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Inflation : Les alertes du CNES et de l'UGTA

par Kader Hannachi

Le Conseil national économique et social et la Centrale syndicale soumettent au chef de l'Etat un mémorandum en 74 points pour signaler leur inquiétude de la situation économique et sociale et proposer des solutions pour un retour à la croissance et à l'orthodoxie financière.

Le Conseil national économique et social (CNES) et la Centrale syndicale UGTA ont élaboré ensemble un mémorandum pour alerter le gouvernement sur les conséquences de l'emballement des prix à la consommation et met en garde contre le danger d'une inflation à «deux chiffres.»

Le document constitué de 74 propositions et conçu comme une initiative destinée à protéger le pouvoir d'achat des Algériens, ne contient rien qui ne soit déjà connu de l'augmentation vertigineuse des prix à la consommation et de l'état dans lequel se trouve le tissu économique national. Il contient pratiquement toutes les alertes que lancent, depuis les émeutes de janvier 2011, au moins tous les acteurs économiques et associatifs sérieux qui s'inquiètent de la flambée du coût de la vie dans notre pays et des menaces de dérégulation qui pèsent sur son économie.

Sa nouveauté n'est, donc, pas dans l'expertise qu'il formule et que corroborent tous les chiffres disponibles y compris ceux neutres de commentaire politique comme ceux de l'Office national des Statistiques (ONS). Elle est dans l'identité de ses deux signataires car ni le CNES ni l'UGTA n'ont l'habitude d'avoir un discours aussi critique ? car c'est bien cela le sens de leur mémorandum- sur l'action économique et sociale des pouvoirs publics.

Le président Mohamed Seghir Babes et le secrétaire général Abdelmadjid Sidi Said, même si on les voit assister, depuis des mois, à tous les rendez-vous sérieux, organisés par des associations et des experts en économie, ont depuis longtemps troqué la vocation critique de leur Conseil et syndicat d'interpeller le gouvernement sur ses défauts de gestion pour une sorte de discours pédagogique, à la limite de l'indulgence équivoque. S'ils réagissent aujourd'hui, de cette façon, c'est soit en perspective d'un déploiement qu'on pourrait deviner, en relation avec de prochaines et importantes échéances politiques, un changement de gouvernement par exemple, soit parce qu'ils sentent réellement que le feu couve et que la tentation émeutière n'est pas loin.

Le CNES et l'UGTA affirment aujourd'hui, en effet, que «les prix connaissent (...) un emballement inquiétant et porteur de perturbations.» Leur mémorandum indique qu'à la fin du mois de mai 2012, l'inflation culminait à 9,39% et celle des produits alimentaires à 12,4%, en raison de divers facteurs dont «l'offre excessive de monnaie, la politique budgétaire expansive, les augmentations salariales, la désorganisation des marchés, la faible maîtrise de la chaîne logistique du Commerce extérieur, la spéculation et enfin l'absence de maîtrise du secteur informel.»

Un bien inquiétant diagnostic dont la conclusion est que «l'économie nationale n'est pas à l'abri d'une spirale de dérégulation chronique qui ne ferait que compliquer davantage les efforts de stabilisation sociale et de croissance économique...»