Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Ryadh offre le Liban à Israël

par Kharroubi Habib

Le climat des relations entre l'Algérie et les pétromonarchies de la péninsule arabique déjà passablement froid pour cause de leurs divergences de vision sur les conflits dont le monde arabe est le théâtre et in fine sur les solutions à leur apporter, ne va certainement pas s'en trouver réchauffé par le refus d'Alger de faire sienne la décision de ces pétromonarchies de considérer comme organisation «terroriste» le Hezbollah libanais.

Elle l'a officiellement fait savoir en estimant que la non immixtion dans les affaires intérieures des autres pays étant l'un des principes directeurs de sa politique étrangère. Elle s'interdit toute interférence dans ce dossier et refuse par conséquent de s'exprimer en lieu et place des Libanais dans une affaire qui les concerne d'une manière exclusive. Cette position vaut à l'Algérie une sourde inimitié de la part des pétromonarchies qui ont la prétention de dicter au reste du monde arabe leurs décisions sur toute question se posant à lui.

Peu importe aux Algériens l'attitude hostile de ce fait de ces pétromonarchies à l'endroit de leur pays car ils sont en majorité opposés à son alignement sur leurs politique et initiatives qui ont pour but des visées auxquelles ils n'adhèrent pas et ne veulent pas que l'Algérie contribue à leur réalisation. Pour ces Algériens, le refus du pays d'entériner la classification par ces pétromonarchies du Hezbollah libanais en tant qu'organisation «terroriste» s'impose d'autant qu'ils ont la conviction que leur décision découle de l'alliance de fait qu'elles ont nouée avec Israël et pour laquelle elles ont opté guidées par la hantise des menaces que ferait peser sur leur sécurité nationale le danger irano-chiite. Et c'est l'évidence même que cette classification fait l'affaire d'Israël pour qui elle a valeur de caution «arabe» pour l'agression revanche qu'il médite et prépare contre le Hezbollah qui est la seule force arabe à lui avoir infligé l'humiliation de la défaite.

L'Etat sioniste est d'autant encouragé à se lancer dans cette aventure qu'il pense que conséquence de la décision des pétromonarchies, le Hezbollah ne pourra pas compter sur la solidarité du peuple et de l'Etat libanais. C'est pour mieux cesser celle-ci d'ailleurs que les pétromonarchies ont pris des sanctions contre le Liban consistant à lui couper leurs aides financières, à sommer leurs ressortissants à ne pas s'y rendre ou investir et à faire planer la menace d'expulsion de leurs territoires de ses ressortissants qui y sont installés et y travaillent. Le comportement de ces pétromonarchies à l'égard du Liban fait peser sur lui le risque de l'implosion de sa fragile unité qu'il tente de préserver malgré les causes de division qui opposent ses composantes politico-communautaires sur les problèmes qui font conflit dans l'environnement régional.

Dans leur fuite en avant devant une situation régionale qu'elles ont cru pouvoir gérer à leur avantage mais étant en train de leur échapper, les pétromonarchies ont pris le risque d'étendre le chaos qui en résulte au seul espace qui en est encore indemne et comptent pour ce faire sur l'implication directe d'Israël à qui elles ont offert prétexte et caution.