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Le ministre de l'Energie et des Mines : «Nous ne sommes pas des corrompus»

par Z. Mehdaoui

« Nous ne sommes pas des corrompus», a déclaré hier le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, en réponse à une question des journalistes sur les scandales qui ont ébranlé Sonatrach, ces dernières années. S'exprimant à l'occasion d'une conférence de presse organisée au ministère de l'Energie et des Mines, pour présenter le bilan et les perspectives du secteur, Youcef Yousfi a tenu à rappeler que la justice est saisie, qu'il lui appartient de trancher sur les affaires de corruption dans lesquelles sont mis en cause certains responsables de Sonatrach, mais qu'en parallèle, il ne permettrait à personne de «traiter les travailleurs et les cadres de la compagnie de corrompus». «La corruption est un mal qu'il faut absolument combattre», ajoute le ministre qui propose de «renforcer le contrôle interne» afin de prévenir ce phénomène qui a gangrené l'entreprise et l'économie nationale. Le ministre, qui reconnaît implicitement qu'il existe des affaires de corruption, soutient cependant qu'il ne faut pas faire «d'amalgame» et appelle les médias à plus de vigilance afin, dit-il, de «préserver l'outil de production que sont Sonatrach et Sonelgaz». Ceci étant, le ministre explique que tous ces scandales ne devraient pas, par ailleurs, servir «d'alibi» aux responsables de ne pas travailler en estimant qu'il ne faut pas également «diaboliser» l'entreprise publique au nom de la lutte contre la corruption. Interrogé par Le Quotidien d'Oran sur les conditions exigées par certaines compagnies pétrolières étrangères pour revenir reprendre le travail sur des sites gaziers et pétroliers, le ministre de l'Energie et des Mines, qui rappellera ce qu'il qualifie de «drame de Tiguentourine», affirme que les «appréhensions» de ces compagnies sont légitimes. Cependant, contrairement à certaines informations rapportées par la presse nationale et même étrangère, Youcef Yousfi a été hier catégorique. «Les compagnies en question n'ont jamais formulé le vœu de s'en aller», a-t-il déclaré en soulignant même qu'il existe d'autres compagnies qui veulent venir et s'installer en Algérie en dépit de l'attaque terroriste contre le site gazier de Tiguentourine. A ce sujet, M. Youcef Yousfi a assuré que l'Algérie a révisé totalement ses mesures de sécurité et s'est dotée de plus de moyens après ce qui s'est passé à Tiguentourine. «Nos partenaires peuvent voir cela de leurs propres yeux», soutient le ministre, qui fait toutefois état de «sous-contractants» qui sont inquiets et avec lesquels un «travail d'explication» est fait. Pour ce qui est du cas précis de BP, le ministre de l'Energie a fait savoir que la compagnie trouve actuellement des difficultés à «reconstituer» ses équipes. Youcef Yousfi a cependant été très clair. «Si nos partenaires veulent nous quitter alors nous travaillerons sans eux comme nous l'avions fait dans le passé», a-t-il souligné.

UN NOUVEAU HASSI MESSAOUD SOUS HASSI RMEL

Le ministre de l'Energie et des Mines a annoncé, par ailleurs, que selon des indices relevés par des techniciens et des ingénieurs de Sonatrach, il semblerait que sous le gisement de gaz de Hassi Rmel, il existerait un autre gisement de pétrole qui équivaudrait à celui de Hassi Messaoud. «Cette découverte, si elle venait à être confirmée, serait la plus importante depuis ces cinquante dernières années», a déclaré le ministre, qui annonce dans le même cadre que plus d'une trentaine d'autres gisements de moindre importance seront mis en exploitation durant les prochaines années. L'effort d'exploration doit absolument être maintenu pour renouveler à chaque fois le pétrole et le gaz extraits des puits, souligne Youcef Yousfi pour qui les nouvelles techniques non conventionnelles pour l'extraction du gaz et du pétrole de schiste pourraient être à l'origine de la création de dizaines de milliers d'emplois. «Grâce à ces techniques, on pourra même exploiter davantage le bassin de Hassi Messaoud qui n'est qu'à 27% de son taux d'exploitation», a encore fait savoir M. Yousfi, qui plaide pour une «intensification de l'exploration». «Il faut continuer l'exploration des bassins que nous connaissons et ceux moins connus au Sud, à l'Ouest, au Nord et à l'offshore», dira le ministre de l'Energie et des Mines.

Pour ce qui est de la production de pétrole, contrairement à ce qui est rapporté par certains analystes, l'Algérie va produire cette année plus qu'en 2012, selon les prévisions du ministre qui rappelle en outre que le domaine minier algérien s'étale sur plus d'1 million de km². Le potentiel algérien en gaz naturel s'élève à plus de 30.000 milliards de m³, dira encore le ministre.

Il faut rappeler que les recettes pétrolières de l'année écoulée se sont élevées à plus de 72 milliards de dollars. La baisse des cours du brut est tout à fait normale en temps de crise notamment, dira le ministre qui prévoit, par ailleurs, une «stabilité» des prix durant cette année 2013. Le ministre a annoncé également la construction de 6 nouvelles raffineries pour couvrir les besoins internes en carburant jusqu'en 2040. Chaque raffinerie sera dotée d'un réservoir stratégique pouvant contenir jusqu'à 300.000 litres de carburant, a expliqué le ministre. Les travaux de ces nouvelles raffineries seront lancés avant la fin de l'année et elles seront réceptionnées entre 3 et 4 ans, a ajouté Yousfi qui plaide toutefois pour une diversification des énergies pour faire face à la consommation nationale. Ainsi, la nouvelle ville de Hassi Messaoud qui sera construite sera totalement alimentée en énergie solaire, selon les prévisions du ministre qui a évoqué un vaste programme d'énergie renouvelable (hybride-solaire) qui touchera une vingtaine de wilayas. «En matière d'énergie, nous allons réaliser en 5 années ce que nous avons réalisé en 50 années», a déclaré Youcef Yousfi qui annonce, par ailleurs, de gros investissements dans la pétrochimie notamment la transformation de phosphate en engrais à travers deux projets pour un investissement de 5 milliards de dollars. Enfin, pour ce qui est de l'énergie nucléaire, le ministre a assuré hier que la première centrale nucléaire algérienne à usage civil notamment sera réceptionnée en 2025.