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Commerce : Les licences d'importation pour les investisseurs seulement

par M. Aziza

Seuls les résidents nationaux bénéficieront du crédit à la consommation dont le décret sera officiellement publié dans le Journal officiel dans 15 jours et sera appliqué par décision du 1er ministre avant le mois de Ramadan. C'est ce qu'a indiqué hier Amar Benyounès, ministre du Commerce, lors du lancement de la semaine de sensibilisation «consommer algérien» à l'hôtel Aurassi d'Alger.

Benyounès a livré quelques détails sur le crédit à la consommation, affirmant que tous les produits algériens sans exception seront éligibles à ce crédit. «Peu importe le taux d'intégration, fabriqués ou assemblés en Algérie, tous les produits made in Algeria seront concernés par le crédit à la consommation », a souligné le ministre en précisant en outre qu'en matière de remboursement, le montant de la mensualité ne doit pas dépasser les 25 % du revenu du demandeur de crédit.

Faut-t-il rappeler que toutes les banques peuvent financer la totalité du prix du produit national dans le cadre du crédit à la consommation. Il faut également savoir que ce crédit ne sera pas bonifié par l'Etat. Cela veut dire que les taux d'intérêt seront fixés par les banques conformément à la réglementation.

Pour le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens, UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, le crédit à la consommation est un des outils qui permettra de favoriser les produits nationaux et d'augmenter la production nationale et créer des postes d'emploi. Un moyen également pour substituer progressivement le produit importé par le produit local.

Sidi-Saïd trouve inconcevable le fait que notre pays importe 300 millions de dollars de poisson congelé et 50 millions de dollars de chewing-gum. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelouahab Nouri, abonde dans le même sens en dénonçant l'import-import, à l'origine du ralentissement de la production nationale. Pour Nouri « il est inacceptable d'importer de la farine, du pain, du couscous, des pâtes en général, alors que le pays dispose d'une plateforme industrielle importante, de quoi répondre aux besoins locaux et avec la capacité de mener des opérations d'exportation ».

Le ministre de l'Agriculture s'insurge contre le fait qu'on importe 600 produits alimentaires de 160 pays étrangers dont la majorité sont produits et sont en abondance dans notre pays. Il a cité à deux reprises l'importation d' «eau minérale », des boissons gazeuses, des carottes, des navets, du jaune d'œuf, margarine et formage et la liste est très longue, dit-il. Le ministre s'interroge : a-t-on réellement besoin d'importer ces produits qui sont en abondance chez-nous, dans un contexte marqué par une diminution des recettes en devises ?

Le ministre de l'Agriculture a affirmé que nos producteurs, hélas, subissent une concurrence déloyale sur le marché et rencontrent toutes les difficultés du monde pour écouler leur marchandise. Le ministre a cité le cas des agrumes: les producteurs nationaux d'oranges se font concurrencer en pleine saison et en pleine production par des produits importés. C'est le cas aussi pour certains légumes qui, malgré leur disponibilité sur le marché local, se font concurrencer par des produits importés, en citant l'importation l'année dernière d'oignons de pays du Golfe, alors que la production nationale avait atteint des niveaux records, ce qui a induit des pertes considérables de la production nationale, selon le ministre.

Le ministre de la Pêche, Sid-Ahmed Ferroukhi a estimé pour sa part que pour consommer algérien il faut produire algérien. «Il ne suffit pas de s'adresser aux consommateurs seulement, mais il faut en parallèle développer toute la chaîne de la production, de la transformation aux services, de la formation à la recherche».

Le président du Forum des chefs d'entreprise Ali Haddad a, pour sa part, dénoncé les partisans et ceux qui entretiennent le statu quo «un statu quo voilé par des faux débats stériles, faits d'amalgames insidieusement entretenus et qui, en définitive, ne visent qu'à entretenir cette situation», a-t-il souligné en concluant: «un statu quo qui nous coûte cher: 60 milliards de dollars».

L'ETAU SE RESSERRE DAVANTAGE SUR LES IMPORTATEURS

Les licences d'importation seront octroyées principalement aux importateurs ayant des investissements ou ceux qui veulent se lancer dans la production. C'est ce qu'a laissé entendre Amara Benyounès en évoquant, encore une fois, l'introduction des licences d'importation pour recadrer certaines importations, en citant l'importation des véhicules et du ciment.

Le ministre cite l'exemple du ciment en affirmant que nos besoins d'importation se limitent à 3 ou 4 millions de tonnes seulement et que des licences d'importations seront octroyées prioritairement aux importateurs qui ont déjà investi dans le domaine du BTPH.

Benyounès a, en outre, tiré à boulets rouges sur certains importateurs en affirmant qu'ils ont une quinzaine d'années dans l'importation, avec un volume financier qui varie entre 100 à 200 millions de dollars par an, mais ils n'ont jamais investi un centime dans leur pays.

Le ministre du Commerce a également annoncé que son département va faire appel, à travers, l'organisme du contrôle l' «IANOR» à des experts étrangers pour contrôler les marchandises importées avant leur introduction en Algérie.

Le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, a affirmé pour sa part que l'Etat a mis en place un dispositif pour suivre et orienter les commandes publiques vers des entreprises qui assurent certains produits dans le domaine industriel, pour réduire les importations. Il cite les câbles qui sont déjà produits à Biskra, les transformateurs qui sont déjà produits à Relizane, sans citer tous les produits qui sont déjà disponibles en qualité et en quantité au niveau local.