Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

TLEMCEN: La prise en charge médicale se dégrade à la polyclinique de Kiffane

par Khaled Boumediene



Les instructions du ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, ne semblent pas être suivies à la lettre, du moins au niveau de la polyclinique de Kiffane (commune de Tlemcen). En effet, si l'on se fie à certains témoignages émanant de plusieurs malades chroniques et personnes âgées hypertendues, la prise en charge médicale au niveau de cette structure sanitaire se détériore, et les besoins primaires de santé sont même perturbés. Lors d'une tournée à cette unité sanitaire, qui assure les consultations et soins de 8 à 20 heures, nous avons constaté de visu certaines défaillances décriées par de nombreux patients. ?'Regardez cette foule qui s'entasse ! A part quelques-uns, aux compétences personnelles et professionnelles, qui font leur travail avec conscience et dévouement, les autres, on ne les voit pratiquement pas ! Il est loin le temps où nous étions accueillis avec une attention chaleureuse et rassurante. C'est stressant ! Nous n'avons plus nos repères habituels, et vraiment on s'inquiète pour notre santé et notre avenir'', avoue, avec anxiété, un hypertendu âgé de 70 ans se trouvant en détresse physique, qui fait la chaîne pour être consulté par le seul médecin de garde. Ce sentiment de désaveu est aussi ressenti par une mère de la grande cité d'Imama, qui accompagne son fils souffrant de fièvre et nausées : ?'Est-ce normal qu'un seul médecin assure la consultation des milliers de citoyens qui se relayent pour le soin de leur pathologie grave ou bénigne, surtout après 16 heures ? Est-ce normal que cette polyclinique, souvent bondée de patients, ne dispose même pas de seringues pour assurer les soins traditionnels ?''. Ces avis sont partagés par de nombreuses personnes de la cité de Kiffane, déplorant les conditions de prise en charge médicale au niveau de la clinique en question et la désorganisation du service. ?'Le patient qui fréquente souvent cette infrastructure sanitaire, dans un état de vulnérabilité, ne ressent aucunement le besoin d'être épaulé par du personnel compétent afin de retrouver son équilibre. Aucun soutien psychologique n'est apporté au patient qui se présente pour une injection, un rhume ou un problème plus grave, qu'il ne tolère pas l'attente'', se lamentent-ils. Dans cette polyclinique, les patients s'accrochent aux «blouses blanches» présentes pour demander de l'aide. Leur attente peut durer des heures et des heures, s'ils ne trouvent pas quelqu'un pour les soutenir. Pourtant, cette infrastructure sanitaire, ajoutent-ils, a été récemment retapée à neuf et tous ses équipements médicaux et radiologiques renouvelés par l'entreprise publique de santé publique (EPSP) de Tlemcen. Y a-t-il donc une perte d'intérêt pour la profession, ou tout simplement quelques soignants exercent à contrecœur leur métier pourtant considéré comme très noble chez d'autres. Si dans d'autres structures avoisinantes, la qualité du soin technique est un critère qui ne peut en aucun cas être négligé au risque de mettre le patient en danger, car la maîtrise parfaite du geste est considérée par les soignants comme un outil indispensable permettant au soignant de dépasser le rôle sur prescription pour s'attacher à la prise en charge globale du patient en des moments difficiles, au niveau de la polyclinique de Kiffane, on est loin de l'aspect humain de ce noble métier, par le comportement individuel ?'irresponsable'' de certains individus.