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Slogan

par El-Guellil

Sur les frontons de nos administrations, il trônait le slogan, «min echaab oua ila chaab», par le peuple et pour le peuple. Sauf qu'à aucun moment on ne savait de quel peuple il s'agissait. Etait-ce, celui qui faisait la chaîne pour une plaquette d'œufs ou celui qui était livré à domicile avant même que les marchandises ne soient enregistrées dans les magasins de l'Etat ? Résultat le slogan se transformait en «pleure le peuple et part le peuple». El bled est devenue sens dessus dessous, les uns pleuraient leurs enfants disparus, les autres pleuraient leurs enfants partis et les partis sont toujours là.

 Il y a eu le slogan, «rijaloune ouakifoune», auxquels on a donné des armes pour rétablir l'ordre et, dès le calme relatif rétabli, bnoka pour les remettre à l'ordre. On les appelait les patriotes hôtes du danger.

 Aujourd'hui, aucun slogan ne peut marcher, tant cette pratique a montré ses limites. «M'aak yal khadra» nous le transformerons en «ma'aak yal khodra». Et les grosses légumes ne pourront pas nous le reprocher. Nous les invitons, pour une fois, au marché. Daigneront-ils nous y accompagner. Nous leur offrirons le double du budget que nous prévoyons par jour. Nous leur demanderons de nous concocter un déjeuner et un dîner pour une famille moyenne. Non, nous ne mangerons pas de fruits. Non, nous ne mangerons pas de viande rouge. Non, nous avons oublié ce que poisson veut dire. Deux menus, seulement deux pour une famille de cinq personnes. Le père. La mère. Les trois enfants. Non, nous ne leur demanderons pas des produits de premier choix, de toute façon, ils ne le trouveront pas sur les étales des marchés populaires. Daigneront-ils après multiplier par trente (les jours du mois). L'électricité, l'eau, les médicaments, maaliche, qu'ils additionnent le minimum? Ils verront, honnêtes qu'ils sont, que le pouvoir d'achat, nous permet à peine de nous maintenir en vie et de pouvoir vivre jusqu'aux prochaines élections, qu'ils organiseront sans nous.