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Les dégâts se chiffreraient en milliards : L'usine Samsung de Sétif ravagée par un incendie

par Abdelkrim Zerzouri



Il était 18 heures 55 minutes lorsque l'alerte a été donnée par des citoyens, relayés ensuite par des agents de sécurité : un violent incendie s'est déclaré à l'intérieur de l'usine Samha Samsung, sis à la zone industrielle de Sétif, et les flammes favorisées par le vent semblaient se propager à une grande vitesse. La fumée, dense et noire, était d'ailleurs visible de très loin en ces moments qui précèdent la rupture du jeûne. Immédiatement, les secours ont été dépêchés de l'unité de Aïn Tebinet, rejoints aussitôt par les éléments de l'unité de principale. En une heure de temps, les hommes de feu déployés en renfort de 5 unités limitrophes, en l'occurrence El Eulma, Aïn Arnat, Aïn Oulmene, Aïn El Kebira et Hammam Soukhna, ont pris leur position en force face au lieu du sinistre, avec 18 camions d'intervention, 4 ambulances, 2 véhicules de commandements et 105 éléments de la protection civile tous grades confondus.

« Mais, l'intervention à l'intérieur de l'usine s'avèrera très difficile, voire impossible, car la fumée noire et compacte poussée au Nord par le vent empêchait les pompiers de pénétrer à l'intérieur de l'usine », relève le chargé de l'information de la protection civile de la wilaya de Sétif, M. Ahmed Lamamra. Ce dernier indiquera que la décision d'attaquer rapidement le feu à partir de l'extérieur a été prise, commencera alors une lutte qui va durer jusqu'à une heure du matin pour venir à bout de cet incendie spectaculaire qui a causé d'énormes dégâts matériels. Près de 20.000 mètres carrés de la surface totale de l'usine, estimée à 9 hectares, étaient sous l'emprise du feu, signale M. Ahmed Lamamra. L'usine est constituée de trois pavillons, l'unité de production des téléviseurs et autres démos, une autre unité de stockage, toutes deux épargnées par les flammes, alors que la troisième unité ou pavillon, où l'on produit les frigos, les climatiseurs et les machines à laver, de l'électroménager en somme, a été totalement ravagée par le feu, calcinée à 100%.

Il serait un peu tôt d'évaluer les dégâts, mais il est quasiment sûr que des centaines de milliards sont partis en fumée. Et aussi des centaines de postes d'emploi perdus. En tout cas, le pire a été évité grâce à l'intervention des éléments de la protection civile qui ont pu sauvegarder d'autres endroits, à l'enseigne du parc roulant, où plusieurs véhicules étaient en stationnement, dont des semi-remorques et des conteneurs, les deux autres unités, ainsi qu'un bâtiment administratifs (R+3). Les sapeurs-pompiers mettront en place un système de sécurité pour protéger les automobilistes sur l'autoroute Est-Ouest, pas très loin de l'usine, notamment à cause de la présence à proximité de la route d'une station d'oxygène, d'azote et d'acétylène.

Pour sa part, la Direction générale de la Protection civile n'a pas trop attendu pour appeler au renfort d'autres wilayas. Pour sauver ce fleuron de l'industrie technologique, cinq wilayas enverront des renforts vers le lieu du sinistre à Sétif, en l'occurrence les wilayas de Constantine, Bordj Bou Arréridj, Mila, Batna et Béjaïa, totalisant l'envoi de 160 agents et 38 camions d'intervention. C'est là un renfort salutaire qui, aidé par le changement de la direction des vents, permettra circonscrire le feu aux environs de 22 heures 30 minutes. Et c'est vers 1 heure 15 minutes du matin qu'on peut dire qu'on a maîtrisé le feu, nous indiquera M. Ahmed Lamamra, qui souligne dans ce sillage que les équipes d'intervention ont été désengagées, mais la surveillance et le déblaiement de la zone sinistrée sont maintenus jusqu'à présent (ndlr, hier à 15 heures), et tous les éléments sont gardés sur place par mesure de précaution.

Aussi, ce n'est qu'après s'être assuré que le feu est maîtrisé que la wali a quitté les lieux où il s'est installé dès la première heure de la déclaration de l'incendie. Une nuit mouvementée pour beaucoup de monde. « On n'a pas vu un incendie d'une telle violence depuis 24 ans, depuis le sinistre qui a ravagé l'usine ENTC de production des jouets, au niveau de la même zone industrielle », rappelle la chargée de la communication de la protection civile. Enfin, la question est sur toutes les lèvres, s'agit-il d'un acte de sabotage ou de négligence ? Rien n'a encore filtré à ce propos, mais les services de sécurité indiquent qu'ils n'excluent aucune piste pour le moment. « De toute façon, l'enquête en cours déterminera avec exactitude les tenants et aboutissants de cette catastrophe industrielle », relève-t-on encore.