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Journée du handicapé: Un autre 14 mars et toujours rien

par A. El Abci

«Nous ne réclamons que l'application de nos droits légaux et légitimes, qui sont consacrés dans des textes de loi, et non une quelconque aumône. Ce que nous voulons, c'est que les 17.000 handicapés de la wilaya puissent circuler en ville et y accomplir les différentes démarches administratives à l'aise et comme tout le monde». C'est ce qu'a déclaré, hier, le président de l'association des handicapés moteurs de la wilaya de Constantine, Kamel Boukebab, en marge de la conférence de presse portant sur les aménagements de facilitation de déplacement en milieu urbain et d'accessibilité des handicapés aux établissement publics. Conférence qui a été organisée par l'association et qui a été animée par un spécialiste en urbanisme et enseignant à l'université Constantine 3, Youcef Saighi, et par une militante des droits des femmes, l'avocate Siham Zouli. Celle-ci confirmera la consécration des droits des personnes aux besoins spécifiques dans les textes de loi du pays. Les handicapés ont ainsi les mêmes droits que l'ensemble des citoyens qui sont mis sur le même pied d'égalité. Toutefois, dira-t-elle, ce qui manque, ce sont les dispositions d'application et c'est ce qui peut accélérer les améliorations et aménagements que réclame cette catégorie de la population. Dans sa communication, M. Saighi a déclaré «la Journée nationale des handicapés du 14 mars ne doit être ni une fête ni une commémoration, mais plutôt une date d'évaluation». «Nous avons trop fêté et peu réalisé en matière d'aménagements d'accès facilitant les déplacements de la personne handicapée», dira-t-il. Et d'ajouter que le peu de choses réalisées dans ce domaine ne peuvent être considérées comme des facilitations en ce sens que les normes ne sont pas respectées. Et de citer, dans ce cadre, la passerelle de Bab El-Kantara qui comporte bien une rampe d'accès pour handicapés, mais dont la pente est si raide qu'elle est plus un danger qu'autre chose. Et elle n'est pas la seule, d'autres aménagements de rampes qui se comptent cependant sur les doigts d'une main, comme celle qui permet l'accès à la poste de Coudiat mais aussi celle qui le permet pour le téléphérique, qui se distinguent également par une pente trop raide pour être utilisées avec aisance. Et de signaler dans ce sillage, qu'il lui est arrivé de recenser pas moins de 250 infractions à la facilitation de circuler pour handicapés et juste au centre-ville du Vieux Rocher, et ce depuis la place de la Pyramide en passant par la place de la Brèche et retour par la mairie de Aouinet El-Foul et la rue Messaoud Boudjeriou. Pourtant, dira-t-il, un décret exécutif portant sur les normes algériennes (NA) de facilitation des accès existe, à commencer par les portes dont la largeur ne doit pas être inférieure à 70 centimètres, mais qui est loin d'être appliqué et ses normes respectées. Dans le débat qui s'en est suivi, des questions ont été soulevées telles que pourquoi attendre l'âge de 18 ans pour faire bénéficier un handicapé à 100% de la prime de 4.000 dinars de la DAS ? Pourquoi recule-t-on toujours la création d'une commission de wilaya d'accessibilité, qui comprend plusieurs secteurs liés à cette question et qui est seule susceptible de faire avancer les choses en la matière ? Tant d'interrogations enveniment encore l'existence de cette catégorie de la société.