Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Maternité du CHU d'Oran : A quand «une malade, un lit» ?

par J. Boukraâ

Les toutes récentes statistiques révèlent que ces deux dernières années, le taux de naissance a connu une augmentation jamais enregistrée auparavant.

La maternité du centre hospitalo-universitaire d'Oran enregistre une saturation de ses structures d'accueil, faisant apparaître une explosion de son activité. Les statistiques sont, à ce propos, édifiantes et incitent, en même temps, à la nécessite d'alléger la pression que subit cette maternité. Ce service accueille jusqu'à 60 femmes quotidiennement et une moyenne de 13.000 à 14.000 naissances est enregistrée annuellement. Résultat : la soixantaine de lits de la maternité se révèlent insuffisants pour répondre à la demande. Bien que leur état de santé nécessite un cadre hospitalier adéquat, il s'avère que ladite structure hospitalière demeure complètement incapable d'assurer un lit par patiente. Et faute de lits, certaines patientes passent la nuit sur des matelas, allongées à même le sol, pourvu qu'elles soient admises et peu importe les moyens mis à leur disposition. Dans une chambre de quatre lits, elles sont parfois six femmes. Le plus important pour les familles c'est de trouver une maternité qui va accepter de garder leur malade.

Cette pression a pour origine les petites maternités de proximité qui, pour le moindre petit motif, se débarrassent allégrement des femmes enceintes pour les envoyer à cette maternité qui ploie sous le nombre. Selon une sage-femme dans ce service, «les autres maternités nous envoient régulièrement des femmes sur le point d'accoucher, se déchargeant, ainsi, de leur travail. Celles qui en sont à leur première grossesse sont systématiquement dirigées ici du fait que plusieurs hôpitaux ne prennent pas le risque. Nous ne refusons jamais de prendre en charge une patiente quelles que soient les circonstances.

Si nous faisions comme les autres, savez-vous ce qu'il adviendrait de ces femmes ? Elles accoucheraient dans la rue tout simplement». Refouler une femme sur le point d'accoucher est contraire aux règles de déontologie médicale et peut être considéré, aux yeux de la loi, comme non-assistance à personne en danger.

Selon la même source, «la majorité des cas qui sont orientés vers la maternité du CHUO ne présentent aucune gravité particulière et peuvent par conséquent être pris en charge au niveau des maternités de proximité. Les évacuations de patientes en provenance des wilayas de l'Ouest représentent «une contrainte» supplémentaire pour cette maternité qui, en dépit des multiples mésaventures vécues, reste la seule structure qui accepte tous les cas qui se présentent, contrairement aux autres établissements, chose qui se répercute fatalement sur la prise en charge et sur la qualité des soins. Au moment où le service de maternité du CHUO est très saturé, d'autres maternités disposent pourtant de tous les moyens techniques et humains pour assurer le bon fonctionnement du service, ne connaissent pas une affluence comme l''Etablissement hospitalier spécialisé. Ainsi, la meilleure manière d'améliorer la prise en charge, l'accueil, les conditions de séjour des femmes enceintes dans les maternités, consiste à faire baisser la demande par une bonne répartition de l'offre des soins. C'est dire la nécessité de trouver une alternative pour permettre à la maternité du CHU de « respirer » à travers le développement et l'amélioration des maternités des autres établissements publics.