Figure emblématique du mouvement national, engagé corps et âme, dans la noble cause de la guerre de Libération nationale, si Houcine Oumedjeber, militant du PPA, puis du MTLD et enfin membre de l'OCFLN et descendant d'un illustre chahid, tombé au champ d'honneur, a , dès l'aube de la Révolution, connu dès l'âge de 26 ans, les affres de la guerre de Libération et de l'errance, sillonnant dans tous les sens le territoire national, en prêchant les nobles idéaux d'un juste combat libérateur. Dénoncé en 1955 auprès de l'administration coloniale pour sa collaboration avec les moudjahidine, ce combattant de la liberté quitta son village natal de Tirouel (wilya de Tizi Ouzou) abandonnant tous ses biens pour rallier, avec comme seule arme de combat, un camion de transport de marchandises qu'il mit à la disposition des moudjahidine, dans la région d'Oued Zenati (Constantinois), aux côtés de Abdelhamid Mehri et d'autres responsables politiques, où il fut chargé d'assurer le ravitaillement des djounoud, en vivres et en munitions. Une mission qu'il lui valut d'être activement recherché et sa tête mise à prix. Arrêté et torturé par les militaires français, au cours d'une vaste opération de ratissage en 1956, il a été emprisonné pendant plusieurs mois et c'est par miracle qu'il réussit à s'évader de la sinistre prison des Ouacifs et s'évaporer dans la nature mais cette fois-ci pour rejoindre la région du sud-ouest oranais et plus précisément à Geryville où il continua, sans relâche, au péril de sa vie, à bord de son légendaire camion de transport « Berliet » qu'il ne quitta point et avec la même énergie, à assurer le ravitaillement de toutes les katibates implantées sur les hauteurs des djebel Ksel et Bounoukta, en denrées alimentaires et en effets vestimentaires, à partir d'Oran et de Saïda.

Excellent orateur, sachant convaincre ses pairs lorsqu'il le fallait, d'une hardiesse à toute épreuve, Ammi Houcine, ce «tigre du Djurdura», une formule inscrite en grosses lettres sur les deux portières de son camion, tenait tête à l'arrogant administrateur de la commune mixte de Géryville, imbu de ses pouvoirs étendus, qui l'accusait de tous les maux et plus grave encore à ses yeux, d'approvisionner les moudjahidine de la région. Ce dernier le jeta en prison, au début du mois de janvier 1961 et il ne fut libéré qu'aux premières heures de l'Indépendance du pays. Dès cette époque, tout au début du mois de septembre 1962, Ammi Hocine s'attela, aux côtés de son inséparable compagnon et confident de toujours, Si Bahous Halis, le syndicaliste, à mettre sur pied le bureau local du Croissant-Rouge algérien qu'il dirigea jusqu'en 1980. Mais au fait, qui ne se souvient, parmi les adolescents de cette époque, de la goutte de lait chaud que nous servait ce digne et humble personnage, chaque matin avant la rentrée des classes. Infatigable, il fut ensuite désigné membre de l'Assemblée constituante puis membre de l'APW de Saïda. Il renonça à tous les privilèges que lui offrait cette fonction élective, ne se consacrant qu'au bénévolat et aux œuvres caritatives.

A la tête du bureau du Croissant-Rouge algérien, durant deux décennies consécutives, il tenait lui-même le registre des familles nécessiteuses et n'hésitait pas à assurer personnellement, à bord de sa 2 CV, la distribution des sacs de semoule, aux nécessiteux, visitant, une à une, les familles, dans leurs kheimas, à travers les communes rurales de la wilaya.

Digne enfant de l'Algérie indépendante, cet infatigable père des pauvres, au passé et au parcours très glorieux, jalonnés d'immenses sacrifices pour le pays, est parti au début du mois de septembre 1980, à l'âge de 56 ans, à la suite d'une longue maladie, séquelles de tortures subies durant la guerre de Libération, au moment où le pays et sa ville adoptive El Bayadh, avaient encore besoin de lui, laissant derrière lui toute une œuvre et une entreprise exemplaire qui mériteraient d'être inscrites en lettres d'or dans l'histoire de cette région du pays.