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Marché financier : La Bourse d'Alger au régime sec

par Kader Hannachi

Ce n'est pas la saison de l'abondance au marché des obligations en Algérie. Avec un encours global de 78,3 milliards de dinars en 2011 contre 151,89 de dinars en 2010, il connaît un repli de près de 50% ! Et une tendance à la baisse qui, sauf miracle, devrait se poursuivre en 2012.

Ces chiffres fournis, hier, par l'APS sont inquiétants pour l'avenir de la Société de gestion de la bourse des valeurs (SGBV) d'Alger et le marché financier en Algérie. Mais ils n'ont rien de nouveau sachant qu'ils ont déjà fait l'objet d'une publication au début de l'année 2012. Et que la baisse qu'ils traduisent, tellement prévisible, n'étonne déjà plus tellement.

Le secteur, en effet, se limite depuis de nombreuses années à des intervenants se comptant sur les doigts de la main (Alliance Assurances, Aurassi et Saidal) et à des opérations dont les plus importantes sont arrivées à terme. Pour quelles raisons ? Le directeur général de la Bourse d'Alger, Mustapha Ferfera, s'abstient dans la dépêche de l'APS de toute explication susceptible d'expliquer l'état d'inanition (et le propos n'est pas que de circonstance !) dans lequel se trouve l'institution qu'il dirige. Il se contente d'indiquer que « l'encours global des obligations disponibles s'élève au 31 décembre 2011 à 78,3 milliards DA contre 151,89 milliards DA en 2010, soit une baisse significative de l'ordre de 48,5% ». Il informe aussi que l'encours des obligations cotées «se situe à la fin 2011 à 32,36 milliards DA contre 69,95 milliards DA» avec un abaissement de «37,49 milliards DA».

Mais les chiffres qu'il donne ne sont pas eux-mêmes exempts de signification. Si bien qu'ils apportent de l'eau au moulin aux commentaires d'experts qui estiment que le marché boursier algérien souffre aujourd'hui de plusieurs carences propres à son fonctionnement et, plus généralement, à celui du marché des banques et du crédit dans notre pays. Parmi ces défauts, il y a l'absence certes très subjective et donc discutable d'un «animateur» de type Strategica. Ce cabinet conseil a accompagné avec succès les grandes opérations d'emprunt arrivées à maturation et en cours de remboursement de Sonelgaz et Algérie Télécom. Avec sa disparition restée mystérieuse aux yeux de l'opinion en 2010, il n'y a plus eu d'opérations de démarchage auprès des opérateurs potentiels comme celles qui ont été à l'origine de l'embellie que le secteur a connue dans le milieu des années 2000.

Plus objectivement, bon nombre d'entreprises, notamment publiques, ne voient pas d'intérêt à recourir au marché obligataire alors qu'elles ont la possibilité d'accès aux crédits avantageux qu'accorde le Fonds national d'investissement (FNI) en termes de durée et de taux d'intérêt. Par ailleurs, les banques publiques qui s'étaient impliquées dans le rôle d'intermédiation en opérations boursières proposent elles aussi un crédit à 7 ans plus intéressant pour elles et pour leurs clients, les frais de placements des emprunts étant plus importants en termes de coût pour l'emprunteur.

Enfin, pour le privé, l'échec de l'opération lancée par Dahli au début 2009 et les difficultés rencontrées par l'assureur Alliance Assurances depuis son entrée en 2011 et qui se plaint d'un problème de liquidité des titres boursiers n'ont pas encouragé d'autres candidats potentiels à s'y engager en dépit des avantages fiscaux. Avant la fin 2012, au moins deux nouvelles entreprises privées devraient entrer en Bourse : la Nouvelle conserverie d'Algérie, une filiale de Salama Assurances et une autre de Maghreb Leasing-Algérie (MLA).