Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Capital investissement : Sofinance se tourne vers les PME privées

par Abdelmalek TOUATI

Après avoir longtemps accompagné les entreprises étatiques, la Sofinance, l'un des rares organismes publics algériens de capital investissement, se tourne résolument vers les PME privées avec à la clé des alternatives innovantes aux financements bancaires classiques. Les investisseurs et opérateurs économiques qui ont du mal à en découdre avec les banques n'en demandaient pas plus.

En mars 2011, Kamel Mansouri, le pétillant PDG de la Sofinance à la cinquantaine bien entamée, s'est dit qu'il aurait du pain sur la planche. Le gouvernement venait de lui confier la gestion des fonds d'investissement de 6 wilayas (Blida, Oran, Béjaia, Batna, Oum El Bouaghi et Tiaret). Une cagnotte de 1 milliard de dinars par wilaya destinée à booster les Petites et Moyennes Entreprises privées et donner aux investisseurs une opportunité de concrétiser leur projet. Deux mois plus tard et des centaines de kilomètres parcourus en road-shows et campagnes d'information, il en revient avec un plein d'optimisme : «Nous ne sommes qu'à la phase de vulgarisation du capital-investissement en Algérie et nous avons déjà identifié des niches d'investissements prometteurs avec des PME que nous espérons concrétiser au début du second semestre 2011», nous confie-t-il avec enthousiasme. Longtemps habitués à courir après les banques pour «soutirer» des financements pour de nouveaux projets ou l'extension de leurs capacités, les patrons de PME se voient désormais sollicités par un organisme financier, public de surcroît, pour les accompagner et même partager le risque lié à leur investissement. Une sollicitation que seules les banques étrangères offrent aux PME mais moyennant une forte rétribution en taux d'intérêts et autres honoraires.

Partage de risque

Le fonds d'investissement de wilaya a en effet de quoi charmer les investisseurs et porteurs de projets. Bien que la création de ces fonds ait été décidée par la loi de finances complémentaire de 2009, leur mise en application a nécessité un peu plus d'une année. A travers ce dispositif, Sofinance propose de partager le risque avec les investisseurs à travers une prise de participation minoritaire dans le capital de l'entreprise jusqu'à hauteur de 49% avec un apport en cash ne dépassant pas les 50 millions de dinars. La participation de Sofinance dans la joint-venture est d'une durée moyenne de cinq (5) années au terme de laquelle elle se retire au profit des actionnaires en place moyennant une plus-value négociée au préalable. Des investisseurs et opérateurs économiques rencontrés lors d'une récente journée d'information organisée par la Sofinance à Béjaia se sont montrés enthousiastes à la nouvelle formule qui leur est proposée. Cependant, plusieurs d'entre eux ont soulevé des appréhensions quant à une alliance avec un organisme financier public. Les investisseurs sont, entre autres, inquiets d'une possible perte de flexibilité et d'autonomie dans la gestion et la prise de décisions stratégiques face au nouveau partenaire et qui pourraient aboutir à des blocages. Une inquiétude balayée d'un revers de main par le patron de la Sofinance : «Nous n'intervenons pas dans la gestion directe de l'entreprise. Nous désignons seulement un représentant qui siège dans le conseil de gestion de l'entreprise, ce qui est tout à fait normal quand on place de l'argent dans un projet. Notre seule exigence vis-à-vis de nos partenaires est la transparence des comptes».

«Bancabilité» des entreprises

Pour les responsables de Sofinance, la prise de participation avec des entreprises privées présente de nombreux avantages pour les PME algériennes. Outre le renforcement des fonds propres de l'entreprise, l'apport d'un fonds d'investissement présente des garanties de «bancabilité» vis-à-vis des organismes créditeurs. «Quand une entreprise présente un dossier de crédit auprès d'une banque avec comme partenaire dans son capital un organisme de la taille de Sofinance, le dossier part avec des atouts indéniables», estime un spécialiste en ingénierie financière.