Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Commerce : 30 millions de dollars pour l'importation de sauces-salades !

par Yazid Alilat

L'Algérie, qui fait face à une drastique baisse de ses recettes d'hydrocarbures sur fond de chute de sa balance commerciale au 1er trimestre 2014, continuera à importer fruits et légumes, dont le kiwi et la banane. C'est ce qu'a affirmé hier mardi à la radio nationale le directeur général du commerce au ministère du Commerce, M. Lies Ferroukhi. ?'On continuera à importer des fruits et des légumes, qui ne sont pas produits ou en production restreinte en Algérie'', a-t-il affirmé avant de préciser qu'on va ?'continuer à importer du kiwi et des bananes, et des fruits secs''. Ces postes ne représentent, selon lui, que ?'400 millions de dollars sur les 60 milliards de dollars'' dans la balance commerciale en 2014. Pour autant, ?'l'essentiel des importations, ce sont des produits et des inputs de production et des équipements'', soit 1/3 des importations globales de l'Algérie. Pour la consommation, il a précisé que les céréales, le sucre, le lait et l'huile représentent entre 9 à 10 milliards de dollars. ?'Ce sont des produits nécessaires au marché national, car on n'a pas la capacité de les produire, de satisfaire à 100 % notre marché national. On continuera à les importer''. M. Ferroukhi a par ailleurs soutenu qu' ?'on va continuer à importer pour soutenir les grands projets infrastructurels'' qui ne représentent qu'un tiers du volume global des importations. Et puis, il lâche cette information extraordinaire: ?'on a constaté des importations pour 30 millions de dollars pour l'achat de sauce pour salade. C'est désolant!'' M. Ferroukhi précise ainsi une ?'substitution à ces importations une production nationale et créer des postes de travail''. Mais, dans l'absolu, ?'on ne peut interdire l'importation de ces produits'', ajoute-t-il. Bien sûr, ?'il y a quelques produits soumis à une autorisation d'importation, mais l'activité est libre en Algérie qui a opté pour la liberté de commercer'', relève-t-il avant de souligner qu' ?'on peut être protectionniste sur certains produits, mais avec des raisons valables sur le plan international''.

M. Ferroukhi, qui est revenu sur le projet de loi sur les licences d'importation actuellement en discussion à l'Assemblée nationale, a estimé qu'on ne ?'peut interdire l'entrée sur le marché national d'un produit sans motif valable, tout en protégeant le producteur national''. Il a par ailleurs affirmé qu'il n' y a ?'aucune blacklist'' de produits prohibés à l'importation au ministère du Commerce. ?'Le jour où on mettra en place les licences d'importation, on fera comprendre à tous les importateurs et opérateurs la vision du gouvernement algérien en matière de protection du consommateur national et de la production nationale'', précise-t-il avant d'expliquer que ?'nous allons continuer à importer, mais en quantité limitée. Les licences (d'importation) porteront sur les contingents. On va voir le niveau de satisfaction du marché national par la production nationale et l'écart sera soumis à licences et donc à un tonnage préétabli''. Pour les ciments, l'écart entre la production nationale et la demande du marché sera, a-t-il souligné, soumis à des licences d'importation. En fait, il y aura une mise en place des licences d'importation par produits, et non pas par importateurs, a-t-il détaillé, avant de confirmer que le gouvernement a pris la décision de faire accéder l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) où ?'on aurait dû être depuis longtemps''. M. Ferroukhi est revenu, d'autre part, sur la politique du gouvernement dans le soutien aux exportations hors hydrocarbures. Cependant, il estime que si on ?'peut accéder aux marchés extérieurs par produits, il faut d'abord satisfaire le marché national et exporter le surplus''. Il indique que l'Etat soutient les exportateurs et que le ministère du Commerce gère un compte d'affectation spéciale (CAS) dédié au soutien des exportateurs. Pour autant l'enveloppe annuelle allouée à ce fonds n'est consommée qu'à hauteur de 20%. Pourquoi? Tout simplement parce qu'il n'y a pas ?'beaucoup d'exportateurs'', affirme-t-il. Pour cette opération, il faut notamment ?'des moyens logistiques pour développer l'exportation''. ?'Si on n'a pas un pavillon national pour transporter le fret, les moyens de stockage, une gestion moderne des stocks, des intrants, des transports, on ne peut être compétitifs sur le marché international'', résume-t-il en rappelant qu'on ?'mène une politique de soutien à la production nationale depuis plusieurs années''. Enfin, le directeur général du commerce extérieur a rappelé que le gouvernement continuera sa politique de subvention des produits de large consommation, dont le sucre, même s'il est utilisée dans l'industrie agroalimentaire. Pour lui, en matière de subvention des prix, ?'il faut une subvention ciblée'' de produits qui profitent aux travailleurs et bas salaires en premier lieu.