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Djamel Guétary (président ) : «Cette accession relève du miracle»

par A. Mallem

Djamel Guétary, 50 ans, commerçant de son état, n'en est pas à son premier succès à la tête de la JSMS. Il a déjà participé à l'accession de la JSMS en 2007 en figurant dans le staff dirigeant avec le président Djekrif. Aussi, c'est en connaisseur qu'il nous parle de ce véritable coup de maître qu'il vient de réaliser avec les « V noirs » en les faisant accéder en Ligue 2 professionnelle.

Le Quotidien d'Oran : Cette accession est synonyme d'exploit ?

Djamel Guétary : Je dirais même plus, cela relève du miracle. Et pour cause, nous avons démarré avec des moyens dérisoires, sans siège ou même un bureau pour nous réunir. Autant dire rien. Nos réunions se déroulaient au siège d'un club local. Côté finances, nous avons démarré avec mon chéquier personnel et en sollicitant des prêts pour motiver les joueurs avec une avance de deux mois de salaires tout leur remettant des chèques de garantie correspondant à trois autres mois. Ajoutez à cela le problème de la dette envers d'anciens joueurs et entraîneurs qui, par l'intermédiaire d'huissiers, prélevaient 25% de chaque somme versée dans le compte bancaire du club. Et nous avons subi ainsi des pressions énormes jusqu'à la mi-octobre lorsque nous avons reçu la première subvention de 2,5 milliards de centimes émanant de la commune. Et sans la confiance des joueurs et du staff technique, on n'aurait pas pu continuer.

Q.O.: Aviez-vous tablé sur l'accession au départ ?

DJ. G : A la JSMS, il ne faut jamais affirmer le contraire au risque de se mettre à dos les supporters et toute la population. Pour eux, Skikda ne peut que jouer l'accession. A Skikda, il y a la Sonatrach, GNL, GMPK, la raffinerie, l'entreprise du port, beaucoup d'entrepreneurs, alors comment se contenter du maintien, s'interrogeraient les supporters ? Selon ces derniers, ces entreprises ne devaient pas tourner le dos à la JSMS. Or, la réalité est toute autre. Avant nous, des gens ont travaillé durant quatre ou cinq années, ont dépensé des sommes considérables, mais sans aucun résultat.

Q.O.: Combien a coûté l'accession au club ?

DJ. G.: La phase aller ne nous a coûté que 2 milliards 700 millions de centimes. Et la phase retour 5 milliards. Au total, l'accession nous a coûté 7,5 milliards. C'est l'accession la moins chère comparativement à celles réalisées cette saison dans différents paliers.

Q.O.: A partir de quelle journée vous avez senti l'équipe capable d'atteindre son objectif ?

DJ. G.: C'est après le match gagné contre le MSPB à Batna, d'autant que l'équipe avait une avance de huit points sur ses poursuivants immédiats, le MOC et l'USB, que l'accession se dessinait. Mais paradoxalement, c'est à partir de ce moment que les difficultés ont surgi, les joueurs réclamant leurs arriérés de salaires menaçaient de faire grève. Et l'opposition avait sauté sur l'occasion pour créer la zizanie. Heureusement que les joueurs ont fait preuve de sagesse et tout est rentré rapidement dans l'ordre.

Q.O.: Le wali souhaite voir le club accéder en Ligue 1. Etes-vous prêt pour l'aventure ?

Dj. G.: Nous lui avons répondu que cela demande beaucoup d'argent et de moyens. Il s'engage à nous aider grâce à des sponsors et des entrepreneurs de la wilaya qui nous ont octroyé déjà la somme de 1 milliard et 50 millions de centimes. Les supporters et la population aussi sont dans leur droit de revendiquer cet objectif. Malheureusement, pour ma part, je ne peux pas m'investir sans des garanties. Donc je ne peux me lancer dans une bataille sans armes et risquer de me casser les dents. Nous avons déjà tenté cette expérience en 2010, au temps du président Hadiby, mais elle a échoué. Prenons en exemple l'expérience faite cette saison par le DRB Tadjenanet qui a accédé grâce à l'apport de la commune et de la wilaya. Et nous, en ce moment, nous sommes à la case départ et comme chaque saison, nous ne disposons pas de moyens adéquats pour préparer le nouvel exercice. C'est la réalité de la JSMS et de beaucoup d'autres clubs algériens.

Q.O.: A qui dédiez-vous cette accession ?

Dj. G.: A ma famille et à mes amis qui m'ont beaucoup soutenu. Aux joueurs et au staff technique qui m'ont toujours fait confiance et écouté. Aux supporters qui se sont montrés exemplaires, tant à domicile qu'à l'extérieur. Enfin, aux membres des services de sécurité qui ont su gérer et maîtriser des rencontres avec des galeries de 40 000 spectateurs sans le moindre accroc. Je leur tire chapeau !