Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Manque d'entretien, non-remise en état? : Quel remède contre la dégradation continue de la voirie urbaine ?

par Houari Saaïdia

L'entretien et la remise en état de la voirie figuraient en tête de l'ordre du jour du conseil de l'exécutif local, tenu en fin de semaine à l'hémicycle. C'est sous l'intitulé -assez caricatural- de «Nid-de-poule et tranchée» que le wali a mis sur le tapis ce dossier, récurrent et inéluctable. Mais à vrai dire, la situation de la voirie urbaine dans la wilaya d'Oran, en général, est bien pire que l'image que renvoie le titre «générique» dont use le chef de l'exécutif pour exposer à grands traits l'état des lieux. Le mal de nos artères et ruelles, on le sait tous, est beaucoup plus profond pour qu'on puisse le réduire au simple diagnostic de petites cavités dans la chaussée qui se créent, çà et là, lorsque le revêtement routier s'effrite et que les matériaux de remblais se dispersent, et autres excavations longues et étroites pratiquées dans le sol. «Inscrivez les nids-de-poule et les tranchées sur votre tableau de bord. Je veux une prise en charge substantielle de l'entretien de la voirie», dira Abdelghani Zâalane aux chefs de daïra. On s'en souvient, le wali avait, peu de temps après sa prise de fonctions à Oran, consacré une longue réunion à la problématique de la non-remise en état de la voirie par les concessionnaires de réseaux, à l'encontre desquels il avait brandi la menace de l'action en justice, visant les contrevenants en tant que personnes physiques, concernant les dispositions réglementaires et légales relatives à l'intervention sur la voirie (Ndlr: le décret exécutif N°04-392 du 1er décembre 2004, relatif à la permission de voirie), notamment celles ayant trait à la remise en état de la voirie. Plusieurs mois après, il semble a priori que les opérateurs Sonelgaz, Seor et Algérie Télécom n'ont pas appris la leçon au regard des cas de «récidive» qui se comptent par centaines à travers le réseau routier communal, départemental et même national. «Dorénavant, je n'hésiterai pas une seule seconde à poursuivre en justice personnellement les responsables concernés. Ils auront des comptes à rendre, ça c'est sûr, mais ça sera devant le tribunal. Ça sera des actions en justice, je précise bien, contre des individus et non seulement contre leurs entreprises employeuses», avait mis en garde le wali il y a plusieurs mois. Plus que toute autre grande ville du pays, peut-être, les dispositions relatives à l'autorisation de voirie sont transgressées à Oran, notamment en ce qui concerne la phase «post-travaux». A quelques rares exceptions près, la remise en état de la voirie est inobservée. Les «plaies» occasionnées par les divers chantiers ciblant le domaine public national ou départemental sont laissées grandes ouvertes ou grossièrement suturées, générant ainsi d'énormes désagréments pour la population et la collectivité et altérant le paysage urbain. Les opérateurs doivent changer de comportement en faisant preuve de plus de responsabilité vis-à-vis de ce volet. L'administration, elle aussi, doit faire montre de plus de répression à l'égard des contrevenants en vertu des prérogatives qui lui sont dévolues par la loi. La problématique de l'intervention sur les voies publiques (routes, trottoirs, espaces publics, dépendances ou accotements, réseaux, etc.) reste encore l'un des points noirs d'Oran. Un constat seriné maintes fois à tous les modes et sur tous les tons.

Les travaux d'utilité publique souffrent de malfaçons exécutées par des permissionnaires sur des réseaux d'AEP, d'assainissement, d'électricité et autre pose de câble de la fibre optique par Algérie Télécom. A dire vrai, des travaux où la défection est criante et la coordination laisse à désirer, sinon absente entre les différents intervenants. Les permissionnaires ne jugent pas utile, en dépit du décret exécutif relatif à la remise en état des lieux, d'assurer comme il se doit la tâche qui reste une plaie béante dans le tissu urbain.

Dans la plupart des cas, le permissionnaire prend ses cliques et ses claques, laissant les tripes de la voirie en l'air. Il refuse de satisfaire aux prescriptions qu'impose le décret sus-indiqué. Mais en cas de dégradation constatée, la remise en état des lieux devra être effectuée par le maître d'ouvrage, aux frais de l'intervenant, plutôt du contrevenant.