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Protesta des travailleurs : La tension couve à Algérie Télécom

par A. Zerzouri

La crainte d'un effet de transmission du malaise social qui a sévèrement secoué les rangs des travailleurs d'Algérie Poste, durant une dizaine de jours, vers les masses laborieuses d'Algérie Télécom a contraint les syndicalistes, certainement en concertation avec l'administration, à prendre les devants de la scène afin de parer à toute dégradation de la situation socioprofessionnelle.

Une dégradation déjà perceptible bien avant que les salariés d'Algérie-Poste ne montent au créneau. C'est même la protesta des travailleurs d'Algérie-Télécom -pour rappel initiée avant l'Aïd El Adha pour réclamer et obtenir le versement de la prime d'intéressement- qui s'est manifestement propagée au sein des postiers. En tout cas, et cela a toujours été ainsi, en raison d'une filiation hiérarchique commune, lorsque Algérie-Poste prend un coup de fièvre, c'est Algérie- Télécom qui commence à tousser, et vice-versa. Prévention et précaution marquent donc, la démarche des syndicalistes d'Algérie-Télécom, qui ont écrit à leur P-DG une longue missive où le ton appelant au calme voile à peine, une effervescence dans les rangs des travailleurs. «Notre souci s'intensifie et se renforce chaque jour à l'idée de voir et d'assister à l'élargissement du fossé entre les salaires, l'ombre d'un mécontentement généralisé des plus démunis et nécessiteux commence à prendre forme, insatisfaction générale des travailleurs à l'égard de la politique des salaires se fait sentir, des salaires de plus en plus éloignés de la vérité et de l'équité dans notre secteur? Le travailleur constate, murmure et veut être entendu», tels sont les termes d'un «constat» établi et transmis au P-DG par la coordination syndicale d'Algérie Télécoms dans la wilaya de Constantine, affiliée à l'UGTA.

La missive en question, affichée aux travailleurs et dont copie a été transmise, hier, à notre rédaction, soulève d'autres points de revendications qui demeurent en suspens et qui poussent au pourrissement du climat socioprofessionnel. A l'enseigne, en particulier, du versement des PRI / PRC, des trois dernières années (2010, 2011, 2012), une augmentation des salaires à hauteur de 13 % en complément aux 17 % déjà versés pour satisfaire la revendication sur ce point qui porte sur un accord d'une hausse de 30 %, à régler en deux parties. Sur un autre registre, la coordination syndicale des Télécoms de Constantine fait part de son inquiétude face à la disproportion des salaires, jugée effarante, entre les différentes catégories du personnel. «Ce sont les plus hauts salaires, consentis aux directeurs, aux chefs de centre et autres chefs de département, qui ont été encore touchés par des augmentations, alors que les travailleurs des échelles, cadre moyen et exécution, sont tout bonnement ignorés», s'insurgent les représentants des travailleurs. Ces derniers parlent, dans ce contexte salarial, de la création, au sein de l'entreprise, de deux classes distinctes, «la classe bourgeoise et la classe ouvrière», avec des cimes atteignant les 40 millions et le bas du tableau qui frôle, selon les termes des syndicalistes, «une aumône» de 3 millions. Ainsi s'expriment les appréhensions des syndicalistes qui «proposent» ou «appellent» à une unification des forces et une coordination des efforts «pour ne pas se voir dépasser par les évènements», prévient-on.

Plus insistant encore, le ton de la missive des syndicalistes conseille au P-DG d'adopter «le dialogue et la concertation» comme bouclier face à une quelconque aventure de déstabilisation du secteur. «Nous devons répondre aux préoccupations des milliers de travailleurs, nous devons examiner et satisfaire les besoins des travailleurs», plaident les syndicalistes. Ces derniers annoncent dans ce sillage «l'organisation de plusieurs actions de proximité et la programmation d'assemblées générales pour sensibiliser les travailleurs». Prévenir vaut mieux que guérir?