain, Alger abritera un forum algéro-africain qui regroupera plus de 2.000 hommes d'affaires. Un rendez-vous qui, pour lui, «ouvrira le marché africain aux productions algériennes, on compte sur vous.»

Nous apprenons au passage, qu'ALGEX a déboursé près de 200.000 dollars pour financer le déplacement de la centaine d'importateurs venus des 10 pays africains. Mais, en même temps, l'Algérie a négocié avec la BADEA une enveloppe de 50 millions d'euros pour financer le programme d'exportation devant être élaboré après que les hommes d'affaires africains auraient pris connaissance du comptoir commercial de la production algérienne. L'on sait que les pays africains contribuent dans le capital de la BADEA tout autant que l'Algérie qui, elle, y participe à hauteur de 10% mais, estiment des officiels «elle n'en a jamais profité.»

«Il faut ouvrir des succursales bancaires à l'étranger»

Les responsables d'institutions spécialisées dans le commerce, l'export ou le financement bancaire font, d'ores et déjà, part de leur scepticisme à l'égard de cette décision d'exporter vers l'Afrique. «Il faut des préalables,» nous dit l'un d'entre eux. «Il faut des financements sûrs, il faut assurer le transport aux marchandises à exporter et il faut, surtout, permettre aux banques algériennes de s'externaliser,» affirme-t-il. Il estime ainsi que «la BADEA ne va pas s'amuser à donner de l'argent pour l'exportation de gâteaux ou de bonbons.» Notre interlocuteur s'interroge sur le refus de la Banque d'Algérie de permettre l'ouverture de succursales des banques nationales publiques, dans des pays étrangers, notamment ceux africains. «On ne comprend pas pourquoi on ne fait pas comme nos voisins si on veut, vraiment, promouvoir les exportations de nos produits,» s'inquiète-t-il. Le Premier ministre a recommandé fermement aux banques : «libérez les crédits, ne comptez plus sur le pétrole.» Il exhortera les hommes d'affaires : «allez vers la création de la croissance, rapprochez-vous de vos banques !»

En tout état de cause, l'Algérie vient de reprendre les négociations avec les instances affiliées à l'Union africaine pour la création d'une zone de libre échange. «Nous les avons suspendus, en 2006, mais nous les avons reprises, ces derniers temps parce que nous tenons, absolument, à travailler avec les marchés africains, en matière d'exportation,» nous renseigne un responsable du secteur du commerce.

Le ministre de l'Industrie avait, déjà, lors de l'audience qu'il a accordée au DG de la BADEA, affirmé qu'«il est important dans le contexte actuel que les pays du Sud, et spécifiquement l'Afrique, renforcent leurs relations pour augmenter leurs chances de développer leurs pays.» Il indiquera, aussi, que «la finalisation de la jonction de la route transsaharienne reliant Alger à Lagos permettra de renforcer l'intégration économique Sud-Sud.» Au titre «des possibilités d'affaires en Algérie susceptibles de faire l'objet de partenariats avec des investisseurs africains», le ministre et son hôte ont souligné «l'importance des financements, notamment ceux émanant des institutions financières arabes et africaines, dans la promotion du commerce interafricain et la nécessité pour les entreprises africaines d'accroître leur compétitivité.» La rencontre leur a permis «l'identification d'un certain nombre d'actions et de projets, pouvant faire l'objet de financements par la BADEA.»

«Aidez les journalistes et allez vers l'emprunt obligataire !»

Lors de sa visite de différents stands d'exposants à la FIA, le Premier ministre a pris connaissance de plusieurs revendications d'hommes d'affaires. «Nous voulons des financements spéciaux pour les technologies de pointe, si on ne les a pas, on sera dépassé,» lui a dit un responsable d'une structure de recherche et développement. «Il ne faut pas que les banques aient peur, il faut qu'elles prennent le risque,» a lancé Sellal, tout en promettant de l'aide à son interlocuteur. Le Premier ministre recommandera, en outre, aux hommes d'affaires, de développer l'agriculture, particulièrement à Biskra. «Vous pouvez exporter, le marché russe est demandeur de primeurs, exportez les produits et eux font le conditionnement,» leur assure-t-il. Il avouera, encore, à propos de l'investissement qu'«on facilite, à tout le monde, je sais que nous avons deux problèmes : le foncier et les banques, mais on est derrière.» Il demandera, cependant, aux hommes d'affaires «ne cachez pas l'argent, investissez !»Il conseillera même de ne pas «produire sucré parce que vous nous créez un problème de santé publique.» A des producteurs de pâtes, il dira : «sortez un peu, exportez !» Il a fait savoir, par ailleurs, que dans la prochaine Loi de finances, des taxes seront ajoutées sur les climatiseurs qui consomment beaucoup d'énergie.

A l'ANEP (Agence de publicité), il lancera «aidez les journalistes et allez vers l'emprunt obligataire,» manière peut-être de demander de lâcher la publicité aux journaux.