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Electromel a osé la lampe algérienne à basse consommation

par Abdelmalek Touati

Pour un opérateur qui a investi dans la fabrication de lampes à basse consommation, le pari ne manque pas d'audace. Electromel est pourtant la première entreprise du genre en Algérie à se lancer dans ce process. Autant dire une «aventure industrielle» dans un créneau dominé par les grandes marques européennes d'une part et de l'autre le toc qui a inondé le marché ces dernières années.

Située à la sortie Ouest de la ville de Béjaïa, sur les abords de la RN 12, l'unité de production de la société Electromel ne paie pas de mine. Une bâtisse inachevée, construite sur un terrain familial, où est fabriquée depuis septembre 2007 la première lampe à basse consommation 100% algérienne. Le projet a été inspiré par Sadek Meradi, ancien cadre à l'ex-Sonatite, jadis fleuron du secteur des télécommunications. Ses nombreux voyages d'affaires et missions à l'étranger et ses contacts avec les industriels de l'électricité lui ont donné l'idée de se lancer dans ce créneau d'autant que les lampes à basse consommation séduisent de plus en plus de consommateurs en Algérie à cause du renchérissement des factures d'électricité. De ces pérégrinations, M.Meradi a réussi à convaincre un partenaire allemand à s'associer avec lui pour le montage de l'usine. Mais celui-ci a vite fait de déchanter devant la « violence » de la machine bureaucratique algérienne. « Nous étions chez le notaire à Alger pour signer les statuts de la société mais nous avons dû passer toute la journée à faire la queue. Notre partenaire en était choqué et il s'est dit qu'investir dans un pays comme l'Algérie n'était pas si sûr que ça », nous raconte Mesbah Meradi, aujourd'hui patron de l'entreprise. Il est facile de deviner la suite : le partenaire allemand s'est excusé et a plié bagage. M. Meradi ne se décourage pas pour autant et décide de poursuivre l'aventure en solo. La procédure administrative, le montage financier et l'achat des équipements, importés de Corée du Sud, prennent plus d'une année. Autant dire un record dans le labyrinthe de l'investissement qu'est celui de l'Algérie. Fin septembre 2007, la première lampe à basse consommation sort de l'usine et commence alors une autre bataille, celle de la conquête du marché.

Un produit qui séduit, des capacités limitées

 L'unité d'Electromel emploie aujourd'hui 25 collaborateurs et fabrique une moyenne de 8000 lampes/jour dont le design et la qualité n'ont rien à envier à ceux des multinationales. Les modèles et les formes des lampes ont été dessinés par la jeune F. Meradi, associée dans le projet avec son frère aîné. «Nous avons pris le soin d'enregistrer nos modèles auprès de l'INAPI car notre concept de lampes est nouveau sur le marché et nous tenions à le protéger de la contrefaçon», nous confie le patron de l'entreprise. Premiers pas sur le marché, premières difficultés pour Electromel. Bien que la lampe à basse consommation séduit de plus en plus de consommateurs en Algérie, le produit Electromel est peu connu sur le marché devant l'agressivité du marketing des grandes marques étrangères et le toc importé de Chine, proposé à des prix défiant toute concurrence. Qu'à cela ne tienne, Electromel gratte petit à petit des parts dans le marché et réalise l'exploit de placer son produit en Tunisie où des opérations d'export ont été réalisées pour une période de test.

Le marché maghrébin en ligne de mire

 Cette intrusion à l'export se heurte toutefois aux capacités limitées de l'usine qui demandent à être renforcées pour honorer les engagements. «Nous avons une forte demande qui émane d'opérateurs de Tunisie, de Libye et du Sénégal mais nous avons besoin de financements pour notre expansion et malheureusement le système bancaire algérien ne suit pas la dynamique d'expansion de notre entreprise», nous confie encore M. Meradi. Malgré toutes les garanties présentées au bailleur de fonds, l'agence locale d'une banque publique, le dossier traîne encore dans les tiroirs. «Nous avons même présenté un contrat d'export vers la Tunisie en guise de garantie supplémentaire à la banque mais rien n'y fait. C'est à ne rien comprendre», s'insurge notre interlocuteur. Et la nouvelle loi de finances n'arrange pas les choses malgré un taux d'intégration record du produit de l'ordre de 70%, seuls les composants électroniques étant importés.

Organisme de certification inexistant

L'autre opportunité de marché qui intéresse Electromel est le programme gouvernemental de 1 million de lampes à basse consommation à travers l'APRUE en collaboration avec Sonelgaz. Et là encore, le produit Electromel se heurte au mur de la certification d'origine exigée dans le cahier des charges. Pour contourner cet obstacle, l'entreprise a sollicité le même organisme tunisien qui a certifié son produit et lui a permis de l'introduire sur ce marché car il n'existe aucun organisme ou laboratoire en Algérie capable de délivrer ce fameux sésame. Malgré toutes ces difficultés, Electromel ne désespère pas de décrocher son premier contrat avec l'APRUE qui lui ouvrira grandes les portes de millions de foyers algériens après avoir éclairé ceux de nos voisins de Tunisie.