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Les pro-quelqu'un et les anti-tout

par Bachir Ben Nadji

En fin de compte, le 17 avril les Algériens ont voté, malgré tout le climat de psychose qui régnait et qu'on a voulu qu'il y soit, malgré la peur qu'on a installée à travers des discours sanguinolents.

Le 17 avril a été une journée normale, un jeudi comme tant d'autres dans  la vie des algériens, certes une journée de vote, mais rien d'anormal. Dans toutes les wilayas du pays, les gens se sont rendus aux urnes, d'autres ont vaqué à leurs occupations, d'autres ont dormi, d'autres ont rempli les cafés et d'autres sont restés à l'écoute du reste.

Dans quelques localités des wilayas de Bouira, Tizi Ouzou et Bejaïa, il a été enregistré des incidents, pour les uns mineurs, pour les autres majeurs, ont été contenus par les services de l'Etat, chargés de l'ordre et de la sécurité. Des blessés, des arrestations, des dégâts, mais en fin de compte tout est rentré dans l'ordre, même si les gens ont été contrariés et leurs agendas perturbés. Des jeunes ont, je ne sais qu'est ce qui les a pris, cassé et brulé des urnes, entravé l'opération vote, on ne sait pour quel motif ou quel objectif.

Sinon rien de spécial en ce 17 avril, date de la présidentielle en Algérie. Sinon que le vote a eu lieu et que la parole du peuple a été le seul juge, le seul qui fait le choix de ce qui lui semble bon, peut importe s'il est dans l'erreur.

51,7 pour cent du corps électoral s'est exprimé lors de ce scrutin normal alors que certains ont tout fait pour le faire paraitre « dangereux ». Certes, le scrutin était décisif, mais pas risqué, et sur ce plan, il est passé comme un timbre à la poste. Le 18 et même la soirée du 17 avril, des scènes de liesse ont marqué l'évènement politique le plus important de la vie d'une nation.

Rien qu'à voir comment la presse nationale a présenté la chose depuis près de six mois, comme si la terre allait s'arrêter de tourner le 17 avril 2014 en Algérie. La présidentielle a été montrée sous toutes ses coutures et les gens ont commencé à imaginer ce jour comme le plus dur de la vie de la nation. On en était ni aux candidatures, ni aux préparatifs que les tambours ont commencé à résonner sans raisonner. Et chaque jour passé, était un jour gagné, jusqu'aux dépôts de candidatures par les personnalités ayant fait part de leurs intentions de briguer la haute magistrature. Il y eut une belle course pendant cette période, jusqu'à ce que le Conseil constitutionnel tranche sur les six candidats qui devaient jouer les premiers rôles lors de la campagne électorale.

Toutefois, cette période a été marquée par une position anti démocratique, oui anti démocratique, celle qui a fait que des gens, descendus de je ne sais ou, décident de s'opposer à un candidat par rapport à d'autres. Et là beaucoup de gens n'ont rien compris, et moi avec eux. Etre démocrate veut dire accepter les autres et vice versa, mais là ce n'était pas le cas.

La roue infernale a commencé à tourner et des gens quasiment « inconnus » sont apparus sur la scène politique en organisant des sit-in de refus d'un seul candidat. La mobilisation a été prompte et on a ratissé large pour imposer son existence, au point de barrer la route à la tenue de réunions électorales, et à faire subir des dégâts matériels graves aux structures de l'Etat et du citoyen, on a incendié et pillé une Maison de la culture. Est-ce ça la démocratie ?, est ce à travers pareils comportements que l'on peut devenir crédible ?

Hé bien non et les électeurs ont démenti et enterré toutes les thèses de celles et de ceux qui ont promis au peuple algérien, feu et sang, marches (arrières) pacifiques pour dénoncer la fraude et autres actions « démocratiques » pour faire « tomber » et le pouvoir et le régime.

Au fait, je voudrais bien savoir si fraude il y a eu lors de cette élection, y a-t-il eu bourrages des urnes ou autre entorse. A ce que je sache, rien de tout cela, sauf que les instances concernées ont été destinataires de quelques cas, et là, je suis loin de savoir de quoi il en retourne. Aux dernières nouvelles, les recours ont tous été déboutés par le Conseil constitutionnel qui a donné ses résultats définitifs de la présidentielle, et le tour est joué, « bye bye Wheelus » comme dirait l'autre, les dés sont déjà jetés et les colombes ont pris leur envol.

Déjà près d'une semaine nous sépare de la date du scrutin, et rien n'a été enregistré, sauf des déclarations des boycotteurs et de quelques candidats malheureux, lesquelles pour les uns s'attribuent l'absentéisme des électeurs aux urnes, et pour les autres on parle de nouveau cadre ou nouvel espace de lutte et de combat (il leur faut en réalité une arène, c'est mieux) pour faire face aux « tenants du pouvoir » qu'on veut à tout prix mettre hors d'état de nuire, chasser et pourquoi pas les envoyer sur une autre planète. L'unique femme candidate à cette élection présidentielle a été d'une finesse et d'une diplomatie exemplaire que ses pairs à ce scrutin n'ont pas osé. Bien sur me diriez vous, les femmes savent rendre positive une défaite, pas toutes certes, mais quand même, la présidente du PT l'a fait et c'est à son honneur de politicienne rompue aux grandes et petites batailles.

Hormis cette femme de la politique, les autres ont été vulgaires avec le peuple qui a voté, l'accusant de drogué, maztoul, d'handicapé ayant voté pour un handicapé, alors que nul n'est loin de l'handicap, un petit bobo et le tour est joué, un accident vasculaire, un accident de la route et autres, peuvent mener à l'handicap, il ne faut pas rire des autres parce qu'on peut les rejoindre d'une seconde à l'autre. Aucun tact, ni même une belle reconnaissance de la défaite et les félicitations à l'élu des votants, rien de tout cela, sauf du vomi, excusez le choix !

Ils sont même allés jusqu'à dire que le peuple s'est trompé de cible, de quel cible parlent-ils, de la leur ou de ceux qui sont en face. Peu importe, ils prennent eux aussi le peuple pour immature alors qu'ils avaient l'habitude d'accuser le pouvoir de prendre le peuple ainsi. Allez-y comprendre quelque chose !

Pour le reste, rien d'autres, pas de nouvelles, bonnes nouvelles, sauf que et ceci est grave, les couards qui ne veulent ni vote ni Constitution, comme ils le criaient haut et fort au début des années 90, ont frappé lâchement. L'élection leur est passée au travers de la gorge, ils ont vu le peuple algérien voter en toute sérénité, sans dégâts ni heurts, alors ils se sont vengés sur ceux qui les bloquent dans leur macabre projet, ils ont attaqué des militaires qui ont sécurisé le scrutin sur les hauteurs de la wilaya de Tizi Ouzou ou 14 nouveaux martyrs viennent s'ajouter à la longue liste des martyrs pour l'Algérie forte et unie.

En tout les cas, au-delà de ce scrutin qui a fait que les Algériens disent eux aussi, haut et fort, qu'ils ont soif de stabilité et de développement, les jours qui viennent sont prometteurs, et l'espoir fait vivre car le peuple algérien et l'Algérie ont toujours vécu et vivent tant bien que mal, comparativement aux autres pays et autres peuples qui nous entourent, nos voisins immédiats et ceux de l'autre rive de la mer Méditerranée.

Encore une fois, les menaces de ceux qui nous ont promis des jours noirs n'ont fait que noircir leur présent et leur avenir, les algériens ne sont pas dupes et ne se font avoir qu'une seule fois, jamais deux. Et ils ne font que le prouver à chaque échéance électorale. Ils se débrouillent toujours pour faire de bons choix, même s'ils ne sont pas les meilleurs, mais bon, c'est ce qui leur va, et ils sont généralement satisfaits, pas comme les insatisfaits, les éternels que rien n'étanche leur soif de?sang et de feu.

A ces gens-là, il faut dire qu'ils cessent de diviser les algériens entre pro-quelqu'un et anti-quelqu'un d'autre, les algériens aiment leur pays tel qu'il est et savent faire la différence entre le bien et le mal, même s'ils savent d'avance que toutes les batailles ne peuvent pas être toutes gagnées. Que les charognards quittent le bateau, ils en ont les moyens et laissent ce pays tranquille, les élections présidentielles ont eu lieu, d'autres chantiers seront ouverts dans les prochains jours, dans les prochaines semaines et prochains mois. Si vous êtes de bonne foi, participez au développement de ce pays, faites de la bonne politique, pas celle de la destruction et des malheurs, et là tout le monde sera gagnant, sinon, taisez-vous ou partez sous d'autres cieux et l'Algérie restera l'Algérie sans vous, mais avec ses enfants.

Allez, aux prochaines présidentielles, préparez-vous convenablement pour le bien de ce pays, le bien de son peuple. A bon entendeur salut !