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Droit dans ses bottes

par Kharroubi Habib

Pas sûr que les éclaircissements et justifications fournis par le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, concernant les aspects controversés de la procédure d'établissement des documents d'identité biométriques sont de nature à mettre fin au tollé de protestation que celle-ci a provoqué, aussitôt connue.

 Dans son plaidoyer de défense de l'opération initiée par son département ministériel, Noureddine Yazid Zerhouni s'est essentiellement attaché à faire comprendre qu'elle «est dans l'intérêt du citoyen et les mesures qu'elle a nécessitées s'inscrivent dans le cadre de la protection et du respect de la dignité de celui-ci». Affirmation qui ne suffira pas pour autant à désarmer les préventions et le mécontentement qui s'expriment sur le sujet. Car, pour les protestataires, ce n'est pas cette préoccupation dont le ministre fait état qui est en cause, mais les voies et moyens auxquels l'administration a eu recours pour la rendre possible, qui le sont.

 Le simple citoyen continuera par conséquent à «râler et à pester» contre le surcroît de paperasse administrative que la nouvelle procédure lui impose de fournir pour l'établissement de son passeport biométrique. Ce qui, n'en déplaise à Zerhouni, se traduit effectivement pour ce citoyen par un parcours du combattant kafkaïen, vu l'état d'impréparation dans lequel sont les administrations locales face à cette opération.

 Il n'est pas certain non plus que les explications fournies par le ministre de l'Intérieur concernant la sensible question de la «photo biométrique» va calmer l'ire et l'indignation de ceux pour qui la façon dont elle doit être prise, telle que stipulée par les standards internationaux requis par l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), constitue une atteinte aux valeurs sacrées de l'Islam.

 De même que ne se tairont pas ceux qui ont vu derrière la nouvelle procédure engagée par le ministère de l'Intérieur une manière «de fichage» des Algériens qui n'est pas acceptable en terme des libertés individuelles des citoyens.

 Droit dans ses bottes, le ministre de l'Intérieur persiste et signe donc à considérer que la procédure d'établissement des documents d'identité biométriques conçue par ses services est exempte des «péchés» dont on l'accuse, et que ceux qui la contestent sont animés de la crainte qu'elle va permettre de «dévoiler certains de leurs secrets personnels qu'ils ne veulent pas voir être connus».

 Pour l'heure en tout cas, et une semaine après son lancement, l'opération délivrance des passeports biométriques se déroule dans un climat de confusion qui fait ressortir son aspect improvisé et la dichotomie entre la dynamique moderniste que lui attribue le ministre de l'Intérieur et les réflexes archaïques dont font montre les administrations locales en charge de sa réalisation. Peut-être alors faut-il ne pas faire dans la précipitation et continuer à délivrer des passeports normaux et laisser le temps à ces administrations de se mettre à niveau d'ici l'horizon 2015. Le temps par exemple pour certaines d'entre elles d'apprendre ce qu'est un extrait de naissance 12 S et les conditions de sa délivrance.