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Pour la 3G, le régulateur algérien invente la mobilité restreinte

par Farid Farah

Il faudra attendre 2020 pour que la 3G soit généralisée aux 48 wilayas de l'Algérie pour les trois opérateurs. C'est la conséquence du choix fait par l'ARPT d'accorder des zones de couverture différentes à chaque opérateur. La solution d'un "roaming national" peut être envisagée. Explications.

En Algérie, les trois opérateurs de téléphonie mobile, Mobilis, Djezzy et Nedjma, subiront prochainement une évaluation historique en vue de l'acquisition des licences d'exploitation du haut débit mobile de type UMTS (3G). Cette évaluation qui sera assurée par une commission pilotée par l'ARPT, est dictée par l'épineuse problématique de l'allocation des canaux des fréquences aux trois opérateurs. Elle sera couronnée, avant la fin du mois d'octobre, par l'établissement d'un classement des meilleures soumissions. Selon les spécialistes du secteur, le départage des opérateurs sera difficile en raison de la rareté des ressources fréquentielles de la 3G contenue dans le spectre. La demande dépasse ainsi l'offre. La solution ainsi trouvée par les rédacteurs du cahier de charge est inédite dans les annales de l'attribution d'une licence de téléphonie mobile de 3e génération (3G). En effet, selon ce choix, les canaux fréquentiels de chaque wilaya seront distribués en ilots séparés. Ainsi, durant la première année de la phase de déploiement des premières stations BTS, les opérateurs vont se disputer les canaux du premier groupe composé de quatre wilayas : Alger, Oran, Constantine et Ouargla. La couverture des wilayas restantes sera achevée d'ici trois ans. En clair, dans une première phase, chaque opérateur recevra l'autorisation d'utiliser commercialement la fréquence 3G d'une wilaya sur trois. Décryptage, le service mobile 3G d'un opérateur A sera disponible sur une wilaya en l'absence de celui des deux autres opérateurs. Le choix d'attribution des wilayas sera fait selon la méthode de la soumission comparative. L'opérateur le mieux classé aura le privilège de choisir les wilayas à forte densité urbaine. La généralisation des canaux fréquentiels de chaque wilaya aux trois opérateurs se fera d'ici l'an 2020 ! D'ici là, les opérateurs vont se lancer alors dans une compétition acharnée pour couvrir 80% de la population. Ainsi, il faudra sept ans pour généraliser la 3G aux 48 wilayas du territoire national. Des interrogations peuvent être émises sur ce délai, jugé trop long par les observateurs. Parmi eux, certains pensent que l'installation des antennes appelées Node B et des contrôleurs nommé RNC aux côtés des BTS 2G déjà déployés ne devrait pas prendre tout ce temps.

Un roaming data national 3G obligatoire ?

En clair, seule la partie radio qui sera modifiée. La partie commutation (NSS), qui est en charge de traitement d'appel, de la connexion aux réseaux téléphoniques et de la gestion des abonnés, reste identique. L'interface UTRAN s'appuie sur les éléments réseaux déjà existants. Ce patrimoine de sites GSM 2G est un atout pour rendre rapide le déploiement de la 3G. Dans sa première phase d'exécution, cette «feuille de route» de la 3G pénalisera les usagers dans la mesure où ils seront dépourvus d'une mobilité totale sur le territoire nationale. Un usager d'Alger ne pourra pas utiliser sa connexion mobile s'il se déplace à Oran, et inversement, si l'opérateur qui décrochera la capitale de l'Ouest du pays n'est pas le même. Il s'agit, dans ce cas, d'une mobilité restreinte spécifique à l'Algérie. Des questions peuvent être posées sur l'existence ou non des solutions à cette problématique. En l'absence d'un cadre juridique relatif à la mutualisation des réseaux, l'ARPT va-t-elle obliger les opérateurs à établir des accords de roaming data national 3G, afin de permettre aux usagers d'utiliser les services de la 3G avec une mobilité totale ? Il est judicieux de rappeler que l'itinérance nationale est le service offert par un exploitant d'un réseau de télécommunications cellulaire A à un autre exploitant cellulaire B pour permettre aux usagers de B d'utiliser le réseau de A dans les wilaya provisoirement non couvertes par celui-ci. Sur le plan technique, elle est possible quelle que soit la technologie cellulaire utilisée par les exploitants, donc y compris lorsqu'il s'agit de réseaux 3G. A partir du 1er décembre 2013, la couverture UMTS sera telle que les agglomérations d'Alger, de Constantine et d'Oran ne seront pas couvertes par le même opérateur. Si le roaming national est adopté, il permettra aux utilisateurs Algérois d'accéder aux services 3G de Constantine fournis par un autre opérateur. De quoi garantir une couverture maximale aux premiers clients algériens de la 3G. Dans le cas où cette opportunité se précise, les services de cette itinérance nationale devront être commercialisés pour un coût supplémentaire faible, voire nul.