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Crise du nucléaire iranien: coup de pouce occidental à Rohani

par Kharroubi Habib

La visite que le secrétaire d'Etat américain John Kerry devait effectuer à Alger a été reportée à une date ultérieure dont le porte-parole des Affaires étrangères a déclaré qu'elle sera arrêtée après accord commun par la voie diplomatique entre Alger et Washington. Rien dans le report de cette visite n'est en lien avec les rapports qu'entretiennent les deux pays ou avec la situation qui prévaut dans la région marquée, il est vrai, par un regain de tension entre l'Algérie et le Maroc.

En fait, John Kerry qui se trouvait au Proche-Orient a dû toute affaire cessante mettre un terme à son périple qu'il devait prolonger jusqu'à Alger pour rallier Genève où les représentants du groupe des 5+1 et l'équipe de négociateurs iraniens qui négocient sur le programme nucléaire de Téhéran sont parvenus à définir un accord « intérimaire » qualifié d'avancée significative sur la voie d'un règlement définitif de la crise du programme nucléaire iranien. L'événement est d'une importance et de portée si exceptionnelle que tous les ministres des Affaires étrangères des cinq + 1 ont fait le déplacement pour le parapher au côté de leur homologue iranien.

Quand les négociations ont repris entre les cinq + 1 et les négociateurs iraniens, après l'entrée en fonction du nouveau président iranien Hassan Rohani, réputé plus modéré que son prédécesseur, tous les observateurs ont estimé qu'il s'offrait une fenêtre d'opportunité à un règlement négocié entre les Occidentaux et l'Iran à propos du contentieux du programme nucléaire iranien, mais rares ont été ceux qui ont pensé que les événements allaient s'accélérer sur cette voie aussi vite que cela s'est produit.

Il est clair que les deux parties ont cette fois négocié avec l'intention d'avancer dans la résolution de la crise. Ils n'ont pas recherché la conclusion d'un accord qui met fin et immédiatement à la crise du nucléaire iranien mais une entente sur un processus qui y conduirait. Cela en s'accordant des concessions mutuelles dont le respect sera révélateur des bonnes intentions de chaque partie contractante. Téhéran a ainsi accepté de geler l'enrichissement de son uranium pour une période de 6 mois et le principe du contrôle de cet engagement par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Les Occidentaux ont convenu en contrepartie d'assouplir pour la même période les sanctions économiques et financières qu'ils ont instaurées à l'encontre de l'Iran.

Il est incontestable qu'une dynamique positive s'est enclenchée dans les relations irano-occidentales et entre Washington et Téhéran en particulier, favorable à la détente de leurs rapports jusque-là marqués du sceau de la défiance et de la confrontation. Pour autant cette tendance qui s'est dessinée dans la cruciale crise du nucléaire iranien est mal accueillie par Israël et l'Arabie Saoudite qui prônent ouvertement la solution militaire à cette crise. De leur part, il faut par conséquent s'attendre à des pressions voire même à un «fait accompli» qui rendait caduque l'avancée vers une solution négociée de la crise. Ce n'est pas à l'Iran de dissuader ces deux Etats à faire obstacle à la conclusion d'un accord entre lui et les cinq + 1, mais à ce groupe dont la plupart des Etats membres sont les alliés proches et stratégiques de ces deux pays réfractaires.