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Récupération des peaux de mouton : Un « filon » qui rapporte gros

par J. Boukraâ

Le commerce des peaux de mouton connaît un «dynamisme» certain à Oran avec la célébration de l'Aïd El-Adha, synonyme, tradition oblige, d'immolation de nombreuses bêtes Après le rituel du sacrifice de l'Aïd El-Adha, ils sont de plus en plus rares les foyers qui conservent la peau de mouton ou sa laine. Nombreux sont les ménages qui préfèrent les jeter, au grand bonheur des jeunes collecteurs, qui ramassent ces peaux pour les revendre ensuite contre des sommes d'argent variant entre 300 et 500 dinars la pièce. A chaque Aïd El-Adha, de nombreux commerçants se livrent à une concurrence féroce pour acquérir ces peaux auprès des citoyens afin de les revendre à des tanneries. Celles-ci se chargent de les transformer en matière première utilisée dans la fabrication de produits en cuir, ou exportés vers certains pays européens et asiatiques. A Oran, plusieurs camions ont sillonné les cités et les quartiers de la ville, dès l'après-midi du premier jour de l'Aïd, pour collecter cette matière première afin de la revendre aux tanneries. Ces revendeurs les récupèrent carrément dans les poubelles, avant le passage des camions de ramassage des ordures. Lavées et ensuite couvertes avec des quantités considérables de gros sel pour les préserver de la pourriture, les peaux emballées dans des sacs en plastique sont ensuite cédées aux tanneries. Menacée aujourd'hui par la crise du marché local de la manufacture et l'exportation massive et incontrôlée de la matière brute, l'industrie du cuir subit des difficultés d'approvisionnement en peau brute. La wilaya d'Oran compte deux tanneries, qui souffrent d'un grand problème d'approvisionnement en peau brute. Ces dernières années, le trafic de peaux brutes a atteint un seuil critique et la matière première, constituée essentiellement de peaux brutes, est étrangement introuvable depuis plusieurs mois. La raison est qu'elle est frauduleusement exportée vers les pays de l'Europe de l'Est et du Moyen-Orient, grâce à des réseaux transnationaux organisés. Chaque année, lors de la fête de l'Aïd El-Adha, des centaines de milliers de bêtes sont sacrifiées. Cela représente en termes de peaux de quoi faire fonctionner à plein régime toutes les tanneries algériennes pendant une dizaine d'années. Une bonne partie est détournée par les contrebandiers. Les peaux et cuirs algériens sont les plus demandés au monde pour leur qualité de coupe et leur solidité, selon les professionnels. De ce fait, ils ont toujours fait l'objet de convoitises. Cette «bonne» réputation semble aujourd'hui porter préjudice aux tanneurs algériens en menaçant de mettre en péril leurs unités de transformation et les emplois qui y sont rattachés. Les transformateurs estimés actuellement à une vingtaine dont deux installés à Oran, qui ont jusque-là perdu près de 30% de leurs employés, accusent en premier lieu l'exportation légale et illégale des peaux à l'état brut, surtout qu'elle détruit la plus-value et l'emploi.