Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

L'Institut national de cartographie s'ouvre au public

par Rekibi Chikhi

« La carte est une mission étatique hautement sensible, des traités et des conventions régissent les rapports entre les gouvernements dans ce domaine», nous a indiqué hier M Benzaama, le conseiller du directeur général de l'Institut national de cartographie et de télédétection (INCT). Cet institut organise depuis hier 4 mai et jusqu'au 6, des journées autour de l'information géographique au niveau du Centre d'information régional (CIR) de la 5e Région militaire de Constantine. «Le ministère de la Défense nationale (MDN) veut se rapprocher, à travers ces journées, de la société civile», a-t-on précisé lors de la cérémonie d'ouverture de ces journées, et marquer sa présence dans l'enrichissement du programme tracé dans le cadre de ??Constantine capitale de la culture arabe''. L'INCT, cette entreprise publique à caractère industriel et commercial (EPIC), «a remporté, par sa carte en relief d'Afrique, le premier prix lors d'une conférence internationale traitant du thème de la cartographie, tenue en 2002 en Hollande», a-t-il encore relevé. Les principales missions de cet institut étant la production, la collecte, la conservation et la diffusion de l'information géographique. Il est chargé également d'apporter ses compétences aux différents organismes publics ou privés. L'INCT est représenté par trois établissements régionaux à Oran, Constantine et Ouargla qui assurent des travaux d'intérêt général dans le domaine de la production de l'information géographique et répondent aux besoins des clients locaux.

Les deux ailes que comporte l'exposition retracent le processus de l'élaboration d'une carte depuis «la prise de vue aérienne, qui se fait d'une manière systématique par deux avions bien équipés, des Beechcraft (un B 200 et un B 350) qui sillonnent tout le territoire national», nous a appris M. Benzaama. Les miniatures de ces deux appareils sont présentées aux visiteurs au niveau de l'exposition. Ce travail devra être complété par des prises de vue terrestres, pour avoir des cartes bidimensionnelles ou planes. Après la correction des erreurs, qui se fait à la base, des prises de vue aériennes et terrestres, un changement de la base de données numériques est opéré. A partir de cette donnée numérique mise à jour, on aura une carte exploitable avec légende et des signes repères et qui se base sur la bibliothèque des cartes de scannage. «Une copie, appelée preuve d'essai, nous explique une technicienne, est envoyée à la wilaya pour d'éventuelles vérifications et garantir la fidélité, le nom d'un oued ou d'une localité changé peut fausser une carte géographique, une fois les corrections opérées, on aura enfin l'épreuve finale».

M Benzaama poursuivra, pour sa part, «on peut recourir, le cas échéant, à des prises de vue spatiales par satellite, l'Agence spatiale algérienne (ASA) fournit des photos qui, vu leur précision, ne sont utilisées que pour la gestion des catastrophes naturelles». Et d'ajouter «pour les hautes précisions exigées par certains secteurs, le secteur de l'urbanisme, à titre d'exemple, on travaille avec des partenaires internationaux, américains, européens, russes, chinois et indiens». Signalons qu'une maquette en relief de la wilaya de Constantine à l'échelle 1/200.000 est exposée ainsi qu'une mosaïque de la ville de Constantine, réalisée en 2012 par une caméra D MC, Digital Mapping Camera, à une résolution de 18 cm. A propos de cette maquette, M. Brihoum Ammar, le chef de service contrôle et validation, nous dira «c'est une photo très complète et très précise, de par sa bonne résolution, on peut y trouver tous les petits détails, chaque 18 centimètres carrés de Constantine est visible sur la photo». «Le besoin de comprendre le lieu de la part des gouvernements et du secteur privé devient de plus en plus croissant, étant un outil vital dans la prise de décisions correctes et influentes», a tenu à préciser M Benzaama, le conseiller du directeur général du l'INCT. Et d'ajouter que «les cartes élaborées par l'institut sont des cartes officielles, bénéficiant d'un code de dépôt légal, une carte faussée peut soulever des questionnements, les faussaires peuvent aller devant les tribunaux pour cela». Soulignons à la fin, que l'INCT élabore, selon un barème des prix, des plans de villes, des cartes marines, des cartes en relief, des travaux de reproduction, des cartes topographiques. Il réalise aussi des travaux de scan et des cartes vectorisées y compris le fichier numérique des limites administratives de l'Algérie. Parmi ses publications, citons le livre des feux, le catalogue des cartes numériques, les cartes scolaires, les répertoires de la géodésie et les cartes générales «Atlas». Le bulletin des sciences géographiques, au comité de lecture de ce bulletin, figure M. Côte Marc, un professeur émérite de l'université de Provence, natif de Constantine.

A partir de la carte de base, les différents secteurs peuvent demander des cartes thématiques dans lesquelles ils peuvent ajouter leur propre valeur ajoutée, par exemple, la Sonatrach ajoute son réseau de pipelines et gazoducs, les cartes en relief sont plus à caractère éducatif et une coédition gérée par le code des marchés peut avoir lieu avec les professionnels du tourisme, qui peuvent déposer leurs logos et mettre en évidence un circuit touristique. «En somme, une EPIC qui se porte bien» affirme notre interlocuteur à la fin.