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Les corps déchiquetés : La deuxième boîte noire du vol AH5017 retrouvée

par El-Houari Dilmi

Alors que la deuxième boîte noire a été retrouvée hier (samedi matin) à environ 100 km de Gao (nord du Mali) par des experts de la Minusma (ONU) déployés sur place, des représentants des 118 victimes du crash de l'avion d'Air Algérie au nord du Mali se sont rendus dans la même journée (Ndlr : hier samedi) sur le site de la catastrophe, où sont attendus des enquêteurs pour un travail qui s'annonce délicat en raison de la désintégration de l'appareil. Une délégation algérienne, composée notamment du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et le ministre des Transports, Amar Ghoul, était également attendue sur les lieux du crash, a indiqué hier le porte-parole du ministère des AE, Abdelaziz Benali-Cherif, cité par l'APS.

La délégation qui a quitté vendredi Alger vers Bamako (Mali), est composée également des représentants du ministère de la Défense nationale (MDN), du P-DG d'Air Algérie, Mohamed Salah Boultif, des membres de la protection civile, des médecins et des représentants de la Direction générale des Douanes, a précisé M. Benali-Cherif. L'ambassadeur d'Algérie à Bamako, des cadres de Vérital (contrôle technique en aéronautique et la marine), de la compagnie espagnole Swiftair, de l'Entreprise nationale de la navigation aérienne (ENNA) et de la police scientifique de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) ainsi que des journalistes font également partie de cette délégation, a-t-il ajouté.

Un représentant de la France, un du Liban et un des familles burkinabé ont quitté Ouagadougou samedi peu après 09h00 (locales et GMT) à bord d'un hélicoptère pour la zone de Gossi, à environ 100 km de Gao (nord-est du Mali) où l'avion s'est écrasé, selon un responsable de la cellule de crise mise en place au Burkina Faso. Le général Gilbert Diendiéré, chef d'état-major particulier à la présidence burkinabé, également membre de la délégation, avait averti que la récupération des corps s'annonçait « très difficile ». « Il est aujourd'hui difficile de pouvoir récupérer quoi que ce soit, et même pour les corps des victimes, je pense qu'il est très difficile de pouvoir les récupérer parce que nous avons vu seulement des morceaux de chair humaine qui jonchaient le sol », avait-il estimé. « Les débris étaient éparpillés sur une distance de 500 mètres mais nous avons constaté que cela est dû au fait que l'avion s'est écrasé d'abord (au) sol et a certainement dû rebondir pour aller plus loin », avait-il ajouté. Vingt gendarmes et policiers français, de même qu'une équipe du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) français, étaient attendus sur place dans la journée d'hier samedi. Ils devront notamment s'atteler à l'identification des victimes.

Même si la piste de la météo est privilégiée par les enquêteurs, aucune explication n'était pour l'heure disponible sur la cause du crash. Samedi, proches des victimes et experts espéraient trouver des réponses grâce à une des deux boîtes noires qui a été récupérée par des militaires français dépêchés sur le site. D'après le président français, François Hollande, toutes les hypothèses, notamment climatiques, sont étudiées. Le ministre des Transports, Amar Ghoul a déclaré pour sa part que les causes réelles de l'accident de l'avion «ne seront connues qu'une fois l'enquête devant en établir les circonstances achevée». Le ministre des Transports a précisé que ?'seuls les résultats de l'enquête sont à même de déterminer les causes du crash de l'avion''.

Les restes de l'appareil, un McDonnell Douglas MD83, avaient été repérés jeudi soir par un hélicoptère de l'armée burkinabè dans la zone de Gossi, proche de la frontière avec le Burkina Faso. Des images tournées sur le site par des soldats burkinabè et français montrent des débris métalliques difficilement identifiables, éparpillés sur des dizaines de mètres, avec des flaques d'eau par endroits. En plus des Français, Burkinabè et Espagnols, les victimes viennent de plusieurs pays, dont le Canada, le Liban et l'Algérie, qui a décrété un deuil national de trois jours.

L'Association internationale du transport aérien (Iata) a indiqué vendredi qu'elle allait « tout mettre en œuvre » pour améliorer la sécurité aérienne, après une semaine noire au cours de laquelle trois crashs d'avions ont fait plus de 460 morts. Les services de navigation aérienne ont perdu le contact avec l'avion, 50 minutes après son décollage, avait annoncé jeudi Air Algérie, qui avait précisé également que l'appareil avait décollé d'Ouagadougou à 01h17 GMT et devait arriver à Alger à 05h11 GMT (6h11 heure locale). Les débris de l'avion ont été retrouvés vendredi et il n'y avait aucun survivant parmi les 116 passagers, issus de plusieurs nationalités, dont 6 Algériens.