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A la tête de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel : Miloud Chorfi appelé à faire le ménage

par Yazid Alilat

L'installation de Miloud Chorfi à la tête de l'autorité de régulation de l'audiovisuel calquée sur le modèle français de Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) aujourd'hui par le ministre de la Communication Hamid Grine va donner le feu vert, en principe, à la ?'régularisation'' des chaînes de TV privées qui arrosent, en offshore, le pays. L'annonce de l'installation de Miloud Chorfi, député RND, ancien journaliste à l'ENTV et proche d'entre les proches de Ahmed Ouyahia, même si elle a étonné plus d'un, devrait donner plus de visibilité à l'avenir de l'audiovisuel en Algérie. Car la désignation de Chorfi n'a pas été annoncée, ce qui, selon des observateurs, fait un peu désordre dans le nouvel édifice que veut construire Hamid Grine. C'est en janvier 2013 que la loi relative à l'activité audiovisuelle avait été adoptée par le Parlement algérien et publiée ensuite au Journal Officiel n°16 du 23 mars 2014. Les 113 articles de cette loi, qui représente désormais un cadre juridique pour réguler le champ audiovisuel en Algérie, ont été élaborés après concertations entre experts en audiovisuel et juristes. En outre, cette loi définit les conditions d'exercice de l'activité audiovisuelle ainsi que la mission et la composante de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel dont les missions et les attributions sont dévolues, selon l'article 112, au ministre chargé de la Communication en attendant sa mise en place. Pour autant, la nouvelle Autorité de régulation de l'audiovisuel va buter sur un certain nombre de problèmes, à commencer par celui de la domiciliation des chaînes privées en Algérie. La loi est claire là-dessus, puisque ces chaînes privées, qui émettent pour le moment à partir de l'étranger, doivent impérativement être de droit algérien, c'est à dire rapatrier leurs activités pour être autorisées à émettre. A la veille de la présentation de la loi devant le Parlement, l'ex-ministre de la Communication, Abdelkader Messahel, avait expliqué que les autorisations qui avaient été attribuées aux chaînes privées offshore ont été prorogées, en attendant l'entrée en vigueur de la loi sur l'audiovisuel et de la mise en place de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel. Dès lors, la question qui se pose est de savoir si ces chaînes privées vont effectivement rapatrier leurs activités ou pas, et, surtout, quelle sera la réaction de l'Autorité de régulation, une sorte de gendarme surveillant les activités du secteur. Car, avant de partir, Messahel a bien indiqué que ces chaînes privées peuvent exploiter le réseau de TDA pour émettre, puisque Télédiffusion d'Algérie dispose de canaux pour abriter au moins 13 nouvelles chaînes. «Les chaînes de télévision peuvent utiliser la diffusion par la TDA, qui a des chaînes disponibles et dont le nombre tourne autour de 13, dès qu'elles seront de droit algérien», avait également relevé l'ex-ministre de la Communication. Toute la question à ce niveau est de savoir si les chaînes algériennes actuelles qui sont «tolérées» selon la nouvelle loi sur l'audiovisuel, vont accepter de venir s'installer en Algérie, c'est-à-dire émettre à partir du territoire national.

TV généralistes élaguées

Car ce que ne dit pas l'ex-ministre de la Communication, ce sont les tarifs que va appliquer TDA, sachant qu'elle sera seule et sans concurrent sur ce segment du marché algérien de la télédiffusion. L'autre grande préoccupation des professionnels de l'audiovisuel se concentre sur l'article 7 de cette loi qui impose aux investisseurs et aux professionnels de ne pas monter un projet de chaîne généraliste, mais seulement une chaîne thématique. Un débat houleux a été sur ce point instauré lors de la présentation de cette loi devant le Parlement, et les professionnels n'ont pas semblé se satisfaire des réponses du représentant du Gouvernement, M. Messahel. La polémique porte toujours sur le contenu de l'article 7 de cette loi relatif aux chaînes thématiques et non de chaînes généralistes comme cela avait été compris par la corporation et les potentiels investisseurs dans des projets de TV privées. L'article 7, le plus controversé de la loi sur l'audiovisuel, porte sur les définitions, notamment ceux des chaînes thématiques. Selon la loi promulguée, une chaîne thématique ou service thématique représente «des programmes télévisuels ou sonores s'articulant autour d'un ou de plusieurs sujets». Pour l'ex-ministre de la Communication, «le refus d'autoriser des chaînes généralistes n'est pas de fermer le secteur privé dans une logique. Au contraire, la loi est faite pour aller le plus loin possible». La messe est dite. Hamid Grine ira-t-il, à travers l'Autorité de régulation de l'audiovisuel, jusqu'à autoriser la création de chaînes de TV généralistes en Algérie, une potentielle concurrence à celles du secteur public ? Wait and see.