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Restructuration du DRS : Les services de renseignement rattachés à la présidence

par Moncef Wafi

La restructuration de l'ex-désormais Département de renseignement et de sécurité (DRS) vient-il de connaître son épilogue deux ans après avoir été mis sur les rails par la présidence de la République ?

La presse s'est enflammée sur un nouveau décret non publiable, signé le 20 ou le 22 janvier, par le chef de l'Etat consacrant définitivement la mue opérée par les services de renseignement algériens. Ainsi, le DRS restructuré devient la Direction des services sécuritaires (DSS) ou la Direction des affaires sécuritaires (DAS), en absence de toute communication officielle pour le moment. Cette nouvelle formule du renseignement est gérée par un coordinateur des services de sécurité qui retrouve l'ensemble des pouvoirs du DRS qui lui ont été enlevés avec la mise à l'écart progressive du général-major Mohamed Mediene, dit Toufik, et sa mise à la retraite. Son successeur, le général-major Bachir Tartag, se voit ainsi confier ce poste de coordinateur avec la qualité de «ministre conseiller» de Bouteflika en charge des questions sécuritaires. La DSS ou la DAS sera directement rattachée à la présidence de la République et ne dépendra plus du département de la Défense nationale consacrant ainsi l'Etat civil.

Elle prendra en charge les directions de la sûreté intérieure, de la sûreté extérieure et comportera également une direction technique sans qu'on ne précise si elle coordonnera ses missions avec la Gendarmerie et la Sûreté nationales. Ses services seront abrités dans l'ancien siège du ministère des Affaires étrangères à El-Mouradia. Cette mue des Services a été expliquée par le changement dans les priorités puisque son renforcement a été décidé pour répondre à des exigences d'une situation exceptionnelle lors de la lutte antiterroriste pendant la décennie noire. Le DRS, devenu incontournable dans tous les rouages de la vie civile et militaire de l'Algérie ces deux dernières décennies, devait s'orienter vers d'autres objectifs pour ses détracteurs devenus plus offensifs après la prise d'otages de Tiguentourine.

Les couacs économiques de l'Algérie doublée par le Maroc sur plusieurs dossiers dont elle avait la primeur sur son voisin a encore renforcé les critiques contre un DRS visiblement tourné vers l'intérieur au détriment du contre-espionnage.

Cette nouvelle phase dans la vie du Renseignement reprend une ancienne idée lancée par l'ancien ministre de l'Intérieur Noureddine Zerhouni, de fédérer tous les services de sécurité sous la seule direction de la sécurité nationale rattachée à la présidence mais tombée à l'eau à cause de la très forte opposition de Toufik. Rappelons que parler du DRS n'était plus devenu tabou depuis que Saïdani, SG du FLN, avait ouvertement critiqué son patron après la réélection de Bouteflika pour un quatrième mandat. Une partie de l'opposition, à sa tête, Louisa Hanoune du PT avait vivement réagi à ce qu'ils ont interprété comme un démantèlement du DRS surtout avec l'affaire Hassane, le limogeage de Toufik et la mise à la retraite de ses cadres. Des formations politiques déplorant aussi «le flou et l'opacité dans lesquels se sont déroulés les changements» au sein de l'Armée nationale populaire (ANP), notamment ceux intervenus au sein du DRS, «dans un contexte de vacance du pouvoir».

Pour sa part, Paris et Washington avaient déjà salué cette restructuration des Services, les Américains relevant, dans leur rapport annuel sur le terrorisme en 2015, une meilleure collaboration avec les services secrets algériens après les changements opérés par le président de la République dès la fin de l'année 2013 notamment la limitation des pouvoirs du DRS.