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Alger: Emeutes à «Climat de France»

par Salah-Eddine K.

La tension était vive hier à la cité «Climat de France», située dans la commune de Oued Koriche. Des affrontements entre émeutiers et agents de l'ordre public ont été enregistrés.

Les policiers ont eu recours aux bombes lacrymogènes mais aussi aux balles en caoutchouc. Les émeutiers ont recouru aux jets de cocktails Molotov, de pierres et tous autres objets qui leur tombaient sous la main. La cause de cette violente confrontation est la démolition par l'APC de Oued Koriche d'une quarantaine d'habitations de fortune construites d'une manière illicite par des familles. Une cité réputée pour l'exiguïté de ces « logements de recasement» construits dans la fin des années 1950, au temps de la colonisation. Des habitants de cette cité avaient érigé, il y a quelque temps, des constructions dans les espaces vitaux de la cité à savoir les espaces verts et aussi dans l'arrière-cour d'une école primaire. Selon certains d'entre eux, les occupants de ces constructions avaient eu, dit-t-on, «une autorisation verbale» pour les construire. Un argument récurrent et avancé à chaque fois qu'il y a ce genre d'opération.

Tôt la matinée, lorsqu'à la vue d'engins qui descendaient depuis le quartier de Fontaine Fraîche (en haut du «Climat de France»), des jeunes se sont donné le mot pour s'opposer à l'ordre de démolition pris par le wali d'Alger. Et la situation a fini par dégénérer. L'on dénombre de nombreux blessés dans les rangs des agents de l'ordre et aussi du côté des émeutiers dont certains ont été atteints, selon des témoins, par des balles de caoutchouc. Le bilan officiel fait état de 50 blessés parmi les éléments des forces de l'ordre et 5 arrestations d'émeutiers. Les habitants du quartier parlent, eux, de plus de 70 personnes arrêtées. Un jeune de 17 ans aurait même été blessé par balle en caoutchouc au niveau du visage. L'on fait remarquer que les policiers ont procédé aux arrestations d'émeutiers en recourant à la force. Ils seront conduits au poste de police du premier arrondissement situé à une centaine de mètres du lieu des émeutes.

Les agents de l'ordre n'ont pu disperser les émeutiers que difficilement pour laisser passer les engins «rétrochargeurs» déployés par la commune. Les engins devaient intervenir dans une cité située juste derrière le ministère de la Défense nationale.

Des habitants ont déploré le fait que les choses se passent dans l'anarchie la plus totale. «Pourquoi bidonvilliser cette cité alors qu'elle a besoin d'être retapée», interroge l'un d'entre eux. Il affirme même que les familles concernées n'avaient pas besoin de le faire «parce qu'elles ont été recensées par la cellule sociale pour être relogées». L'exiguïté des appartements, un environnement mal sain, le chômage des jeunes sont, nous dit un jeune, «les ingrédients pour faire exploser cette cité».