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En attendant une «autosuffisance» promise pour 2013 : Sonatrach va importer 180.000 tonnes de gasoil

par Salem Ferdi

La compagnie nationale d'hydrocarbures Sonatrach a émis un appel d'offres pour l'achat de 180.000 tonnes de gasoil livrables au cours du mois de mai. Cet appel d'offres a entraîné un raffermissement des prix en Méditerranée dans un contexte où plusieurs raffineries sont soit à l'arrêt ou bien fonctionnant à un rythme réduit, comme c'est le cas de la raffinerie de Miazzo en Italie. La raffinerie espagnole de Castelon restera fermée jusqu'en juin. La demande algérienne en gasoil reste importante même si elle a baissé en 2011 à 226.598 contre 291.617 tonnes achetées en 2010, selon de récentes données douanières.

En 2011, c'est la Russie qui a été le plus grand fournisseur de l'Algérie avec 117.067 tonnes suivie de la Lituanie avec 68.067 tonnes. Cet appel d'offres vise à compenser la baisse sensible d'activité de la raffinerie de Skikda, la plus grande du pays avec 335.000 barils par jour, qui a entamé, le 30 avril, un programme de maintenance. La raffinerie continuera de traiter des quantités limitées de pétrole brut mais le recours à l'importation reste impératif pour couvrir des besoins nationaux en hausse. Une tendance à l'importation importante au cours des dernières années qui risque de se poursuivre jusqu'en 2013, en raison des travaux programmés de réhabilitation des raffineries d'Alger, de Skikda et d'Arzew.

DES REHABILITATIONS POUR AUGMENTER L'OFFRE

Les prévisions de Sonatrach tablent sur la réalisation d'une autosuffisance en gasoil à partir de 2013 et ce, jusqu'en 2019. Les travaux de réhabilitation des raffineries existantes devraient permettre d'augmenter de 5 millions de tonnes/an les capacités de traitement et d'assurer largement les besoins à partir de l'an prochain. Les capacités de la raffinerie de Skikda vont être portées de 15 millions de tonnes/an à 16,5 mt/an, celle d'Alger, de 2,7 mt/ an à 3,6 mt/an et celle d'Arzew, de 2,5 à 3,75 mt/an. Les responsables de Sonatrach avaient d'ailleurs prévu qu'il y aurait encore recours aux importations pour l'année 2012. Récemment, des tensions sur le gasoil ont été enregistrées dans certaines wilayas du pays et notamment dans les régions frontalières où les «hallaba» sévissent. M. Youcef Yousfi a déclaré récemment qu'un «programme d'importation de carburants a été mis en place par Sonatrach» tout en précisant que «pour satisfaire la demande à long terme du pays, nous démarrons un programme de doublement de nos capacités avec la construction de nouvelles raffineries». Le prix «extrêmement bas» du gasoil, selon la formule de l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, qui a tenté, en vain, d'augmenter le prix du gasoil (actuellement 13,70 dinars à la pompe), a favorisé une forte diésélisation du parc automobile algérien. Au détriment des énergies propres et disponibles comme le GPL.

ABSENCE DE POLITIQUE INCITATIVE AU GPL

Il n'existe pas d'effort politique pour inciter à changer le mode de consommation plutôt gaspilleur et pollueur. Les administrations publiques ne donnent guère l'exemple d'un recours aux carburants alternatifs. Des projets de réalisation de nouvelles raffineries vont permettre de mettre une offre plus importante pour satisfaire une demande nationale en hausse. Mais en termes de perspectives, si l'Algérie ne fait pas des découvertes pétrolières nouvelles substantielles, ces raffineries devront, dans 20 ans, être alimentées par des importations. Or, le pétrole continuera, selon toutes les projections, à avoir un prix soutenu sur le marché mondial alors que les prix du gaz risquent de rester bas en raison de l'explosion de la production du gaz non conventionnel. Les Etats-Unis sont déjà en situation d'être exportateurs de gaz. Il est donc «raisonnable» d'essayer de préserver la ressource pétrolière grâce à des politiques incitatives pour encourager le recours au gaz. L'autre volet qui reste peu développé malgré l'existence de l'Aprue est celui d'une rationalisation de la consommation et la chasse au gaspillage. Mais le refus persistant de déplaire en augmentant les prix du gasoil et de l'essence ne favorise pas les efforts d'aller vers le GPL carburant.