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MECHERIA: Tension sur le lait en sachet

par M.S. Laradji

Mercredi, 14e jour du ramadhan, il est 10h du matin. Le baromètre affiche déjà 38 °C, la chaleur est suffocante et l'air irrespirable. La route qui mène au marché hebdomadaire est très animée en ce début de matinée. Voitures, motos, piétons circulent dans un désordre apparent en direction du marché et au milieu d'un vacarme assourdissant. La foule qui se rend au marché est à prédominance femmes au foyer qui affluent en groupes, lestées de leurs sacs à provisions, d'autres traînent derrière elles un chariot. A l'intérieur, le marché est bien achalandé, les étalages sont bien fournis, légumes, fruits, dattes et autres produits alimentaires fraternisent côte à côte.

Les conditions d'hygiène semblent acceptables, de l'avis des clients. De nombreux citoyens rencontrés sur place ont exprimé leur satisfaction de voir le marché suffisamment approvisionné et les prix abordables. «Il est vrai que contrairement aux années précédentes où les salariés ont été mis à rude épreuve par la cherté des prix des produits alimentaires durant le mois sacré, cette année, ils respirent mieux», constate un père de famille. En effet, les légumes et les fruits sont à la portée des petites et moyennes bourses. L'offre a dépassé la demande pour plusieurs denrées alimentaires, à l'exemple de la pomme de terre et l'oignon cédés entre 40 et 50 DA ou encore la tomate, la courgette, le concombre ne dépassant pas la barre des 60 DA le kilo. Même les haricots verts, très prisés par les jeûneurs sont restés depuis le début du mois sacré largement à la portée du couffin de la ménagère en affichant 70 DA le kilo, au même titre que les poivrons, cédés au même prix. Seule la carotte est sortie du lot en brandissant honteusement la plaque des 100 DA le kilo.

Les dattes, en véritable seigneur de la table du jeûneur, sont proposées à des prix variant entre 500 et 250 DA.

Les Mechraouis, en de pareille occasion, préfèrent généralement les dattes dites «adma» associées au beurre et au romarin, un mets appétissant et nutritif pour les jeûneurs. La commercialisation des viandes rouges et blanches au niveau de ce marché à ciel ouvert n'est pas autorisée, voire réprimée par les lois régissant le commerce informel. Pour s'en approvisionner, il faut rejoindre le centre-ville, du côté de la place du marché couvert, entourée de commerces et de boucheries modernes, qui exposent leurs meilleures qualités avec aux devants de la scène l'indétrônable viande d'agneau qui affiche fièrement 1200 DA le kilo. Nombre de clients interrogés ont fait le constat selon lequel certaines catégories de viandes ont connu une hausse sensible durant cette première quinzaine du mois sacré. Ainsi, la viande de veau, vendue avant le ramadhan entre 700 et 750 DA, affiche aujourd'hui 8500 et 900 DA. Les biftecks (habra), vendus d'habitude à raison de 1000 DA le kilo, sont passée à 1200 DA. Dans cette catégorie de viandes, le foie de mouton et celui du veau, on ne sait pour quelles vertus, battent tous les records durant ce mois de ramadhan. Le premier est vendu, tenez-vous bien, à raison de 2200 DA le kilo et le second à 1600 DA le kilo, au pays du mouton, ironise un passant. Il y a lieu de noter que les prix des viandes dites tendres comme le foie de mouton, de l'avis de salariés, sont fixés selon l'humeur des bouchers et n'obéissent à aucune règle, sinon comment expliquer que le même produit chez certains bouchers de quartiers ne dépasse pas la barre des 1600 DA. L'écart est énorme, constate-t-on. Les viandes blanches, par contre, n'ont pas dérogé à la règle en maintenant le prix à 260 DA, à la grande satisfaction des familles à faibles revenus.

Malgré un début prometteur, la vente du lait en sachet connaît, ces derniers temps, une tension visible à tous à cause de l'indisponibilité de ce produit en quantité suffisante. Selon un revendeur du centre-ville, ils sont normalement 7 camions à assurer quotidiennement l'approvisionnement de la localité en lait à partir des wilayas avoisinantes notamment Saïda, mais ils seraient seulement trois d'entre eux, aujourd'hui, qui assurent régulièrement le transport, toujours selon lui, d'où l'insuffisance du produit sur les étalages. Une déclaration à confirmer ? Mais si c'est le cas, les brigades de contrôle ont du pain sur la planche.