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Médicaments : Les pharmaciens dénoncent la vente concomitante

par El-Houari Dilmi

« Parce que l'espérance de vie augmente en Algérie, parallèlement au nombre en constante augmentation des malades chroniques, il est normal que la facture d'importation des médicaments augmente pour dépasser les deux milliards de dollars cette année», a indiqué jeudi sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale M. Fayçal Abeb, président du syndicat algérien des pharmaciens d'officine (SNAPO).

Estimant qu'il «n'y avait pas à s'inquiéter outre mesure du renchérissement de la facture d'importation des médicaments», le président du SNAPO a plutôt plaidé pour une «rationalisation de l'utilisation des médicaments et éviter le gaspillage». «Il faut absolument encourager l'utilisation des génériques et surtout expliquer la signification aux malades, lesquels ont tendance à bouder ces médicaments, tout comme les prescripteurs, c'est-à-dire les médecins», a-t-il insisté. «Tout le monde ne fait pas le même effort pour expliquer aux malades que le générique est le même médicament que le principe actif contenu dans la molécule d'origine» a affirmé l'invité de la radio en ajoutant que les pouvoirs publics «doivent faire l'effort de combattre les positions de monopole des importateurs de médicaments». Au sujet des pénuries de certains médicaments, le président du SNAPO dira que «les gens, conditionnés par une certaine culture de consommation, ont tendance à parler de pénuries, alors que leurs équivalents génériques existent dans les pharmacies. Ceci dit, s'il est constaté réellement le manque de certains médicaments sur le marché, cela est dû aux perturbations dans la chaîne d'approvisionnement et de distribution», a-t-il indiqué. Reconnaissant la pénurie de certains médicaments sur le marché, M. Fayçal Abeb l'imputera à ce qu'il a qualifié de «diktat et de vente concomitante de la part de certains importateurs et grossistes qui sont en situation de monopole» parce qu'ils «exigent des officines de s'approvisionner en d'autres produits moins demandés». Dans le but de mettre un terme «à ce pernicieux phénomène qui pénalise lourdement les pharmaciens d'officine», le président du syndicat des pharmaciens d'officines annoncera la «prochaine institution d'un cahier des charges, en concertation avec le ministère de la Santé, contenant des clauses précises, destiné à instituer et à baliser la bonne pratique de la distribution des médicaments ».

«CEDER LES PHARMACIES DE L'ENDIMED AU DINAR SYMBOLIQUE»

Le président du SNAPO rappellera, par ailleurs, qu'il existe, actuellement, 9.130 pharmaciens d'officines privées à travers le pays, auxquelles s'ajoutent 920 établissements de l'entreprise nationale de distribution des médicaments (ENDIMED) «qui sont sans pharmaciens». «Cela est une aberration, alors que des pharmaciens, formés dans les universités algériennes sont au chômage». Il propose que ces officines soient cédées à ces jeunes chômeurs au dinar symbolique. Expliquant que le pays compte actuellement 620 grossistes contre 125 importateurs de médicaments, M. Fayçal Abeb, plaidera pour une «remise en ordre du secteur de la pharmacie en Algérie», se félicitant, au passage, du «dialogue constructif» ouvert avec le ministre de la Santé pour «justement réguler le marché du médicament». «L'une de nos propositions est de créer des groupements de pharmaciens pour les lancer dans la distribution qui reste le maillon faible de toute de la chaîne du médicament, du producteur jusqu'au malade», a encore expliqué le président du SNAPO ajoutant que «la couverture en matière de pharmacies est totale aujourd'hui en Algérie, même si certaines régions du Sud et du Grand Sud restent encore à pourvoir». «L'objectif stratégique de l'Algérie» d'arriver à une autosatisfaction en matière de production domestique de médicaments, à hauteur de 70 % à l'horizon 2020, le nouvel arrêté du 20 août dernier, réglementant l'ouverture et la fermeture des pharmacies de garde pendant les week-end et jours fériés, les cent mille tonnes de médicaments périmés en souffrance dans les officines depuis 2002 et les moyens de s'en débarrasser, sont les autres points débattus avec le président du SNAPO.