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Les vieilles recettes

par Moncef Wafi

La sortie médiatique de Ahmed Ouyahia aura eu au moins le mérite d'emballer la scène politique qui s'enlisait peu à peu dans une torpeur estivale. Les suggestions du désormais patron du RND ont fait réagir les uns et les autres redonnant du coup une légitimité de façade et des raisons d'une existence dans le paysage partisan pour les formations dirigées par des ministres décriés par l'opposition.

En formulant ses propositions d'un pôle politique autour du président de la République, Ouyahia n'a rien inventé et se contente de recycler cette vieille recette de soutien chère aux partis satellitaires. Le débat n'en est pas un puisque les réponses étaient connues d'avance. Adhésion pour les formations politiques dites de relais d'El Mouradia, wait and see pour les autres et rejet total du côté de l'opposition qui n'y voit qu'une autre manière de consacrer le statu quo actuel. Le pôle de Ouyahia, même s'il remet en selle des sigles politiques sans aucune consistance que celle de soutenir le programme présidentiel, est battu en brèche par les ambitions de leadership nourries par Saadani.

Le SG du FLN, sorti conforté de sa guerre avec l'opposition interne et des soutiens extérieurs, exige que pour l'adhésion de son parti à ce conglomérat partisan, il en soit la locomotive. Allant jusqu'à proposer une autre enseigne que celle proposée par Ouyahia et son ouverture à d'autres partis, Saadani cherche ouvertement à se positionner sur l'échiquier politique et à endosser le rôle de «zaïm» dans cette Alliance présidentielle new-look. Quelle sera la réaction de Ouyahia ? Connaissant maintenant la mission du revenant alors que lui-même revendique sa qualité de commis de l'Etat discipliné, le plus logique c'est que l'ancien chef de gouvernement s'associe à la proposition du FLN et que le Front s'élargisse aux autres sigles politiques. Quid de TAJ de Ghoul et du MPA de Benyounès, rien sinon de cautionner comme d'habitude les initiatives venues d'en haut.

Du côté d'une opposition accusée de tous les maux, la sortie de Ouyahia s'apparente à un non-événement. Le MSP se dit pas concerné «ni de près ni de loin» alors que Louisa Hanoune pense que le temps du paternalisme, menaces selon d'autres lectures, est «révolu». Fidèle à sa ligne de conduite, la première responsable du PT critiquera le soutien affiché aux oligarques coupables à ses yeux de faire main basse sur les circuits de commande de l'Algérie. L'été s'annonce long et surtout fastidieux avec un menu indigeste servi à toutes les sauces possibles et ces passes d'armes aussi vieilles qu'inutiles entre opposition et partis au pouvoir.