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Refus de soins, licenciements... : Les sidéens, ces pestiférés !

par M. Aziza

Un projet relatif à l'élimination de la stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le VIH du sida en Algérie a été initié par le Réseau algérien sur le sida.

Il s'agit selon Boufenissa Ahcène, président de l'association solidarité AIDS, invité hier, du forum d'El Moudjahid, de la mise en place d'un projet national visant le renforcement de l'accès des personnes vivant avec le sida à leurs droits.

Concrètement, c'est mettre en place «des cellules juridiques» qui accompagneront les personnes vivant avec le sida et qui sont victimes de stigmatisation et de discrimination dans la société notamment dans le milieu hospitalier à poursuivre en justice les auteurs des dépassements.

Le conférencier a affirmé qu'il y a 10 à 15 plaintes par mois déposées par les malades de sida au niveau des associations pour dénoncer les comportements de stigmatisation ou de discrimination subis, dans le travail, dans la famille et le plus grave dans le milieu hospitalier. «Ce sont en fait, un refus de soins, des divorces, des licenciements ainsi que d'autres formes de discriminations», dira-t-il. Mais, ces plaintes restent au niveau du réseau ou bien chez les associations parce que les plaignants refusent d'aller à la justice pour plusieurs considérations.

Ce que propose le projet, selon le conférencier, c'est de s'associer avec les autorités sanitaires pour mettre des outils pédagogiques et de formation pour les partenaires sociaux, le paramédical et tous les intervenants qui sont en contact direct avec le séropositif.

Mais, dans les cas les plus graves, les associations membres du réseau peuvent poursuivre en justice des personnes auteurs de dépassements flagrants, «cette option n'est pas écartée», ajoutera l'intervenant.

Le conférencier précise que d'après l'ONUSIDA, ce contexte de stigmatisation explique l'augmentation du nombre de nouvelles infections dans l'ensemble de la région MENA de 35 % entre 2001 et 2011. Pourtant, une diminution est enregistrée dans les autres régions du monde.

Mouloud Salhi, président de l'association «Etoile culturelle» d'Akbou a conclu en affirmant qu'un jeune malade du sida subissant des comportements de stigmatisation, devient lui-même «un vrai virus».

«CIBLANT LES CATEGORIES A HAUTS RISQUES»

Mohamed Guemmama, coordinateur central de l'association Green Tea, a affirmé pour sa part, qu'il est vrai que l'Algérie est classée parmi les pays où l'épidémie est à faible prévalence avec un taux de personnes vivant avec le VIH de 1% de la population, mais l'Algérie continue à enregistrer des nouveaux cas. Il précise que durant les sept premiers mois de 2013, 459 nouveaux cas de séropositifs et 78 nouveaux cas de sida ont été notifiés. Et d'ajouter, sans parler autant des cas qui ne sont pas déclarés dont on ignore le nombre. Et le plus préoccupant est le fait que les malades sont dans leur majorité âgés entre 20 à 40 ans. Et de préciser que 75 % des cas ont pour origine une transmission sexuelle et 7 % à cause de drogue injectable.

Le coordinateur de l'association Green Tea préconise des campagnes bien ciblées. «Il faut cibler d'abord les populations à haut risque», préconise-t-il en citant «les travailleurs du sexe, les migrants, les utilisateurs des drogues injectables». Il regrette qu'aujourd'hui, on se limite à faire des campagnes de sensibilisation à l'université, dans les cafés au lieu de toucher les lieux où se trouvent les personnes à hauts risques».