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L'impact de l'attaque contre un secteur névralgique de l'économie : Des experts optimistes rappellent «l'effet Anadarko»

par Salem Ferdi

La méga-prise d'otages d'In Amenas est un coup dur pour l'image de l'Algérie qui était parvenue, avec un relatif succès ces dernières années, à convaincre les opérateurs étrangers que le pays est sûr.  

Et de fait, les investisseurs et les opérateurs étrangers avaient plus tendance à s'inquiéter de « l'insécurité juridique » que de l'insécurité ? tout court ? même si les entreprises installées appliquaient les principes de précaution. Le plus rude pour l'Algérie est que l'attaque a touché un secteur hydrocarbures qui a été bien protégé au cours de la décennie très troublée des années 90. Certes, la proximité d'In Amenas avec la frontière d'une Libye déstabilisée est devenue source de diffusion d'armement, après la guerre occidentale contre Kadhafi et a introduit un facteur de fragilité. Mais cela n'enlève rien au fait que le secteur stratégique des hydrocarbures a été touché dans une période de relative stabilité interne. Il est de plus en plus avéré que l'objectif du groupe terroriste était d'enlever des employés étrangers et que leur repli sur la base gazière est la conséquence de leur échec. Le discours officiel sur l'effet dangereux de la déstabilisation de la Libye n'aura pas eu une traduction sécuritaire efficiente. En théorie, après l'échec de l'attaque contre le bus, les terroristes n'auraient pas du pouvoir accéder à la base de Tiguentourine. Les installations n'auraient pas subi de grands dommages et on peut dire que sur ce plan là l'impact est limité. C'est plutôt, l'impact sur le futur comportement des compagnies étrangères qui peut être une source de souci. Les opérations de rapatriement de centaines d'étrangers sont une réaction normale. « Une exigence des compagnies d'assurances » souligne un spécialiste qui ne s'attend pas à une défection des entreprises étrangères engagées dans le secteur pétro-gazier. « Si l'usine n'est pas vraiment touchée, l'impact est marginal. Les assurances vont augmenter leurs primes et les salaires seront revus à la hausse avec une prime de risque bonifiée. Des dispositifs de sécurité plus sévères devraient être mis en place, mais le besoin en énergie est tel qu'elles resteront ». Selon ce spécialiste, plutôt optimiste sur le comportement des entreprises, le vrai problème qui risque de se poser serait une volonté des Etats occidentaux « d'être plus impliqués dans la sécurité ». Cette vision optimiste doit être cependant tempérée.

«NUAGE NOIR»

L'Agence Internationale de l'énergie a estimé que l'attaque contre le site de Tiguentourine faisait « peser un nuage noir sur les perspectives du secteur de l'énergie du pays». Depuis des années, l'Algérie fait face ? et pour des raisons sans rapport avec la sécurité ? à une bouderie des compagnies pétrolières étrangères. Les échecs successifs de plusieurs appels d'offres de l'Alnaft l'ont montré. C'est tout l'enjeu de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, qui devrait être, en théorie, si le calendrier ne change pas,être soumise au vote le 21 janvier prochain. L'économie de la nouvelle loi, que ce soit pour les hydrocarbures conventionnels et non conventionnels, consiste à adapter la fiscalité pour rétablir l'attractivité du secteur pétro-gazier. L'attaque terroriste d'In Amenas va-t-elle réduire à néant l'effort « législatif » qui est mené ? Là également, les spécialistes nuancent. Les entreprises vont probablement devenir plus exigeante en matière de sécurité ? les assureurs vont d'ailleurs l'imposer ? mais elles ne déserteront pas l'Algérie si elles ont l'assurance d'une marge de profit suffisante. C'est le critère fondamental même si les leçons sécuritaires de la méga-prise d'otages d'In Amenas devront été examinées pour en tirer des leçons.Les experts rappellent que dans les années 90, Anadarko a accepté de prendre le risque de venir et elle a beaucoup gagné. Sa réussite a un effet d'entrainement sur les autres compagnies. « Dans le pire des cas, estime un spécialiste, on aura un investisseur qui prendra des risques pour obtenir le gros lot, cela donnera à réfléchir aux entreprises réticentes ».