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Assassinat des moines de Tibhirine : Un juge français pourrait enquêter à Alger

par Yazid Alilat

L'affaire de l'assassinat des sept moines de Tibhirine, en mai 1996, rebondit avec la prochaine visite du président français François Hollande en Algérie, mercredi et jeudi prochains.

Cette affaire qui indispose Paris et Alger depuis maintenant 16 ans, est pourtant revenue au devant de l'actualité politique entre les deux pays, à la faveur du déplacement de Hollande en Algérie et les pressions de milieux politiques français qui veulent instrumentaliser cette affaire.

Selon la chaîne d'informations en continu, «France 24», le juge antiterroriste Marc Trévidic, aurait ?'obtenu l'autorisation des autorités algériennes de se rendre en Algérie'', afin d'enquêter sur les circonstances de l'assassinat des moines de Tibhirine. Mais, croit savoir France 24, ?'certaines conditions qu'il requiert ne sont cependant pas garanties''. Marc Trévidic, qui remplace dans ce dossier le juge Jean Louis Bruguière, aurait ainsi, selon cette chaîne, obtenu le feu vert des autorités algériennes pour se rendre en Algérie, au mois de mars 2013, pour mener son enquête sur les circonstances de l'assassinat des moines de Tibhirine. Le juge français, dans sa commission rogatoire, veut notamment s'entretenir avec une vingtaine de témoins de l'affaire, considérés comme des témoins clés, et effectuer, avec l'aide d'experts français, des prélèvements ADN sur les têtes des défunts qui doivent être exhumées.

Pour élucider cette affaire, il est, en effet, impératif, selon ce juge, de savoir si les têtes présentent ou non des impacts de balles et si les moines ont été décapités ?'ante ou post mortem''. Ce magistrat avait délivré une commission rogatoire internationale, à destination de l'Algérie, le 16 décembre 2011. Un document de sept pages rédigé en arabe. Dans cette commission rogatoire, le juge Marc Trévidic a demandé à se rendre en Algérie pour exhumer et autopsier les têtes des moines et obtenir des informations sur une vingtaine de témoins. Depuis cette date, l'affaire est restée à ce stade, même si des parties proches des victimes veulent faire pression pour permettre au juge Trévidic de se rendre en Algérie, dans le cadre de cette enquête qu'il a pratiquement demandée auprès des parents des victimes, en octobre 2011.Vendredi à Bruxelles, François Hollande avait affirmé qu'il parlera de «tous les sujets», y compris de l'affaire des sept moines de Tibhirine, avec le président Abdelaziz Bouteflika, lors de sa prochaine visite en Algérie. «Je parlerai avec les autorités algériennes, avec le président Bouteflika, de tous les sujets», a dit M. Hollande, lors de la conférence de presse à l'issue du sommet européen. Il avait été interpellé sur un appel lancé par Patrick Baudoin, avocat des parties civiles dans ce dossier. Dans une lettre ouverte à François Hollande, publiée vendredi dans le journal « La Croix », Patrick Baudouin a plaidé pour que la question de «la nécessaire coopération des autorités algériennes, dans l'exécution de la commission rogatoire internationale soit évoquée», lors des entretiens entre les deux présidents, à l'occasion du déplacement de Hollande en Algérie.

Les sept moines trappistes du monastère de Tibhirine, sur les hauteurs de la wilaya de Médéa, avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. Leur assassinat avait été revendiqué par le GIA, dirigé alors par Djamel Zitouni. Les têtes des victimes avaient été découvertes le 30 mai au bord d'une route de montagne, dans la même région, mais leurs corps n'ont jamais été retrouvés.