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Le cimetière de Aïn El Beïda presque saturé : L'enterrement des morts? un autre souci pour les Oranais

par J. Boukraa

La population de la wilaya d'Oran ne cesse de s'accroître. Cette croissance démographique a donné lieu à de nouveaux besoins, tous secteurs confondus, habitat, emploi, espaces de loisirs et même en cimetières. En effet, le problème de nouveaux espaces réservés pour l'inhumation des habitants de cette ville, dont la population a été multipliée par dix, voire plus, depuis l'indépendance à nos jours, se pose avec acuité. Les cimetières musulmans que possède Oran et qui datent de l'ère coloniale sont, dans leur majorité, arrivés à saturation aujourd'hui. A titre d'exemple, pour la commune d'Oran qui possède quatre cimetières musulmans (sans parler des petits cimetières familiaux), trois affichent déjà complet.

Selon M.Alaoui, directeur de la régie communale autonome des pompes funèbres, la régie communale d'Oran gère quatre cimetières musulmans à savoir : Moul Douma, Sidi El Ghrib, El Melh et Aïn El Beïda et le cimetière chrétien Tamazouat d'El Hamri. «Sur les quatre cimetières musulmans, trois sont complets. Il s'agit de Moul Douma, Sidi El Ghrib, El Melh», souligne notre interlocuteur. Dans les cimetières saturés, plus personne n'a le droit d'enterrer qui que ce soit. «Mais dans certains cas suite à la demande de la famille des défunts, il est encore possible, grâce à une dérogation exceptionnelle, de procéder à l'ouverture d'une ancienne tombe», dira M.Alaoui. La personne décédée doit être un ascendant ou un descendant de l'occupant de la tombe. Selon la loi sur la gestion des cimetières, il faut aussi que le premier enterrement ait été effectué depuis cinq ans ou plus. Autrement dit, il est possible d'enterrer plusieurs personnes dans une même tombe à condition de respecter un intervalle de? 5 ans.

D'autre part et selon le même responsable, «le cimetière de Aïn El Beïda accueille quotidiennement une moyenne de 23 inhumés. Avec ce rythme-là, d'ici quatre ou cinq ans, ce cimetière, l'unique ouvert actuellement à Oran, affichera complet. «Jai adressé une correspondance au président de l'APC d'Oran pour nous trouver un nouveau terrain. Aujourd'hui, la création d'un nouveau cimetière est devenue une urgence pour accueillir les futures dépouilles». Mais comment en est-on arrivé à cette situation ? Il faut savoir que les cimetières d'Oran datent de l'époque coloniale. En effet, le cimetière Sidi Ghrib ouvert avant 1792, d'une surface de 62 ares et 94 centiares, est le plus ancien cimetière musulman qui soit situé sur la rive gauche de l'oued Raz El Aïn.

Le cimetière Moul Douma a été ouvert en 1868, alors que celui connu sous le nom El Melh date de l'année 1929. Le cimetière musulman de Aïn El Beïda a commencé accueillir les morts à la fin de 1956. Depuis sa création, il a déjà connu deux extensions, en 1986 et en 2008. Avec ses 140 hectares, il est actuellement le plus grand cimetière de la ville d'Oran.

LE FICHIER NUMERIQUE AU SERVICE DES FAMILLES DES DEFUNTS

Vu que la majorité des cimetières de la commune d'Oran datent de l'ère coloniale, avant l'indépendance beaucoup de personnes mortes dans différents circonstances ont été inhumées sans la présence de leurs proches. La majorité a été admise à l'hôpital central d'Oran. Décédés, ils étaient inhumés par les pompes funèbres. Les patients morts étaient dispatchés entre les différents cimetières de la ville sans la présence de leurs familles. Le nombre des tombes a tellement grossi qu'il est devenu quasiment impossible pour les familles de les distinguer avec précision.

La régie communale autonome des pompes funèbres n'épargne aucun effort pour aider ces familles à retrouver les tombes de leurs proches et leur faciliter la recherche de toutes les tombes et à en informer leurs proches de leurs emplacements exacts. Selon M.Alaoui, «tous les registres de la régie ont été informatisés entre 2010 et 2012. La régie recense près de 1.800.000 tombes dont plus d'un million de tombes sont concentrées au niveau du cimetière de Aïn El Beïda». Ces fichiers informatisés permettent aux citoyens de connaître facilement la date et les lieux d'enterrement de leurs proches. Les fichiers comportent des données portant les noms des personnes décédées, le numéro de l'acte de décès, les dates d'enterrement et détermine le cimetière et le lieu de sépulture de manière précise. Les citoyens seront en mesure, grâce à la conception des cimetières indiqués sur le site, d'effectuer des visites virtuelles pour voir le lieu de sépulture de leurs proches.

L'opération d'informatisation des pompes funèbres a aussi autorisé la mise en place d'une cartographie des cimetières de la ville, ce qui a facilité les procédures administratives d'octroi des autorisations d'enterrement. D'autre part le site web de la régie communale des pompes funèbres (RCAPF) de la mairie d'Oran (pompesfunebres-oran-dz.com) enregistre depuis son lancement un taux de fréquentation élevé et en particulier de la part des ressortissants algériens résidant à l'étranger. Le site met à la disposition des visiteurs une banque de données mises régulièrement à jour des tombes de cinq cimetières de la ville.

D'IMPORTANTS TRAVAUX DE REHABILITATION

La régie des pompes funèbres a aussi tracé un plan d'action pour l'année en cours. Ce plan s'articule particulièrement sur l'entretien et l'aménagement des cimetières qu'elle gère. Il s'agit aussi de l'amélioration de l'environnement, la création des espaces de repos et de distraction, la réalisation de bureaux pour recevoir les visiteurs avec pour mission de les orienter et de les informer. Le cimetière de Aïn El Beïda a bénéficié de la réalisation d'un un mur de clôture type «cimetière chouhada», la réalisation et l'aménagement de quatre parkings, la réalisation d'espaces verts et la création des allées piétonnes, pour faciliter la circulation des piétons. Les cimetières de Sidi Ghrib, El Melh et Moul Douma ont aussi bénéficié de plusieurs actions, certaines ont été achevées et d'autres sont en cours.

Si les cimetières de la commune d'Oran ont eu cette chance d'être entretenus et réhabilités, d'autres cimetières notamment ceux des communes limitrophes sont dans un état qui laisse vraiment à désirer. Ainsi et en attendant le lancement officiel de l'EPIC de gestion des pompes funèbres et des cimetières (EGPFC) annoncé depuis plus de 6 ans, les cimetières de certaines communes d'Oran continuent d'être délaissés. L'EPIC se chargera de la gestion des 49 cimetières de toutes les communes de la wilaya d'Oran qui devront lui dégager un budget de leurs fonds.