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Alimentation halal : L'Algérie se dote de son propre label

par Yazid Alilat

Le marché du halal débute en Algérie avec un arrêté interministériel, publié mi-mars au Journal officiel, qui en fixe les règles et les conditions de fonctionnement. Certes, ce n'est pas la viande «halal» de Paris ou Madrid, ou bien même celle que l'on trouve dans les boucheries de quartiers arabes ou maghrébins des grandes villes d'Europe ou des Etats-Unis. Pour le ministre du Commerce Mustapha Benbada, «l'Algérie devait se doter de son propre label halal comme cela est fait par plusieurs pays qui sont de plus en plus nombreux à développer leurs propres normes» pour ce type de produits alimentaires. L'arrêté interministériel du 19 mars dernier a été calqué sur le décret 12-214 du 15 mai 2012, qui fixe les conditions et les modalités d'utilisation des additifs alimentaires dans les denrées alimentaires destinées à la consommation humaine.

 «L'introduction du label halal national va imposer un certain nombre de règles et de conditions pour s'assurer de l'origine des produits alimentaires importés, notamment la viande, principal produit du segment halal», a souligné le ministre du Commerce. Et puis «cela rentre dans le cadre du renforcement de la protection du consommateur algérien. Il s'agit de la protection d'un droit moral du consommateur», a-t-il précisé. La production, le stockage et le commerce des produits halal sera réglementé en Algérie. En fait, l'introduction du marché des produits halal en Algérie est possible avec la publication le 19 mars dernier de l'arrêté interministériel, englobant les secteurs de l'agriculture, du commerce, de la santé, de l'industrie et des affaires religieuses. Cet arrêté interministériel du 17 mars dernier portant adoption du règlement technique fixant les règles relatives aux denrées alimentaires «halal», définit ainsi les exigences réglementaires auxquelles doivent répondre les denrées alimentaires «halal» destinées à la consommation humaine.  

L'entrée en vigueur de cet arrêté est fixée à une année après la publication de cet arrêté, c'est-à-dire à partir du 19 mars 2015. D'abord, cette disposition sur le produit halal relève qu'il s'agit de «tout aliment dont la consommation est autorisée par la religion musulmane et répondant» notamment à des conditions draconiennes. Ces aliments, conformément à la charia, ne doivent «ni constituer, ni contenir des produits ou des matières non halal», et ne doivent pas également été préparés, transformés, transportés ou entreposés à l'aide d'instruments ou d'installations non conformes aux dispositions de ce règlement. Pour les exigences commerciales, il faut que l'aliment «halal» soit sain et répond aux conditions sanitaires.

Tout est prévu donc pour que le produit halal algérien soit conforme à la religion et réponde aux exigences sanitaires les plus strictes. Le ministre du Commerce le souligne d'ailleurs, puisqu'il insiste sur le respect «strict» de ce nouveau règlement. Mieux, cet arrêté va dorénavant réglementer les importations de produits halal en Algérie, une niche nouvelle des professionnels de l'import-import. Selon M. Benbada, cet arrêté va permettre de s'assurer que les produits importés sont conformes aux rites musulmans, alors que «cette norme pourra servir de référence pour les services de contrôle». Les industriels algériens, qui avaient un moment déploré l'absence d'une réglementation spécifique à cette filière pour se placer sur le marché international, ont dès lors les coudées franches. Il reste à mettre en place les organismes de certification pour mettre le produit halal made in Algeria en conformité avec les exigences du marché international. Une belle opportunité d'ailleurs pour les professionnels algériens de l'agroalimentaire pour se placer sur des niches importantes en Europe du marché halal.